Catégorie : HISTOIRE

Henri Queuille, cet illustre inconnu

Henri Queuille, cet illustre inconnu

Avant de m’intéresser à Henri Queuille, je ne connaissais de lui que le nom et l’image d’un personnage présenté comme indécis et adepte de combinaisons, image véhiculée par la rumeur parfois simplificatrice…

N’ayons pas peur des mots : Henri Queuille fut le premier politique d’envergure de la Corrèze, un acteur majeur dans ce domaine durant l’entre deux-guerres et pendant la 4ème République.

Henri Queuille eut une carrière extrêmement riche et pourtant on ne peut pas dire que la postérité ait identifié en lui un personnage d’exception, loin de là. Et s’il est encore connu, c’est plus comme le symbole d’un certain immobilisme Note 1 dont certains ont bien voulu l’affubler, plutôt inhérent en réalité au système politique de cette époque où va régner le système des partis et les combinaisons. Un système qui va perdurer et se transformer en instabilité presque continuelle sous la 4ème République.

Henri Queuille fut omniprésent durant toute cette période, qui va de 1920 jusqu‘en 1955 ; ministre à de multiples reprises, presque incontournable, il devient finalement chef du gouvernement sous la 4ème République.

Personnalité compétente, soucieuse de bien comprendre le fond des choses – son côté rationnel sans doute, il est médecin – mais pas seulement. Doué à l’évidence pour la négociation et capable de compromis, et apprécié pour cela par tous ceux qui l’ont côtoyé. Cette capacité à débattre pour rechercher le consensus lui a ouvert nombre de portes et lui a permis de régler de nombreux problèmes. La recherche de compromis a bien sûr chez lui des limites que l’on perçoit assez clairement quand on suit son parcours sous l’étiquette radicale-socialiste, un parti que l’on pourrait situer quelque part au centre de l’échiquier avec un léger tropisme vers la gauche, susceptible de s’allier tant avec son flanc gauche que son flanc droit.

Évidemment, si on est à la recherche de faits ou de détails croustillants, on sera largement déçu par le personnage ; car même s’il a été caricaturé, il n’a, à aucun moment, prêté le flanc à la critique et les Gala ou Voici de son époque n’ont jamais relevé chez lui le moindre pas de travers. La modestie est sa marque de fabrique.

1884   Naissance à Neuvic (19). Son père, François, est pharmacien et adjoint au maire de Neuvic, sa mère, Marie-Blanche de Masson de Saint Félix est originaire de Sornac.

1894   10 ans – Le décès soudain de son père en 1895 bouleverse l’équilibre familial. La famille s’installe à Tulle et les deux frères sont scolarisés au lycée qui deviendra le lycée Edmond Perrier, où il fait ses études secondaires

Élève brillant, Henri Queuille obtient le bac en 1902 et entreprend aussitôt après des études de médecine à Paris.

1904   20 ans – Sa mère décède en 1907 ce qui l’amène à interrompre sa préparation à l’internat de médecine. Il termine son doctorat et s’installe en 1908 à Neuvic comme généraliste. Il va exercer pendant 6 ans et se souvient de cette période particulière :

« C’était dur, croyez-moi d’être médecin de campagne à cette époque. Les chemins étaient épouvantables, il n’y avait pas le téléphone et il fallait se déplacer par n’importe quel temps, soit à pied, soit à bicyclette, soit à cheval ! C’est souvent qu’on venait frapper à ma porte, en pleine nuit, à deux ou trois heures du matin, pour me demander de me rendre d’urgence à Soursac, à Lamazière-Basse ou à Sérandon. Ah ! Il n’y a pas un carrefour, pas un coin de campagne, pas une maison auxquels je ne puisse accrocher un souvenir ! »

Par son dévouement et son humanisme, il va rapidement être connu comme «le bon docteur Queuille», surnom qui lui restera tout au long de sa vie. Les caricaturistes sauront exploiter ce qualificatif.

En 1912, il se lance en politique et se présente aux élections municipales. Il est élu maire de Neuvic pour ce qui sera un long bail, puisqu’il restera pendant 53 ans à ce poste. Son fils Pierre est né l’année précédente, ce qui fait dire à certains qu’il a été « père en 11, maire en 12« . Dans son premier discours de maire, on devine chez lui une personnalité modeste et respectueuse qui sait exprimer sa gratitude à ceux qui ont permis son élection et reconnaître la valeur du travail effectué par ses prédécesseurs, fussent-ils des adversaires sur un plan politique.

L’année suivante il sera élu conseiller général…

1914   30 ans – Il devient député de la Corrèze aux élections législatives du printemps 1914 à la suite d’un concours de circonstances favorables, sous l’étiquette du parti radical socialiste – ce parti connaîtra son apogée dans l’entre deux guerres – sur la circonscription d’Ussel. Note 2

La guerre survient quelques mois plus tard : engagé volontaire, il est en charge d’un hôpital militaire à Baccarat, en Meurthe et Moselle (54). Il commence quelques mois plus tard son activité de parlementaire et est déchargé provisoirement de ses obligations militaires. Mais à la suite de l’offensive allemande du début 1916, il est réaffecté sur le front à Verdun, puis sur la Somme. Il reçoit la croix de guerre en 1916.

