Catégorie : PATRIMOINE

Les autres sites gallo-romains

Les autres sites gallo-romains

  3 – le site de Margerides

Découvert en 1965. Le site n’est certes pas le plus spectaculaire mais a livré quelques vestiges intéressants conservés au musée Marius Vazeilles à Meymac : des monnaies et plusieurs statuettes façonnées dans de la roche volcanique d’Auvergne; l’une d’entre elles, de plus de 40 cm de hauteur, représente l’épouse de l’empereur Marc-Aurèle, Faustine La Jeune. Pour la petite histoire, Faustine eut 14 enfants et avait coutume d’accompagner son mari lors des expéditions militaires, où elle gagna le surnom de « mère des camps » …

Sur les lieux ont été identifiés trois temples (fanum, au pluriel, fana) de forme carré. Le plus grand des trois a un côté long de près de 13 m, la partie centrale ou cella faisant elle, 7 m sur 7 (la cella est le lieu où est exposé la divinité et où seuls les prêtres avaient accès)

Le site aurait été occupé depuis l’époque gauloise jusqu’au début du 5ème siècle.

 4 – le site des Mazières (Gourdon-Murat)

Sur la commune de Gourdon-Murat, un peu au sud-est du hameau de Murat, on peut découvrir le site des Mazières qui est accessible par un chemin de randonnée dont le départ est marqué par un panneau d’information.

Ce site (re)découvert en 1935 comporte les vestiges d’une très grande villa dont l’emprise au sol délimite un rectangle de 60 x 65 m enserrant une cour intérieure, d’un four à tuiles en partie enfoui et un monument funéraire de près de 10 mètres de diamètre, remarquable par sa forme, sa constitution et aussi sa conservation.

Les fouilles réalisées dans les années 60 ont permis de retrouver des statuettes (une Vénus sortant du bain) et des fragments de céramiques qui datent semble-t-il du 2ème siècle.

 5 – le site des Jaillants (Pradines)

À quelques kilomètres du site précédent, sur la commune voisine de Pradines, on peut découvrir le site gallo-romain des Jaillants, fouillé en 1966 et 1967.

Les fondations d’un fanum (temple gallo-romain) rectangulaire composée d’une gallerie périphérique de 14 x 12 m entourant une partie centrale, elle aussi rectangulaire et dénommée cella, de 8 x 6 m. Un second fanum, de forme carré, a été découvert à quelques dizaine de mètres du premier.

Les quelques fragments de poterie retrouvés sur le site permettent de proposer une datation entre le Ier et IIème siècle.

 6 – l’aigle romaine d’Ussel

C’est un monument emblématique de la ville d’Ussel. En granite gris, haut de 1,67 m (ou 1,93 m selon certaines sources, ce qui doit inclure le socle), cet aigle a été découvert dans le lit de La Sarsonne, au moulin du Peuch, près de l’emplacement de l’oppidum du Peyrot, au XVIIIè siècle. Sa découverte est attestée dans un document officiel, établi à Ussel en 1769.

La tête manquante a été reconstituée en 1804 pour l’occasion du couronnement de Napoléon Ier.

Le sommet de l’aile droite qui était mutilé a également été refait.

Ce monument daté du II-IIIe siècle est maintenant implanté sur la place du collège Voltaire, en bordure de la route de Tulle. On ne peut le manquer lorsque l’on vient de cette direction.

Certains avancent que cette sculpture aurait orné le monument funéraire d’un notable romain (un militaire?); ou bien était-ce une sorte d’enseigne qui marquait l’entrée de l’oppidum3 du Peyrot ?

3 oppidum : on peut traduire ce terme par enceinte fortifiée

 7 – les autres sites

D’autres sites de moindre importance ont été localisés sur le territoire Corrézien et ont fait l’objet de fouilles ; c’est la cas à Bugeat (lieu-dit le Champ du Palais), à St Eloy les Tuileries, au lieu-dit Le Boin, à Saint-Fréjoux, lieu dit La Grange, St Rémy lieu dit Les Fonts, etc

À St Eloy les Tuileries, pas très loin de la grange ovalaire, elle-même classée comme monument historique, on peut découvrir les restes d’une imposante villa, découverts en 1970.

