Henri Queuille, ministre de l’Agriculture dans les années 20

Henri Queuille, ministre de l’Agriculture dans les années 20

Les extraits figurant sur cette page et qui évoquent celui qui fut ministre de l’agriculture à plusieurs reprises, proviennent pour la plupart des journaux d’époque (Le Petit Parisien, Excelsior, le Figaro, l’Humanité, Le Journal, Le Matin, l’Intransigeant, Le Gaulois, etc)

Le contenu de cette page n’a pas la prétention d’être un récit historique. Il s’agit plutôt d’illustrer par des extraits significatifs, parfois amusants, ce que fut l’homme politique Henri Queuille et la façon dont il était perçu par ses contemporains et par les médias de l’époque.

La teneur des articles et les commentaires des journalistes sur l’action du Ministre Queuille sont variés. Si certains se cantonnent dans une certaine impartialité et s’en tiennent à ce qui est factuel, d’autres ont une lecture plus critique, plus polémique, plus politique dira-t-on ; les journaux proches des radicaux-socialistes sont plutôt élogieux alors que les journaux communistes ou nationalistes chercheront à dénigrer le ministre et le gouvernement auquel il appartient. Les appréciations varient en fonction des alliances politiques, elles-mêmes fluctuantes; c’est le cas de l’Humanité peu avare de commentaires acerbes dans les années 1920, plus conciliante durant la période du Front Populaire lorsque interviendra la nationalisation des réseaux ferrés, pour laquelle militait le PCF.

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Élu maire en 1912 puis conseiller général en 1913, Henri Queuille devient député en 1914.

Dès son élection, il participera, entre deux séjours début 1916 sur le front à Verdun et sur la Somme, aux travaux de l’Assemblée. Membre de plusieurs commissions, il exerce pleinement son rôle de député en soumettant diverses résolutions ou propositions de loi sur des sujets variés où l’agriculture n’est jamais loin :

La guerre terminée, il continue son activité de parlementaire et soutient une position avant-gardiste sur un sujet majeur qui est celui de l’aménagement des cours d’eau en vue d’en exploiter le potentiel de production électrique. Il se fait connaître par une bonne connaissance du sujet et de ses implications importantes et milite pour l’aménagement de la Haute-Dordogne.

Son intervention en faveur de la création des chambres d’agriculture auxquelles il veut attribuer des compétences dans ce domaine est remarquée et l’expose à un jeu de mots hasardeux d’un de ses collègues …

Considéré dès lors comme un excellent connaisseur du monde agricole, il va accéder à des postes ministériels à partir de 1920, d’abord comme sous-secrétaire d’État à l’Agriculture, puis à partir de 1924, comme ministre. C’est sans doute plus la compétence dont il a fait preuve dans ses interventions à la chambre que son étiquette politique qui à l’origine de cette nomination. Compétence acquise au fil des années passées « sur le terrain » en tant qu’élu local, puisqu’il est à la fois maire d’une commune rurale et membre du Conseil Général de la Corrèze, structure dont il prendra la présidence en 1921.

 

 

  

Il met le pied à l’étrier en 1920 comme sous-secrétaire d’État à l’Agriculture en collaborant avec le ministre en titre, J.H. Ricard, ingénieur agronome de métier. Son champ d’action est bien défini et limité à certains domaines :

– bois et forêts,

– l’enseignement agricole,

– la chasse,

– les haras

En 1924, il devient ministre à part entière.

 

Dans les années 1920, la France n’est plus autosuffisante pour sa production de blé, ce qui entraîne une hausse des prix du pain que le nouveau ministre s’efforce de maîtriser. En essayant de jouer sur l’offre, en faisant en sorte que la production de blé augmente : les principaux leviers d’action à sa disposition résident dans l’amélioration des variétés de semences, l’utilisation d’engrais complets et l’accroissement des surfaces emblavées. Et en agissant également sur la demande, ce qui revient à proposer de réduire la consommation de pain frais … et de brioche…

S’agissant d’agriculture, la météorologie est de la partie et vient parfois mettre à mal les prévisions sur lesquelles s’appuient les décisionnaires. De quoi alimenter ce qui ressemble vu d’aujourd’hui à un feuilleton …

Le prix du pain, le prix des blés : une bataille qui dure jusque dans les années 1930. À cette époque un français consomme plus de 600 g de pain par jour (5 fois plus qu’aujourd’hui) : c’est donc un aliment essentiel et son prix à la hausse ne peut que provoquer une vague de mécontentement. Agir sur les cours du blé, encourager la production nationale, utiliser d’autres céréales panifiables, diminuer la consommation, autant de pistes qui sont explorées… Les décisions sont délicates à prendre surtout lorsqu’il s’agit de contenter les différents acteurs que sont les agriculteurs, les minotiers et bien sûr les boulangers. Les caricaturistes trouveront là un sujet de choix :

Il gagnera de cette période le surnom de «Queuille-la-Disette» ce qui fait écho au surnom dont avait été affublé un de ses prédécesseurs rue de Varenne (c’est l’adresse du ministère de l’Agriculture à Paris), Henry Chéron, surnommé «Chéron-la-vie-chère»

Obliger à la consommation de pain rassis est une option envisagée et finalement retenue (en principe la consommation de pain rassis sera moindre – c’est du moins l’hypothèse sur laquelle tablent les politiques d’alors – et la tension sur les cours du blé retombera). Elle se traduira par l’obligation de fermer les boulangeries une journée par semaine sauf exceptions.

Bien que la crise du pain s’éternise, le Ministre a bien d’autres préoccupations et va s’intéresser à de multiples sujets, tous en rapport avec l’agriculture :

– la mécanisation des métiers agricoles,                                                                

– la modernisation des méthodes de culture,

– la construction de barrages hydro-électriques et l’électrification des campagnes,

– le développement des compétences des services du génie rural,

– la promotion de la médecine vétérinaire,

– la prophylaxie des élevages,

– l’enseignement des métiers de l’agriculture

– l’exode des campagnes avec son corollaire, l’insuffisance de main d’œuvre

– etc

En tout cas, l’agriculture est une préoccupation de chaque instant, qu’il idéalise parfois tout en faisant preuve de son côté pragmatique. Voyez l’extrait qui suit où après une envolée lyrique, il promeut l’utilisation des engrais complets, encore ignorés en France :

La palette de sujets à maîtriser est large. Sans compter qu’il faut aussi posséder quelques notions d’économie, se montrer capable de négocier avec toutes les parties, maintenir ses connaissances à jour dans le domaine agricole. De temps en temps, des sujets qui paraîtraient de prime abord secondaires ou étrangers à sa spécialité requièrent de l’attention : l’utilisation des gazogènes en est un bon exemple. Sans oublier les inaugurations pour lesquelles il faut répondre présent, mais ce n’est sans doute pas le côté le plus désagréable de la fonction !

Il s’intéressera à plusieurs reprises à la production de charbon de bois et à la technologie des véhicules à gazogènes. Et durant son retrait de la vie politique, entre 1940 et 1943, il transformera ce qui n’était peut être qu’un intérêt passager en une réalité concrète, en montant une petite exploitation forestière de production de charbon de bois.

Après avoir fait ses preuves tout au long de la décennie, Henri Queuille va devenir dans les années trente un acteur politique de premier plan, à qui on confiera des missions de plus en plus variées comme le montre la frise ci-dessous :

 

 

 

 

 

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