Après 1918, il retrouve pleinement sa fonction de parlementaire. Ses judicieuses interventions à la chambre des députés seront remarquées et c’est sans doute ce qui explique son entrée en 1920 comme sous-secrétaire d’État à l’Agriculture dans le gouvernement d’Alexandre Millerand, date qui marque le véritable début de sa carrière politique au plan national.

1924   40 ans – Il conduit en Corrèze la liste du Cartel des gauches qui va obtenir la majorité au parlement et gouverner pendant quelques années avec Édouard Herriot en chef de file.

Reconnu comme spécialiste incontournable du domaine, il va être en charge du ministère de l’Agriculture à partir de 1924 pendant près de 4 ans, poste qu’il retrouvera entre 1932 et 1934.

Il sera un soutien constant du monde agricole et militera pour une généralisation de l’électrification des campagnes ainsi que pour la mécanisation accrue de cette activité. On lui doit aussi la création des chambres d’agriculture, de l’école supérieure du génie rural, de la caisse nationale du Crédit Agricole, des mutuelles et coopératives agricoles, le développement de l’enseignement agricole et de la recherche agronomique ainsi que son action pour le reboisement des forêts, l’utilisation des forces hydrauliques (ce qu’on appelle alors la «houille blanche»), etc. Il devra affronter les problèmes récurrents d’autosuffisance alimentaire en matière de céréales : le pain est un sujet majeur dans ces années-là.

Il sera nommé pour quelques mois à la Santé Publique ainsi qu’au ministère des Postes durant le second semestre 1932.

1934  50 ans – Il continue sa carrière au plus haut niveau et assure de nouveau les fonctions de ministre de la santé publique, puis des Travaux publics pendant une année pour retrouver l’Agriculture de 1938 à 1940

Ses qualités de loyauté, son souci constant de ne heurter personne et sa recherche constante de conciliation pour résoudre les difficultés, préférant le compromis à la querelle expliquent l’estime et la considération dont il jouit.Note 3

Au décès d’Henry de Jouvenel Note 4 en 1935, il prend sa suite en tant que sénateur de la Corrèze. Sent-il arriver la vague du front populaire ? Toujours est-il qu’il ne se représente pas aux législatives de 1936 et c’est le communiste M. Vazeilles qui lui succède à l’Assemblée.

Il retrouvera un poste ministériel à la mi-1937 dans le gouvernement Chautemps qui succède à Léon Blum, dans lequel il sera ministre des travaux publics. C’est à ce titre qu’il conduira durant l’été 1937 les discussions qui aboutiront à la création de la SNCF au 1er septembre 1937. En avril 1938, il est de nouveau nommé à l’Agriculture … Ainsi, entre 1920 et 1940, il aura été vingt-deux fois membre d’un cabinet ministériel, dont seize (!) fois à l’Agriculture.

Durant la période de guerre, il refuse de soutenir Pétain et se retire à Neuvic où il va s’improviser exploitant forestier et créer une entreprise de fabrication de charbon de bois destiné à alimenter les véhicules à gazogène. Un sujet qu’il connaît et auquel il s’est intéressé dans ses fonctions ministériel-les à l’agriculture…

Par l’intermédiaire de son fils Pierre, il tisse des liens avec la résistance et noue des contacts avec Londres. De Gaulle lui fait savoir qu’il souhaiterait l’avoir près de lui et Henri Queuille franchit le pas au printemps 1943 en s’envolant pour Londres. Mesurons le courage qu’il a fallu pour ainsi abandonner sa famille et se lancer dans une aventure incertaine alors qu’il a près de 60 ans ! Note 5

1944   60 ans – Il fait partie de l’état-major qui gravite autour du Gal de Gaulle lequel le nomme à la commission du débarquement en charge des mesures à prendre dès la libération du territoire ; quelques mois plus tard, il devient commissaire auprès du CFLN, le Comité Français de Libération Nationale, structure qui se transformera en 1944 pour devenir le premier Gouvernement Provisoire. Il en assurera la présidence par interim.

En désaccord sur le fond avec de Gaulle, il reprend sa liberté politique à la fin 1944.

Il va être réélu aux élections législatives de 1946 et prend alors la présidence du groupe parlementaire radical-socialiste à l’assemblée. Il devient ministre des Travaux publics, du Transport et du Tourisme dans le gouvernement Schuman en 1948.

À la suite de la chute de ce gouvernement, il est nommé président du Conseil en septembre 1948 : il a 64 ans. Dans son équipe, un nom encore peu connu même s‘il a déjà été ministre : F. Mitterrand, secrétaire d’État à l’information (voir un extrait de son allocution prononcée pour le second anniversaire du décès d’Henri Queuille en fin de page). Son bilan est jugé plutôt positif, marqué par le déblocage des fonds du plan Marshall, avec ses contreparties nécessaires qui étaient le redressement des finances et la maîtrise de l’inflation. Il sut également ramener l’ordre républicain mis à mal par une succession de grèves …

Il sera poussé à la démission en octobre 1949 mais retrouvera par deux fois ce même poste pour de courtes durées. Élément incontournable de cette 4ème République, il occupera le devant de la scène en alternant les fonctions de président (3 fois) et de vice-président du conseil (7 fois) entre 1948 et 1954. Durant cette période, il sera à plusieurs reprises en charge du ministère de l’Intérieur.