L’ensemble principal est constituée de plusieurs bâtiments délimitant un périmètre de 80 x 75 m; un bâtiment à usage thermal est situé à proximité.

Le site est classé aux Monuments Historiques, mais par manque d’entretien, il est devenu presque inaccessible car envahi par la végétation.

Quelques céramiques, pots, marmites, jattes, ont été trouvées sur place.

Ouvrages ou sites consultés :

– Site généraliste de M. Guy Lintz : http://nalfin.fr/publications/bibliographie.php

– Tintignac une page dédiée au site : https://tintignac.wixsite.com/tintignac-naves

– Une reconstitution :

https://www.lamontagne.fr/naves-19460/loisirs/ce-que-revelent-les-tresors-et-le-site-gallo-romain-de-tintignac-a-naves-correze_13645083/

https://www.lamontagne.fr/margerides/2013/12/20/voyage-dans-les-sanctuaires-et-mausolees_1810967.html

– La page dédiée au site des Mazières de M. Guy Lintz archéologue : http://nalfin.fr/mazieres/index.php

Sites gallo-romains

Sites gallo-romains

La Corrèze est riche de sites gallo-romains, certains n’étant connus que depuis peu puisque hormis les « arènes » de Tintignac dont parlait déjà Prosper Mérimée en 1838 (inspecteur général des Monuments Historiques), les autres sites souvent cités sur les brochures touristiques n’ont été découverts et mis en valeur que dans la seconde moitié du XXème siècle

Voilà ce que recense Victor Forot en 1913 dans son ouvrage catalogue raisonné des richesses monumentales et artistiques du département de la Corrèze  :

– les « arènes » de Tintignac

– des traces de voie romaine à Aix et à Mercoeur au lieu dit Massalve, à Jugeals (Nazareth)

– une villa romaine à Argentat, village de Longour

– des vestiges de constructions antiques à Bugeat, au lieu dit Champ du Palais,

– un cimetière gallo-romain à Malemort, des fragments de poteries ou de tuiles, des urnes funéraires, des amphores à Meilhards au lieu dit le camp de César, à Davignac, à Mestes, Pandrignes, à Salon-la-Tour, Seilhac, Saint-Angel, Saint Merd les Oussines …

– un camp romain et un(e) aigle en granit à Ussel

Par différence, on s’aperçoit que des sites majeurs comme celui des Cars, de Margerides, de Gourdon-Murat et Pradines sont alors totalement inconnus.

 1 – Le site des Cars (St Merd-les-Oussines)

Le site fut mis en valeur par Marius Vazeilles, tout à la fois garde des Eaux et Forêts, homme politique et archéologue, à l’origine d’une politique de boisement du plateau de Millevaches. Les premiers travaux intervinrent aux environs de 1936, puis reprirent après guerre toujours sous sa houlette.

À l’heure actuelle on peut découvrir sur le site, les ruines d’un bâtiment de près de 60 m de longueur, constitué de deux parties distinctes, la seconde étant de construction plus récente (sans doute fin du IIème siècle ap JC).

La modernité des aménagements est assez hallucinante pour un édifice vieux de 18 siècles : chauffage « central » par le sol (hypocauste), salle de bains avec sa réserve d’eau (l’extraordinaire bac monolithe, pesant 9 tonnes et d’une capacité de 6000 litres), système d’égouts, terrasse orientée plein sud et bordée par un étang…

le bac, un monolithe de plus de 2 m de diamètre et de 1,75 m de haut

Comme souvent, des sépultures, ici deux mausolées, voisinent avec la villa.

