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Michel Peyramaure

Michel Peyramaure

Michel Peyramaure

Le spécialiste du roman historique; né à Brive et membre fondateur de cette même école de Brive ; auteur prolifique puisque sa production a dépassé les 70 romans. Il a raconté Henri IV, Suzanne Valadon, Napoléon, Jeanne d’Arc, Vidocq, Sarah Bernhardt et quelques autres …

 

[Les Monédières]: Les forêts de hêtres … le cœur se serre en constatant qu’elles sont grignotées peu à peu par l’invasion germanique des conifères qui, s’ils dévitalisent le sol, revitalisent quelques comptes en banque. On peut voir dans ces nouveaux sous-bois une image de cathédrale ou de cimetière selon son humeur. Pour ma part je ne leur trouve de plaisant que ce silence ou cette rumeur marine que suscite le moindre souffle de vent, mais la stérilité du sol m’afflige.

[Vigeois]: Il était une fois un moine qui vivait dans une cellule de la vaste abbaye de Vigeois, au dessus des gorges de la Vézère. Il s’appelait Geoffroy et avait une vocation ; celle de chroniqueur. Il nous a laissé un recueil de chroniques du XIIIe siècle, mais rien de sa vie, de son origine, de son apparence physique : un personnage d’une discrétion absolue. Il nous reste à l’imaginer écrivant à la chandelle après la prière du soir la transcription des récits de pèlerins entendus au cours de la journée au réfectoire. Notamment cet étonnant récit du survol de Londres par un vaisseau aérien habité, peut être par des Martiens, comme ceux qui figurent sur les tombes Mayas et que j’ai vus à Palenque(1) chevaucher d’étranges machines.

Lamazière Basse, au sud-ouest de Neuvic, a, lui, une magnifique carte postale à nous offrir, sous forme d’une chaire d’église. La donatrice est Marie-Angélique de Fontanges, la dernière maîtresse du roi-Soleil à son crépuscule, dont les caresses séniles de la Montespan ne parvenaient pas à réveiller la virilité défaillante. Sa majesté fit un enfant à la belle, qui avait dix-sept ans ; il mourut mystérieusement et elle le suivit de peu, empoisonnée, dit-on, par un Locuste de la Cour. Marie-Angélique a vécu non loin de là, au château de Roussille, qui est encore habité. Au temps (très bref) de sa gloire ensoleillée elle dota l’église de Lamazière d’un mobilier somptueux, notamment d’une chaire, peut être pour racheter les faiblesses de la chair. Marie-Angélique a un autre titre de célébrité : la coiffure dite « à la Fontange » qui faisait fureur à son époque.

Sainte-Fortunade, capitale de la châtaigneraie, allie dans son enclos médiéval, en marge d’un parc très soigné, le féodal au religieux. Le château d’une belle envolée est le siège de la mairie. L’église nous propose l’un des plus purs chefs d’œuvres d’art religieux de la Corrèze : le chef reliquaire de Sainte-Fortunade qu’on a appelé, à cause de son sourire, la Joconde Limousine. Ce visage aux yeux clos sur lequel glisse la lumière des cierges, n’a pas fini de faire rêver.

Extraits de l’ouvrage Balade en Corrèze, Les 3 épis, 1993

(1) Cette comparaison fait référence au dessin figurant sur une tombe maya, où l’on voit un personnage dont la position et l’attitude font penser à celle d’un pilote …