1954   70 ans – Tout doucement, il va se retirer de la vie politique. Élu pour la dernière fois député en 1956 pour deux années, il poursuit toutefois son mandat de maire de Neuvic Note 6

1964   80 ans – Il quitte son mandat de maire de Neuvic en 1965. Il décède le 15 juin 1970 à l’âge de 86 ans. Quelques mois avant le Gal de Gaulle …

Note 1 H. Queuille est censé avoir prononcé cette phrase assez étonnante : « il n’est pas de problème qu’une absence de solution ne finisse par venir à bout »

Note 2 Sa profession de foi pour les élections législatives de 1914 :

« Républicain par tradition comme l’étaient les miens, profondément attachés aux conquêtes de la République, j’ai toujours pensé que j’étais tenu de suivre les exemples de droiture politique et de fidélité à mes opinions que j’avais puisés dans ma famille, et que, pour arriver, je ne devais me prêter à aucune compromission. Je suis aussi de ceux, et j’en suis fier, qui n’ont jamais utilisé une parcelle de l’autorité que les électeurs leur avaient donnée, pour assouvir une basse vengeance ou satisfaire un intérêt électoral. Quant à mon idéal de ce que doit être la République, je le résume dans le désir de réaliser tous les espoirs qu’elle fait naître chaque jour, dans ce que ces espoirs ont de plus noble et de plus généreux. »

Note 3 d’après Jean Jolly, Dictionnaire des parlementaires français

Note 4 Henry de Jouvenel, journaliste, ministre, ambassadeur et accessoirement mari de l’écrivain Colette, est sénateur de la Corrèze entre 1921 et 1935.

Note 5 Voilà comment Edgar Faure rapporte avec humour cette épopée, l‘équipée courageuse de ce sexagénaire tranquille que de plus jeunes n’auraient pas osé entreprendre. Il écrit : « Le « père Queuille » ne tarda pas à apparaître. C’était le dernier personnage au monde que j’aurais imaginé en train d’attendre de nuit un bimoteur clandestin sur un coin de prairie balisé par des paires de draps ! »

Note 6 Déclaration recueillie à l’occasion de ses 80 ans : « Le mandat que je préfère est celui de maire de Neuvic, ma commune natale. Il m’a été confié il y a cinquante deux ans. Un maire peut transformer sa commune et voir les preuves de son activité. Il n’en est pas ainsi pour les mandats parlementaires, ministériels et pour le président du Conseil qui n’a pas souvent la satisfaction de réaliser, lui-même, une œuvre durable. »

Extraits de l’Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, à la mairie de Neuvic, mardi 4 mai 1982

Monsieur le Maire, Mesdames et messieurs,

Voici que je retrouve à Neuvic d’Ussel des lieux que j’ai connus grâce à Henri Queuille, dans les années qui paraîtront aux plus jeunes déjà lointaines. L’un des responsables de la République, Président du Conseil, homme sage, écouté, plein de sensibilité et de finesse, Henri Queuille représentait déjà l’un de ceux vers lequel on se tournait lorsqu’on avait besoin d’un conseil et sur les intérêts de la patrie, et sur la gestion quotidienne des choses, des biens des collectivités locales.

En visitant ce musée, j’évoquais bien entendu des souvenirs personnels. Comment leur échapper ? Et je me souvenais de cette dernière visite faite ici même, dans cette maison où j’avais vu le président Queuille, vieilli mais encore présent. Il m’avait alors, je le crois, témoigné pour la dernière fois de son affection, mais aussi donné les conseils que j’attendais à partir de ses réalisations corréziennes et dont j’avais tant besoin dans l’exercice de mon propre mandat. Je me souviens d’y avoir vu madame Queuille dont la physionomie doit rester présente à nos mémoires et associée à celle de son mari.

Henri Queuille, homme politique, déjà éminent, qui s’était engagé pendant la première guerre mondiale, n’a pas hésité sur le chemin à suivre, lors de la deuxième guerre mondiale alors qu’il aurait pu être sollicité par la facilité et la compromission : il a rejoint Londres, la France libre, le Général de Gaulle.

Eh bien, Henri Queuille a toujours été là lorsqu’il le fallait, comme il le fallait. On le représentait souvent de façon caricaturale comme un homme un peu effacé avec son gentil sourire, avec ses traits parfaitement réguliers, difficiles précisément à saisir dans des expressions soit de grande éloquence, soit romanesques. Et pourtant pour ceux qui le connaissaient bien, il y avait bien des itinéraires qui permettaient de reconnaître en lui une qualité supérieure, une dimension intérieure dont il imprima, en diverses circonstances, les événements de notre histoire qu’il a vécus.

J’ai été retardé par le temps mais c’est un heureux temps puisqu’il va permettre à l’agriculture de cette région de sortir enfin de cette longue sécheresse. Il faut donc le considérer comme un signe de bienvenue, de chance et d’espoir.

Vive la République, vive la France !