Il faut souligner le tour de force qui a permis, malgré la disparition de nombreux blocs, la reconstitution des édifices qu’on imagine occupés par des riches ou des notables qui profitaient en ces lieux tranquilles de la pax romana

 2 – Le site de Tintignac (Naves)

Sur la commune de Naves, en se dirigeant sur Seilhac par la D1120, on passe à proximité immédiate du site de Tintignac. Connu depuis fort longtemps sous l’appellation les « Arènes de Tintignac«  par les archéologues qui avaient identifié un théâtre antique. Prosper Mérimée1 qui fut l’un des tous premiers Inspecteur des Monuments Historiques évoque le site dans ses « Notes d’un voyage en Auvergne et dans le Limousin«  paru en 1838 et recommande alors de procéder à des fouilles afin de mettre à jour les substructions de l’amphithéâtre. Il estime d’ailleurs que cette opération peut être effectuée rapidement, en moins de quatre ou cinq jours précise-t-il …

Ces fouilles vont permettre de recenser quatre bâtiments principaux.

Mais le site va acquérir une certaine notoriété en 2004 et les années qui suivent, à la suite de la découverte d’une fosse sacrée (une favissa) renfermant des fragments d’objets, en fer et en bronze, datés de la période comprise entre le IVe et Ier siècle avant J.-C : Christophe Maniquet – le découvreur – et son équipe mirent à jour une dizaine d’épées et de fourreaux en fer, des fers de lance, un umbo2 de bouclier, une dizaine de casques en bronze et en fer dont un prend la forme d’un oiseau, des têtes ou des corps d’animaux, sept carnyx, c’est à dire des trompettes de guerre ouvragées en bronze, à tête de sanglier ou de serpent. Une reproduction d’une de ces trompettes orne le hall d’accueil du Conseil Départemental.

Ce cas n’est pas unique en France puisque des découvertes de même nature ont été faites à Gournay sur Aronde dans l’Oise au début des années 80 et plus récemment, à Ablis dans les Yvelines.

La plupart des objets découverts dans la fosse de Tintignac sont des armes ou des objets utilisés lors des combats. La mise en fosse pouvait constituer un rituel ou une cérémonie lors de laquelle les armes de guerriers morts étaient « désacralisées » afin de ne pouvoir en aucune façon être réutilisées. Ou bien constituaient-elles un butin, pris à un ennemi vaincu et dont on exposait les armes pour ensuite les enfouir ?

On dénombre sur le site quatre bâtiments monumentaux signes de l’importance du lieu : un temple (fanum), un théâtre, un bâtiment semi-hémisphérique dont on ne connaît pas l’usage et enfin un dernier bâtiment dénommé « tribunal » faute de connaître réellement sa destination.

Le temple daterait du Vème ou IVème siècle avant J.-C ; il a été agrandi à l’époque gallo-romaine et le site a été occupé jusqu’au IIIème siècle après J.-C.

1 il fut aussi écrivain (Carmen, Mateo Falcone, Colomba etc) et auteur d’une célèbre dictée

2 c’est le renflement de la partie centrale du bouclier

  Les autres sites gallo-romains                

 

 
Voies romaines de Corrèze

Voies romaines de Corrèze

mise à jour : janv 2024

Après les campagnes de César, la Gaule connaît une période prolongée de paix – et de prospérité par voie de conséquence – entre le 1er et le 3ème siècle après JC.

Tout le pays va être progressivement romanisé mais cette romanisation est autant acceptée que subie. Le territoire va être mis en valeur, des routes sont construites ainsi que de nombreux temples, théâtres ou thermes; l’urbanisation se développe selon le modèle des villes romaines. Dans les campagnes, des cultures nouvelles comme la vigne sont implantées et les mœurs ainsi que la langue romaine prennent le pas sur les us et coutumes gauloises. Et l’armée romaine garantit alors la paix sur tout le pays en s’opposant aux invasions barbares : c’est la pax romana.

De cette période (ou de ces périodes si l’on s’intéresse aux décennies qui ont précédé l’invasion par les armées romaines), subsistent des nombreux vestiges :

– routes : ce sont les « voies romaines »

– des sites funéraires

– des ruines de villas ou de temples

– des monuments

On retrouve nombre de vestiges de cette époque sur le département de la Corrèze qui faisait alors partie d’un territoire plus vaste, celui des Lemovices, correspondant sensiblement à l’ancienne région Limousin.

Les voies romaines :

La Gaule romaine est maillée de réseaux de routes (via) principales qu’on pourrait comparer toutes proportions gardées à notre réseau autoroutier et dont le point d’articulation est la ville de Lyon (Lugdunum). Une branche de ce réseau traverse l’Auvergne-Limousin : la via Agrippa II qui passe à Limoges et aboutit sur l’Atlantique à Saintes.

Le réseau secondaire est quant à lui beaucoup plus dense et une voie d’importance traverse la Corrèze, en provenance de Clermont Ferrand (Nemessos) et se dirigeant vers Périgueux, c’est la voie d’Hadrien. Cette voie qui date de la deuxième partie du 1er siècle (la datation s’appuie sur des monnaies retrouvées sur les lieux) a laissé des traces au voisinage d’Eygurande, à Aix.

On distingue deux types de voies :

– celles qui sont dites « en chaussée » c’est à dire construites en remblai (latin : agger) sur les plateaux ou les coteaux à faible pente et le tracé chemine alors par monts et par vaux. La toponymie en garde la trace sous la dénomination chaussade; des lieux-dits ainsi dénommés sont assez fréquents en Corrèze – Eygurande, St Yrieix le Déjalat, Combressol, Naves, St Augustin, etc – sans pour autant qu’ils soient forcément situés sur ou au voisinage d’une ancienne voie romaine …

– sur les reliefs plus soutenus, elles peuvent aussi suivre un itinéraire de crête ou une ligne de partage des eaux: elles sont alors plus ou moins décaissées, on parle de construction « en cavée » (on dirait aujourd’hui : en déblai). On les trouvera plutôt associées au toponyme pouges (du latin podium, hauteur) ou estrade, dérivé du mot strata. Ce dernier terme nous renseigne d’ailleurs sur la constitution de la voie, succession de strates de matériaux choisis pour en assurer la stabilité ainsi que le drainage (voir la coupe plus bas)

La voie visible sur la commune d’Aix appartient à cette seconde catégorie : la plate-forme est large de 7 m, avec une surface roulante proche de 6 m; elle est bordée de fossés dont la profondeur peut aller jusqu’à 0,80 m.

Cette portion de voie est en excellent état de conservation et peut être le point de départ d’une randonnée agréable. Elle est accessible à partir du bourg d’Aix, en se dirigeant vers le hameau de La Jarrige.

 

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Image3_LaVoieromainePourlesNuls.jpg.

 

Mais contrairement à ce que laisse entendre le panneau d’information placé à une des entrées, la voie est constituée en surface non pas de dalles, ce qui serait peut être le mode de construction des voies les plus importantes, mais de petits galets dont la taille courante est de l’ordre de 5 cm comme le montre la photo ci-dessous.

Un article de Sciences et Avenir d’août 2018 abonde dans ce sens et parle d’une couche supérieure constituée de sable durci :

Cette voie visible en d’autres endroits traverse la Corrèze en passant au voisinage d’Egletons (on trouve des traces à Combressol, Rosiers d’Egletons), au nord de Tulle (à Naves, lieu-dit Tintignac) et se dirige vers le département de la Dordogne, en direction de Périgueux (Vesunna). D’autres voies ont été répertoriées sur le territoire, par exemple à Saint-Setiers où une portion du GR 440 emprunte un vestige de voie romaine : voir extrait de plan ci-dessous.

  L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Peyrelevade2232E_2001_VoieR.jpg.  

Selon JM Desbordes, un tronçon d’un axe reliant la Méditerranée à, l’Armorique, antérieur à l’occupation romaine, part d’Argentat en direction de la Vézère via Tintignac et Espartignac; une autre voie aurait aussi relié Bort les Orgues à Bugeat …

Ouvrages ou sites consultés :

– Voies romaines en Limousin JM Desbordes 1995

– La vie quotidienne en Gaule pendant la paix romaine, Paul-Marie Duval, Hachette 1952

– le pays d’Eygurande Simon Louradour 2005

Dolmens et autres monuments mégalithiques en Corrèze

Dolmens et autres monuments mégalithiques en Corrèze

Sources :

1– Philibert Lalande, Mémoire sur les monuments préhistoriques de la Corrèze, In : bulletin annuel de la Société historique et scientifique de Saint-Jean d’Angély, 1867