 

SUITES (À VENIR PROCHAINEMENT) :

 chap 2 – H. Queuille, le ministre de l’Agriculture des années 20 

chap 3 – Henri Queuille, ministre polyvalent des années 30

chap 4 – H. Queuille, Président du Conseil

 chap 5 – H. Queuille le corrézien

Sources 

– musée départemental de la résistance ”Henri Queuille”, 21 rue du commerce, 19160 Neuvic

https://www.correze.fr/nos-missions/culture-patrimoine-sports/les-projets-et-lieux-culturels/le-musee-departemental-de-la-resistance-henri-queuille

https://www.neuvic-correze.net/article_31_1_musee-departemental-de-la-resistance-henri-queuille-_fr.html

– sites Internet de l’Assemblée Nationale et du Sénat

– site du quotidien La Montagne

Papes de Corrèze

Papes de Corrèze

Au tout début du 14ème siècle, les conflits entre la papauté et le roi de France vont avoir pour effet collatéral le transfert du siège de la papauté de Rome à Avignon pour plusieurs décennies.À l’époque la ville ne fait pas partie du royaume de France même si elle en est toute proche, puisqu’il suffit de traverser le Rhône en prenant le pont St Bénezet pour s’y rendre

Avignon conserve des traces visibles de ce morceau d’histoire : le palais des Papes, considéré comme le plus important ensemble gothique au monde, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco.

Entre 1305 et 1378, ce sont sept papes, tous français, qui vont se succéder dans ce nouveau siège de la papauté. Sur ces sept papes, il y eut trois Limousins, trois Corréziens : Clément VI (1342-1352), Innocent VI (1352-1362) et enfin Grégoire XI (1370-1378). Soyons objectifs : ce ne sont pas leurs origines géographiques, fussent-elles corréziennes, qui les mènent au sommet, mais bien plus leur intelligence, leurs compétences, leur aptitudes diplomatiques et leurs relations royales.

Il avait fallu 27 mois entre 1292 et 1294 pour élire un successeur à Nicolas IV. Ce successeur fut jugé rapidement inapte pour tenir le rôle de pape et abdiqua plus ou moins de plein gré au profit du cardinal Benedetto Caetani, un juriste à la personnalité affirmée qui prit le nom de Boniface VIII. Celui-ci se heurta très vite à l’opposition d’une famille influente, les Colonna et la querelle s’envenima jusqu’à un point tel que Boniface VIII se décida à les excommunier et à leur confisquer leurs biens. Les Colonna se réfugièrent alors en France. Et cette querelle coïncidera avec une crise qui va opposer la papauté au royaume de France; le pape conteste d’abord le droit à Philippe le Bel de lever des impôts sur le clergé puis incite les prélats français à réfléchir à des réformes à apporter au royaume de France, ce qui revient à affirmer la prééminence du spirituel sur le temporel. Boniface VIII va jusqu’à confirmer dans la bulle Unam sanctam cette suprématie du spirituel et cette prétention va être à l’origine dun conflit ouvert avec le roi de France, Philippe le Bel et ses conseillers, dont le plus influent dans cette affaire est Guillaume de Nogaret. Lequel ira jusqu’à proposer sa mise en accusation devant un concile

À la suite de ce bras de fer, Boniface VIII doit encore faire face aux Colonna qui veulent retrouver leurs privilèges et décède finalement dans des conditions quelque peu obscures en 1304; cet épisode est connu sous le nom « affaire d’Agnani« …

En 1305 l’élection (laborieuse) d’un nouveau pape amène au pouvoir un prélat qui n’est lié ni aux Caetani ni aux Colonna ou Orsini, l’archevêque de Bordeaux, Bertrand de Got, une personnalité plutôt neutre, réputée excellent administrateur. Et Philippe le Bel milite pour la candidature de cet homme qui s’est toujours montré adroit diplomate, même s’il est plus gascon que français (sa langue usuelle est la langue d’oc et non la langue d’oïl) et en même temps, sujet des Plantagenêts, lesquels ont eu recours à ses services dans des affaires concernant la Guyenne.

Les intrigues et les conflits italiens le découragent de se faire couronner à Rome et c’est à Lyon qu’il sera intronisé sous le nom de Clément V. Et en prévision d’un concile qui doit se tenir à Vienne où parmi les sujets à débattre, figure le devenir de l’Ordre des Templiers que Philippe le Bel veut abattre, il installera provisoirement sa résidence par souci d’indépendance vis à vis du roi de France, non loin de là, à Avignon, dans ce comtat Venaissin qui appartient en partie au Saint Siège depuis 1274; mais à deux pas du royaume de France, puisque il suffit de traverser le Rhône pour s’y rendre…Ses successeurs ne renièrent pas le choix de cette implantation dont la situation géographique présentait l’avantage par rapport à Rome d’être située sensiblement au cœur de la chrétienté occidentale. Jean XXII puis Benoît XII décidèrent de s’installer plus durablement à Avignon et ce choix se concrétisera par la construction d’un palais pontifical à la fois résidence de prestige et forteresse susceptible de protéger la papauté de l’hostilité de quelques princes … 

Puis arrivera sur le trône Pierre Roger , originaire de Rosiers d’Égletons, mais en réalité plus Parisien que Limousin; il se fait connaître par ses grandes connaissances en théologie, son intelligence et son éloquence. Gravissant rapidement tous les échelons de la hiérarchie de l’Église : abbé de Fécamp, évêque d’Arras, archevêque de Sens puis archevêque de Rouen – impliqué dans les négociations entre les rois de France et d’Angleterre, il est nommé chancelier de France* en 1330 (il a 39 ans) et devient un des hommes de confiance de Philippe VI de Valois. En 1338 il est nommé Cardinal. Et c’est à l’unanimité qu’il est élu pape en 1342 sous le nom de Clément VI.