2MM. Henri Martin, Gabriel De Mortillet, Salmon, Chantre, Cartailhac, Louis Leguay. Inventaire des monuments mégalithiques de France. In: Bulletins de la Société d’anthropologie de Paris, III° Série. Tome 3, 1880

3– Victor Forot, Richesses monumentales et artistiques du département de la Corrèze, 1913

Dans ce domaine, la Corrèze ne peut se comparer à la Bretagne ou à la partie sud du Massif Central, régions très denses en monuments mégalithiques comme le montre la carte ci-dessous, établie à partir du recensement figurant dans la document :

On constate que la répartition suit un arc qui va du Languedoc et du sud-ouest du Massif Central à la Bretagne; a contrario, le Nord, l’Est de la France, le Sud-Ouest sont des régions quasi dépourvues de monuments de ce type

Néanmoins, plusieurs dizaines de ces vestiges – 30 selon le recensement de 1880 – sont visibles sur le département. Certains sont répertoriés comme Monuments Historiques : c’est le cas des dolmens de Beynat, Espartignac*, Lamazière-Haute* et St Cernin de Larche*, des menhirs d’Argentat et de St Cernin de Larche ainsi que le cromlech d’Aubazines*.

* voir illustrations plus loin

Un dolmen — du breton toal qui signifie table et men signifiant pierre — est un monument mégalithique (de mega : grand et lithos : pierre) édifié sans l’aide d’un quelconque liant. Il est simplement constitué de plusieurs pierres verticales, les orthostates, supportant une pierre plate, la table. Bien que de nombreux dolmens soient, à ce jour, visibles hors sol, ils auraient été recouverts à l’origine d’un monticule de terre nommé tumulus ou de pierres formant un cairn.

Les dolmens auraient été, selon les préhistoriens, des monuments funéraires, des sépultures collectives, érigés dans la seconde moitié du néolithique, entre -5500/-5000 et -2000 av JC, cette période coïncidant plus ou moins avec l’âge du cuivre (calcolithique) qui s’étend de -3000 à -1800 et précède l’âge du bronze en Europe.

On peut imaginer les difficultés rencontrées par les hommes pour édifier de tels structures : le poids d’une table (dimensions courantes : 2,0 m x 1,0 m x 0,40 m) est de l’ordre de 2,5 tonnes !

Un menhir est une pierre dressée : le terme «menhir» est construit à partir du breton maen, «pierre», et hir, «longue». D’autres dénominations peuvent se rencontrer, par exemple : L’ancien nom breton des menhirs était « peulvan » ou « peulven »; le toponyme Peyrelevade (en langue d’oc : pierre levée), est fréquent en Corrèze et ailleurs

La fonction du menhir n’est pas connue … était-ce un monument servant à signaler un lieu de rassemblement, à caractère religieux ou autre ? Ils devaient avoir une grande importance pour les peuples de cette époque pour qu’ils aient déployé autant d’énergie à ériger de telles masses : le grand menhir de Locmariaquer dans le Morbihan pesait aux alentours de 300 tonnes !

Les cromlechs (parfois orthographié cromlec’h) ou cercles de pierres, sont des arrangements de (petits) menhirs en cercle avec parfois, un menhir placé en son centre. Le plus connu de tout les cromlechs est celui de Stonehenge, en Angleterre. Une version plus modeste est visible en Corrèze, au dessus d’Aubazines, au Puy de Pauliac

Mettons fin à un début de légende créée de toute pièce par MM. Goscinny et Uderzo : dolmens et menhirs n’ont pas de rapport avec la civilisation gauloise, contrairement à ce que laisserait supposer la lecture de leur célèbre série Bd où l’on voit Obélix diriger une entreprise florissante d’extraction de menhirs (« Obelix et Compagnie« )  

Ainsi que le montre la frise ci-dessous, ces monuments ont, en réalité, été érigés par des populations pré-celtiques bien antérieures aux Gaulois et dont nous ne savons rien

À la poursuite des dolmens de Corrèze

En parcourant la Corrèze, on peut, si l’on est chanceux et persévérant, découvrir quelques-uns de ces mégalithes, pour la plupart situés en basse Corrèze, celui de Lamazière-Haute constituant l’exception qui confirme la règle.