C’est un esprit curieux et raffiné, amateur de poésie et aux goûts de luxe (pour son couronnement, on fera abattre 118 bœufs, 1023 moutons et 101 veaux); il sera surnommé pour cela « le Magnifique«  et fera agrandir et décorer ce palais des Papes pour en faire un endroit digne de la fonction, en faisant construire les deux ailes encadrant la Cour d’Honneur formant ainsi le Palais-Neuf.

Sur le site palais-des-papes.com, on décrit ainsi l’importance de sa contribution à l’édification du palais pontifical : « Avec Clément VI, l’élégance gothique entre au palais. Les croisée d’ogives foisonnent ; sculptures, culots de nervure, moulures, viennent orner la pierre. Il attire à sa cour les plus grands intellectuels et artistes de l’époque comme le peintre Mattéo Giovannetti et fait d’Avignon un creuset culturel et un foyer d’échanges européens. Il magnifie son palais par l’attention et l’ampleur qu’il accorde aux décors (fresques, vitrail, orfèvrerie, mobilier, tentures…)« 

Il mènera une politique de prestige, considérant que le pouvoir ne peut aller sans fastes.

C’est aussi un diplomate, qui, par son action permettra le rattachement du Dauphiné à la France en proposant que le fils aîné du Roi prenne le titre de Dauphin.

Il achète la forteresse de Visan et la seigneurie d’Avignon en 1348 à la comtesse de Provence et ainsi la papauté sera désormais chez elle, dans son fief du comtat Venaissin, un ensemble de terres compris entre le Rhône et la Durance correspondant sensiblement à l’actuel département du Vaucluse mais qui s’étend même jusqu’à la Drôme, avec l’enclave de Valréas.

Et au passage, il n’oublie pas de distribuer des faveurs et des avantages à des membres de sa famille : il aide son père à faire l’acquisition de la seigneurie de Rosiers d’Égletons au vicomte de Ventadour, son frère reçoit le fief de Beaufort, un de ses neveux – le futur Grégoire XI – est nommé cardinal à un âge inhabituel (18 ans !); il arrangera le mariage d’un autre de ses neveux, Guillaume Roger de Beaufort avec Aliénor de Turenne et lui achètera au passage le vicomté de Turenne ..

L‘époque est marquée par l’épidémie de la peste noire qui tua, selon les dires, 60000 personnes en 1348 rien qu’à Avignon; les responsables de cette hécatombe sont vite trouvés : ce sont les juifs qui seront alors victimes de la vindicte populaire et des pogroms. Clément VI prendra vigoureusement leur défense.

Et c’est aussi le début de la guerre de Cent ans (1337-1453)

Innocent VI : de son nom Étienne Aubert, né à Beyssac. Ce sera un peu un pape par défaut qu’éliront les cardinaux qui entendent peser sur les décisions et ne plus devoir subir un gouvernement monarchique comme celui de Clément VI. Et pour assurer ce pouvoir collectif, ils choisissent un homme réputé modeste. Étienne Aubert est un juriste qui a côtoyé Philippe VI de Valois. La guerre entre la France et l’Angleterre va mobiliser toute son énergie et les projets de croisade resteront à l’état de projet. Et puis le retour de la peste en 1361 va contrarier ses ambitions. Son esprit d’économie le pousse à modérer le train de vie pontifical, un peu forcé toutefois par les largesses financières de son prédécesseur, Clément VI.

Pierre Roger de Beaufort sera le 3ème pape limousin sous le nom de Grégoire XI. Neveu de Clément VI qui l’a nommé cardinal à .. 18 ans (**), il va passer 22 années de sa vie au service de la curie avant d’être désigné comme successeur de Urbain V. Il est décrit comme un homme humble, intelligent , subtil, savant (en droit civil). Il ajoute à sa connaissance des affaires une solide expérience de l’Italie. Ses contemporains vanteront volontiers son humanisme et son goût pour les lettres classiques ainsi que sa piété. Élu en 1370, il s’emploiera à ramener la paix entre la France et l’Angleterre, cherchera à réduire l’influence des Milanais, en particulier celle des Visconti et organisera le retour de la papauté à Rome en 1377 que n’avait pu mener à bien Urbain V.

Les 7 papes – de Clément V à Grégoire XI – ont nommé 134 cardinaux dont 95 français originaires du midi (Gascogne, Quercy, Limousin)

 

* l’équivalent de Garde des Sceaux

** on parle alors de népotisme : faveur ou avantage accordé aux neveux

 

sources :

Les papes d’Avignon, Jean Favier, Artheme Fayard 2006

Gloire de la Corrèze, Andoche Praudel, Éditions Manucius, 2016



Le Dr François Longy

Le Dr François Longy

Le docteur François Longy (1828-1899) a exercé son métier de médecin sur le canton d’Eygurande exclusivement. Il fut en outre maire de la commune et conseiller général du même canton de 1867 jusqu’à sa mort.

Il connaissait donc parfaitement ce territoire et ses habitants, avait sans doute recueilli quelques confidences lors de ses visites. Et il était donc parfaitement fondé à en faire la description.

Il a rédigé une monographie, parue en 1891, dans laquelle il décrit en détail le canton, sa géographie, son histoire et ses habitants. Et il consacre un chapitre à chacune des 10 communes qui le composaient alors (depuis 2015, il a été intégré dans le canton d’Ussel et n’a plus d’existence administrative )

Cet ouvrage constitue un témoignage historique précieux et précis sur la vie dans les campagnes Haute-Corréziennes, à la fin du XIXème siècle. On prétend que son recensement de la faune piscicole sert encore de référence pour évaluer la perte de diversité et l’appauvrissement de la richesse biologique de nos rivières.

Le docteur Longy n’est pas un écrivain à proprement parler, plutôt un érudit. Il a écrit d’autres ouvrages à caractère historique : « Port Dieu et son prieuré » (1889), « Généalogie de la famille de Bort » (1895)

 

[ Sur la géologie et ses limites de l’époque ]

Époque secondaire.

Cette époque a une durée de 2 millions 300 mille ans environ, pendant laquelle la croûte terrestre augmente de cinq kilomètres d’épaisseur. [ on sait aujourd’hui que le mésozoïque a duré 180 millions d’années ]

Le jour et la nuit n’existent pas encore; une température uniforme de 26 à 30 degrés se maintient pendant toute l’année dans notre pays, où les arbres à feuilles persistantes et les animaux géants deviennent nombreux.

[ À cette époque, pour évaluer l’âge de la terre et du système solaire, les astronomes et géologues essaient de calculer le temps nécessaire pour que la Terre passe graduellement de l’état gazeux initial à l’état solide, la température diminuant régulièrement jusqu’aux valeurs qu’on connaît actuellement. Ce faisant, ils ignorent alors la chaleur résultant de la fission des atomes, phénomène encore inconnu à l’époque et commettent donc une erreur importante… ]

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[ Description de la campagne Corrézienne ]

Ces villages, presque toujours bâtis à mi-côte des mamelons, abrités contre les vents du nord, offrent un aspect rustique et gracieux avec leurs maisons couvertes en chaume et les grands

arbres qui les entourent. Les habitations, surtout celles nouvellement construites, sont assez confortables et sans les fumiers et les terreaux qui encombrent les chemins et s’étendent jusqu’aux portes, elles seraient dans d’assez bonnes conditions de propreté et de salubrité.

Les prés, les champs et les pacages, généralement situés autour des bâtiments d’exploitation, sont clos par des haies d’aubépines, de houx, de coudriers, de hêtres, de chênes, de bouleaux et de frênes. Puis viennent les bruyères qui recouvrent les sommets, et de petits bouquets de bois plantés çà et là.

Quelques arbres fruitiers bordent les chemins du village ou forment de petits vergers.

Des ruisseaux à l’eau limpide parcourent les vallées et arrosent les prairies.

Aux mois de mai et de juin, arbres et plantes ont une couleur vert-tendre qui réjouit la vue et qu’on ne rencontre que dans les pays montagneux.

Le silence de cette belle nature n’est interrompu que par le murmure des ruisseaux, le bruissement des feuilles, le bourdonnement des insectes, le cri des animaux, le chant des oiseaux et des laboureurs. Pendant les beaux jours, une course à travers les petits sentiers des bruyères ou à l’ombre des grands arbres, offre un charme tout particulier et difficile à décrire.

Tantôt on parcourt une petite vallée ombreuse et fraîche, tantôt du haut d’un monticule on découvre un immense horizon; un ciel pur déploie son dôme azuré ; les oiseaux voltigent de branche en branche, les abeilles butinent les fleurs; un chant lointain vient parfois frapper l’oreille;

on respire un air tiède et pur ; on est heureux de vivre, et on reste plongé dans une douce rêverie.

Sur les plateaux, le panorama est admirable ; la vue s’étend jusqu’aux montagnes d’Auvergne ; elle embrasse à de grandes distances le Puy-de-Dôme, le Cantal, la Corrèze et la Creuse.

Les plus beaux points de vue sont au château et au plateau d’Aix, à Lavervialle et au Puy-Saley, près de Lamazière-Haute, au plateau de Bongue, et sur les hauteurs de la Bourgeade et de la Veyssie.

Le climat du canton d’Eygurande est très sain, mais assez froid. Son altitude et sa proximité des montagnes d’Auvergne, dont les sommets sont recouverts de neige pendant six mois au moins, en sont la cause principale. La température est variable, ses changements sont brusques même en été; la moindre ondée ou le vent du Nord font baisser le thermomètre. Aux mois de juillet et d’août, les journées sont souvent très chaudes, quoique tempérées ordinairement par une brise légère, mais la température s’abaisse le soir et les nuits sont relativement fraîches.

[ Avis aux promoteurs d’éoliennes ]

Les vents sont très variables ; ils changent souvent de direction du matin au soir ; aussi il est impossible d’établir des moulins à vent dans notre pays.

[ Le climat ]

Souvent, vers la fin d’octobre, une légère couche de neige vient blanchir la terre pendant un jour ou deux et annoncer l’hiver ; souvent aussi elle reparaît pour quelques heures au mois de mai et même de juin pour nous rappeler les neiges d’antan ; mais les mois réellement neigeux sont ceux de décembre, janvier et février. La couche neigeuse atteint parfois une épaisseur moyenne de 50 à 80 centimètres. (En 1829-30 et en 1870-71, elle a dépassé 1 mètre de hauteur). Elle persiste alors sans interruption pendant deux ou trois mois. Chassée des sommets par les vents du nord et du nord-est, la neige s’amoncelle dans les vallées et les chemins en contre-bas. La circulation des voitures devient impossible, et c’est alors que les habitants de Laqueuille et de ses environs se rendent en traîneau aux foires de Bourg-Lastic et d’Eygurande.