Le chercheur de dolmens et menhirs ne doit pas partir sans se munir des équipements nécessaires à sa quête : une boussole et une carte IGN au 25000ème, indispensables pour localiser les vestiges, le fléchage pouvant être imprécis; des chaussures de marche ou de randonnée, car il est assez rare que les dolmens soient implantés au bord des routes et autoroutes, encore qu’il y a des exceptions;

Le beau temps est un allié précieux et consulter la météo avant de prendre le départ pour s’en assurer est donc essentiel.

Dans la panoplie d’outils à emporter, il faut prévoir l’incontournable appareil photo avec sa carte mémoire neuve et sa batterie bien chargée, et, pour les puristes, un mètre qui permettra de prendre les mensurations des différents éléments composant le mégalithe : hauteur, largeur, tour de taille.

Les plus professionnels emporteront avec eux un stock de carbone 14 pour dater les ossements …

Voici un échantillon photographique de ces monuments que j’ai découverts à mes risques et périls au cours de randonnées, parfois à vélo, le plus souvent à pied.

– à Aubazines : le dolmen d’El Bos Ayretié; effectivement situé en plein milieu d’un bois; attention, à la saison des champignons, on peut même trouver des cèpes dans son voisinage; ou des châtaignes si l’on fait la visite à l’automne …

– toujours à Aubazines, un peu plus haut en direction du Puy de Pauliac : le seul cromlech identifié en  Corrèze : un cercle de 35 m de diamètre environ, matérialisé par des menhirs de petite taille et comportant, en son centre, un menhir de grande taille, aujourd’hui couché et cassé en 2 parties. Comme le dolmen, il est pas mis en valeur, sans la moindre information à caractère archéologique sur place; dommage !

-à Auriac : on peut voir le menhir dit de « Peyre Quilhade » (pierre levée ou dressée) au lieu-dit « la croix de Vaur », un peu à l’intérieur d’un bois, en bord de route entre Auriac et Bassignac-le-Haut, sensiblement à mi-distance des hameaux de Selves et de Rigieix. D’après J.F. Pérol (in : bulletin de la Sté préhistorique Française 1945), ce menhir a une hauteur totale de 3.30 m dont une partie enterrée d’environ 1.0 m. Toujours d’après cet auteur, il semblerait qu’il y ait, au dos de ce mégalithe, une gravure pouvant représenter un poignard … ce qu’il est difficile de vérifier, la pierre étant couverte de mousse !

-à Bonnefond : le menhir du Pilar, à 1 km environ au sud-est du village, un menhir christianisé de 2 m de hauteur, sculpté en forme de croix à l’époque chrétienne. Il faut pénétrer dans le bois pour s’en approcher (attention aux loups !). Le nom Pilar pourrait trouver son origine dans le latin pila : colonne

– à Estivaux, lieu-dit Peyrelevade (« pierre levée« ); en bordure d’une route, en plein milieu d’un champ, un dolmen daté de 2700 av J.C. selon la plaque d’identité. Le nom du lieu-dit pourrait laisser penser qu’autrefois il pouvait y avoir des menhirs à cet endroit …

 
– à Lagraulière, lieu-dit Joujou (sic) : difficile à trouver, masqué qu’il est par un grand hangar agricole.

– à Lamazière-Haute, lieu-dit Le Chevatel : le plus photogénique; en contrebas d’un chemin, il est facilement accessible. Protégé par quelques arbres, l’emplacement est un lieu idéal pour pique-niquer par une chaude journée d’été au milieu d’une randonnée !

– à St Cernin de Larche : près du lac du Causse, lieux-dits La Palein et La Chassagne. Il faut s’employer pour grimper depuis le centre du village jusqu’aux sommets qui surplombent le causse, mais ensuite on découvre sur le plateau ces deux monuments, à faible distance l’un de l’autre. Ils sont tous deux situés au centre d’un tumulus (élévation de terrain constituée d’un mélange de pierres et de terre).

 
– à Espartignac, sur un surplomb de la Vézère et caché par la végétation plutôt dense, un édifice qui ressemble à un dolmen mais qui n’en serait pas un selon certaines sources… Il est quand même classé comme tel par les Monument Historiques sous l’appellation « la maison du Loup« 

– à Seilhac, une pierre de très grandes dimensions, la « Pierre Bouchère«  au lieu-dit le Puy des Ferrières; il faut aller jusqu’au sommet, contourner le relais de télécommunications par la gauche et s’enfoncer dans le sous bois pour découvrir cet énorme bloc monolithe. Son nom donne une idée de l’usage qui pouvait en être fait

– à Ste Fortunade, hameau de Clairfage : un dolmen existait jusqu’à une époque assez récente; il aurait été détruit malencontreusement par le propriétaire des lieux pour des motifs peu clairs dans les années 30 (voir le récit assez amusant ou affligeant, c’est selon, qu’en fait Marius Vazeilles, spécialiste de l’archéologie locale, écologue et expert forestier)

 Le dolmen de Sainte Fortunade selon une carte postale, datant du début du XXè siècle :

 
– à St Augustin, en bordure du D 173, une pierre dédiée à Sedulix; c’était, si l’on en croit le texte figurant sur la plaque, un chef de guerre gaulois .. Il aurait selon certains, apporté son appui à Vercingétorix pour finalement périr à Alésia. Et effectivement, ce personnage est évoqué par César sous le nom de Sedullus dans la guerre des Gaules. C’est Antoine Paucard, sculpteur et poête local qui a fait dresser ce monolithe commémoratif dans les années 20 et s’est chargé d’écrire l’hommage (et au passage, a changé le nom de Sedullus en Sedulix au motif qu’un nom gaulois ne pouvait que finir par la terminaison « ix« )

 

Pour en savoir plus sur Ötzi, « l’homme des glaces » :

http://www.hominides.com/html/ancetres/otzi.php

Monuments aux morts

Monuments aux morts

LA GUERRE

À cette époque là (1955-1960), elle est encore bien présente dans les mémoires : la fin de la seconde guerre date juste de quelques années ; il ne faut pas oublier que la première guerre, celle de 1914 (qui faisait suite à celle de 1870 .. et était donc plutôt déjà la deuxième) n’est pas si vieille que ça puisqu’elle s’est terminée 35 à 40 ans auparavant. D’ailleurs, nombreuses sont les familles qui ont subi directement les deux conflits, juste espacés d’une génération. C’est le cas dans ma famille où le grand-père paternel a participé à la première guerre laissant sa jeune épouse seule avec ses deux tous petits enfants, et a été blessé et prisonnier en 1917-1918 ; et son propre fils – mon père – est, à son tour, mobilisé en 1939 (après avoir satisfait à ses obligations militaires au début des années 30 …). À cette époque encore, il en reste des traces dans les discussions, on ne parle jamais des Allemands, mais des Boches avec une pointe de mépris. Il faudra de Gaulle pour faire évoluer les choses dans le bon sens et arriver à la création d’un axe Franco-Allemand.

Le plan d’architecte et la réalisation du monument aux morts de la commune d’Aix

 

Une des faces du monument aux morts de la commune d’Aix

Une trace bien visible de ces conflits subsiste sous forme de monument aux morts, présent dans toutes les communes. Il suffit de regarder les longues liste de noms de soldats morts au combat, surtout durant la première guerre, pour comprendre que ces périodes furent traumatisantes : une hécatombe en 19141918, moins de morts durant la seconde guerre mais une autre forme d’oppression, puisque le pays est alors occupé. Cette occupation est sans doute assez discrète dans les campagnes de la Haute-Corrèze qui ne constituent pas un objectif stratégique pour l’occupant Allemand. Néanmoins, tout peut arriver, des actions de représailles sont toujours possibles comme à Oradour-sur-Glane ou à Tulle. Le pays vit donc dans l’inquiétude perpétuelle même s’il n’a été que peu affecté dans sa vie et son travail de tous les jours.

 

Pour en savoir plus :

On peut lire le prix Goncourt 2013, « Au revoir là-haut » de Pierre Lemaître sur le site Babelio