Pendant ces longs hivers surviennent parfois des tourmentes de neige appelées écirs ou échires, du celtique échira, neige, tourmente. C’est un des phénomènes les plus redoutables des pays élevés ; c’est le simoun du désert. Pour l’œil exercé, l’ouragan a des signes précurseurs : l’horizon est gris et sombre, les hauteurs se couvrent d’un voile, des nuages immobiles obscurcissent le ciel, le froid est vif et piquant, la nature prend un aspect morne et triste, c’est le repos absolu avant une lutte violente. Tout à coup un vent furieux se déchaîne ; il soulève des tourbillons de neige et produit des bruits étranges qui sont presque des lamentations. La bourrasque vous enveloppe alors ; une neige fine et ténue vous fouette le visage et produit l’effet de piqûres d’épingles ; elle vous aveugle et pénètre même à travers vos vêtements. Au milieu de la lande que recouvre un immense linceul de neige, vous avez beau vous retourner, vous êtes toujours battu par la tempête. Complètement égaré, vous allez devant vous, au hasard, puis, poussé par un tourbillon, vous décrivez un demi-cercle et vous revenez sur vos pas. Peu à peu la fatigue s’empare de vous, vous vous asseyez pour respirer et pour vous reposer; vous vous endormez et la mort vient vous surprendre pendant ce sommeil léthargique.

[ Les voies de communication ]

Jusqu’en 1822, la voie romaine [passe à Aix notamment – lien] fut le seul chemin à peu près viable du canton ( ! )

[ Les habitants et leurs coutumes ]

Les habitants du canton sont généralement robustes et bien constitués ; au point de vue du recrutement [ le conseil de révision ?], ils occupent le premier rang dans la Corrèze.

il existe deux types principaux qui se rattachent aux races primitives.

Certains individus, sous-brachycéphales orthognathes, à la taille moyenne ou petite, aux cheveux lisses et plats, noirs ou châtain foncé aux yeux bruns ou bleu foncé, au front peu élevé, à la peau mate et velue, au cou assez court, aux épaules larges, à la poitrine bien développée, aux membres fortement musclés, représentent la race celtique.

D’autres, sous-dolichocéphales orthognathes, à la taille élevée au front large et découvert, aux cheveux blonds ou châtain clair, aux yeux bleus ou gris, à la peau blanche, au teint coloré, aux membres moins charnus, se rattachent aux races germaniques.

L’occupation romaine paraît avoir apporté des mœurs et des institutions plutôt qu’un élément ethnique ; les légions étaient du reste composées de peuples divers ; néanmoins, quelques rares familles rappellent encore les types grec et romain.

On rencontre aussi quelques personnes aux pommettes saillantes,au visage anguleux, au front bas, au nez épaté, aux narines ouvertes, aux yeux un peu obliques, aux cils courts, a la bouche grande avec de grosses lèvres,aux incisives larges et proclives, aux mains et aux pieds petits, aux cheveux rudes et plats, aux membres gros, charnus et bien dessinés. Ils descendent de la race mongole, et leurs ancêtres, sous le nom de Huns, ont ravagé le pays au Ve siècle.

Il existe encore de nos jours de très rares individus aux cheveux et aux yeux noirs, à la peau brune ou basanée, à la taille élevée, à la constitution plutôt maigre que grasse, aux muscles d ‘acier, qui rappellent le type arabe et l’invasion du VIIIe siècle.

[ brachycéphale : qui a le crâne plus large que long ; contraire : dolichocéphale ]

[ La langue locale : le patois ]

Le langage usuel est le patois, cette vieille langue limousine qui brilla d’un si vif éclat au moyen âge.

Autrefois ce dialecte était usité dans les couvents de femmes, tandis que le latin était employé dans les couvents d’hommes. Il y a quelques années, les curés faisaient encore dans nos campagnes leurs sermons et le catéchisme en patois.

Depuis le XVe siècle, la langue française prend de jour en jour une prépondérance de plus en plus grande; et par suite de l’émigration et de l’instruction primaire, dans quelques années, notre vieux patois ira dormir du côté du grec et du latin.

[ Les mœurs ]

La femme est l’égale du mari

Dans un mariage, après les qualités morales et intellectuelles, on doit surtout recherche la santé et une bonne constitution

Les garçons se marient ordinairement entre vingt-cinq et trente ans, les filles entre dix-huit et vingt deux ans. C’est l’âge le plus convenable à tous les points de vue.Une sympathie mutuelle, les convenances de famille et les intérêts matériels contribuent chacun pour leur part à ces unions, qui sont généralement heureuses ; car futurs et familles se connaissent parfaitement ; aussi la séparation de corps et le divorce sont-ils inconnus parmi nos populations rurales

[ Un nom inattendu ]

Autrefois .. une chemise de toile écrue .. un large tricot pour le travail et une limousine, manteau rayé à longs poils, pour les jours de froid ou de pluie, constituaient le costume des hommes. J’ai vu, il y a à peine trente ans [ vers 1860 donc ], de beaux vieillards qui avaient conservé ce costume et portaient des cheveux longs attachés derrière la tête au moyen d’une natte.

 

sources : Bulletin de la Société des Lettres, Sciences et Arts de la Corrèze, années 1891 à 1893, BNF

 

Ils ont passé en Corrèze

Ils ont passé en Corrèze

Célébrités ayant séjourné en Corrèze

Colette : après sa rencontre avec Henri de Jouvenel, elle passe de longs moments en Corrèze, à Castel Novel, le château des Jouvenel. En 1913, à 40 ans, elle donne naissance à sa fille, prénommée Colette et surnommée « Bel Gazou »; laquelle restera durant les années de guerre à Varetz sous la surveillance d’une nurse, sa mère ayant regagné la capitale. Elle reviendra en Corrèze, à Curemonte cette fois, au moment de la débâcle, à l’été 1940, durant lequel elle séjournera chez sa fille, dans un des deux châteaux appartenant aussi aux Jouvenel.

Malraux : en décembre 1942, il s’installe avec son épouse du moment, Josette Clotis, à St Chamant. Après l’arrestation de deux de ses frères, il entre dans le maquis en 1944 sous le pseudonyme de « Colonel Berger ». Son épouse mourra tragiquement dans un accident, happée par un train en gare de St Chamant…

Henri Troyat : il fit de nombreux séjours à Bugeat d’où était originaire son épouse. Le village et ses habitants auraient fortement inspiré sa série « Les semailles et les moissons », parue en 1953

Hillary Clinton : en 1998, Mme Clinton se rend sur les terres de Bernadette Chirac où elle va découvrir le fonctionnement de la démocratie locale en visitant le conseil général puis le canton de Corrèze. Une belle opération de com de la part de Bernadette Chirac

Toponymie

Toponymie

La toponymie (du grec topos, lieu, et onoma, nom) est la science des noms de lieux géographiques

Elle est le reflet des langues régionales qui se sont succédées ou ont coexisté (gaulois ou celte, latin, patois ou langue d’oc ou occitan), et à partir desquelles ont été nommés les lieux-dits, hameaux et villages

La majorité des noms de famille (patronymes) sont issus de noms de lieux (toponymes)

Dit autrement, toutes les dénominations de lieux, la plupart des noms, ont une signification, le plus souvent peu compréhensible si on ne remonte pas aux sources étymologiques …

Vous pourrez donc trouver, au fil de vos pérégrinations, des panneaux indicateurs sur lesquels vous pourrez lire des noms tels que ceux-là :

Besse, Bessade : Betua, betuo, lat betula, le bouleau; lieux-dits à Thalamy, St Jal, St Pardoux le Neuf, Aix

Bonnefond : de Fons : fontaine, donc bonne fontaine. Lieux-dits à Aix, Liginiac, Naves, Sarran, etc

Besson, de l’occitan bĕssou : jumeau (le Mont Bessou a un jumeau, le puy Pendu)

Borie : de l’occitan bòria, ferme isolée ou domaine agricole ou métairie. Lieux-dits à Seilhac, Vigeois, Espartignac, Serandon, Egletons, St Augustin

Bouige ou Bouyge : gaulois : Boiga ou bouyge : terre en jachère, friche; Lieux dit : La Bouige ou La Bouyge (Sornac, Latronche, Nespouls, Naves)

Breuil : Brogilo ou broilum, brogilum, occitan : bròlh : taillis ou petit bois clos (entouré de haies ou non); lieux-dits à Seilhac, Le Lonzac, Vigeois, Meymac, etc

Bruge, Brigouleix, Brugère : Bruco, brujo (patois), la bruyère,

Bussière : lieu planté de buis

Chassang, Chassagne, Chassagnite : le chêne, du gaulois Cassano, lat Cassanum; lieux-dits à St Exupéry, Lagraulière, St Rémy, Chaveroche, Soursac, Chamboulive, Vitrac, Brive

Coudert ou Couderc : de Cotericum, latin Codercum : petit pré, enclos proche de la maison, réservé aux porcs et volailles ou encore paturage communal. Lieux-dits à Chamboulive, Espagnac, Treignac

Fage, Faye, Fayolle, Faux : latin Fagus : le hêtre et fagetum, la hetraie, etc; lieux-dits à Liginiac, Merlines, Clergoux, St Exupéry, St Mexant, etc

Fraysse ou Fraisse : du latin Fraxinus, le frêne; lieux dits à Margerides, Argentat, Lamazière Haute, Margerides, Perpezac le Blanc

Gane ou La Ganne : Gāne ou Ganne, mot du patois, d’origine germanique (équivalent du latin vadum, gué); désigne un gué ou un (petit) ruisseau; Lieux dits à St Exupéry, Alleyrat, Ambrugeat, Egletons, Peyrelevade, etc

Jarrige : autre nom du chêne (à rapprocher de garrigue?); lieux-dits à Aix, Alleyrat, Masseret, Soudeilles, etc

Puy, Puech, Pouget, Poujade, Poux, Peuch (latin : podium) : monticule, hauteur; Suc (préceltique) : hauteur. Suc au may, Puy La Graule, Le puy du Suc (doublon) à St Rémy

Vergne, Vergnols mais aussi Les Vergnes ou Lavergne : du gaulois Vern, l’aulne; lieux-dits à Aix, Eygurande, St Clément, Cornil, Darnets, St Germain les Vergnes, etc

Vayssade, Vaissière, Lavessière .. de Vaissa (occitan) : le noisetier

Mon lieu-dit préféré, apparemment unique : abieuradou ou abiouradou (a bieure veut dire à boire en patois) : abreuvoir, lieu dit sur la commune de Courteix