Auteur/autrice : David

Lieux improbables

Lieux improbables

On trouve presque de tout en Corrèze. Et certains lieux-dits, certains hameaux, recèlent sans doute quelques mystères que laissent transparaître leurs noms, soit qu’ils sortent de l’ordinaire ou bien au contraire, trop ordinaires pour nommer un village.

Voici un échantillon de ces noms étranges ou amusants que l’on peut découvrir en sillonnant les campagnes corréziennes (et qu’on ne trouve pas ailleurs bien sûr)

1 – LIEUX INDISPENSABLES

Des lieux qu’il faut avoir vu une fois dans sa vie :

 

 

 

 

 

 

D’abord, commencer par le commencement :

visiter la France !

C’est possible, sans faire des milliers de kilomètres puisqu’il suffit de passer sur la commune de Lagraulière … Qui l’eût cru ??

C

 

 

 

Pour partir à la découverte de la contrée, nous empruntons logiquement la route ou plutôt le Chemin (vers Gourdon-Murat)

 

 

 

 

La Corrèze est boisée : on y trouve donc « la » forêt mais en réalité, il y en a de très nombreuses …

 

… et avec le bois de ces forêts, on construit des maisons, des villages, voire même des villes comme Combressol !

 

On peut aussi sortir virtuellement du pays et partir à la découverte d’autres continents en allant à Courteix par exemple :

 

 

… mais finalement, après avoir voyagé, on est plutôt content de retrouver un lieu de calme et de quiétude à Saint-Rémy :

 

2 – LIEUX UTILES

Si vous êtes un accro des Jeux vous en trouverez à St-Julien-Près-Bort ; pour les plus petits, on peut se rabattre sur des Joujoux (attention : avec un «x») à Lagraulière et sinon rien ne vous empêche d’aller faire un tour à la Boutique quelque part vers St Rémy pour vous approvisionner et trouver l’objet de vos rêves …

 

 

 

 

Où habiter si vous êtes en Corrèze ? Si vos moyens financiers sont limités, Le Repaire à Vigeois peut être une solution. Sinon, pourquoi ne pas tester une Vieille maison à St Yrieix-le-Déjalat (attention, il faut tourner à droite si j’en crois le panneau). Plus attractif, le hameau de la Guinguette à St Bonnet-près-Bort semble prometteur : mais tient-il ses promesses ? On n’en a pas l’assurance même si ça paraît être un endroit fort sympathique.

Pour le chauffage de votre future demeure, vous pourrez faire l’acquisition d’une Chaudière en vous rendant à Sarroux. Pour faciliter le travail du facteur, vous trouverez un porte Lettres à Beyssac.

     

 

3 – LIEUX RELIGIEUX

Sans que ça paraisse, la Corrèze est un département fortement marqué par la religion et l’histoire Sainte. Ainsi peut-on se transporter dans la période biblique du côté d’Egletons, en passant à Bethléem, pour ensuite rencontrer Job à Liginiac ou le Prophète à St-Geniez-ô-Merle.

     

Jérusalem fait partie des incontournables de ce parcours; pour cela, il faudra vous transporter à Argentat et de là, vous pourrez envisager d’atteindre le Paradis qui se trouve sur la commune de Corrèze en Corrèze. Attention à bien suivre l’ordre indiqué sur la frise ci-dessous sinon vous risquez d’atterrir en Enfer et donc de vous retrouver ailleurs qu’en Corrèze !

   

 


SUITE : ENDROITS BIZARRES

 

 

 

 

 

 

 

 

Arboretums de Corrèze

Arboretums de Corrèze

Les forêts sont omniprésentes en Corrèze puisqu’elles recouvrent environ 45 % du territoire, ce qui en fait un des départements les plus boisés de la métropole. Un département riche de cette ressource dont tout le monde s’accorde à dire qu’elle est une arme contre le dérèglement climatique car susceptible de capter le CO2 (ce que d’aucuns contestent d’ailleurs, arguant du fait que le bilan global serait, contre toute attente, finalement nul ou négatif, en tout cas pas plus favorable que celui d’une simple prairie !)

Difficile en tout cas de parcourir la Corrèze, que ce soit à pied ou en voiture, sans traverser ou longer un bois, une futaie !

La plupart des routes sont bordées d’arbres ce qui constituerait, paraît-il, un risque majeur, car susceptible de transformer la moindre perte de contrôle en péril mortel. La menace ayant été identifiée dans les années 60, une action administrative d’envergure fut lancée derechef, visant à dégager les abords de nos routes, ce qui aurait eu pour effet de faire disparaître en un rien de temps une richesse qui avait mis plusieurs dizaines d’années à pousser …

Et il fallut une lettre du Président Georges Pompidou à son premier ministre Jacques Chaban-Delmas en 1970, pour s’en émouvoir et tempérer les ardeurs des tronçonneurs de l’ex-DDE :

«La sauvegarde des arbres plantés au bord des routes – et je pense en particulier aux magnifiques routes du Midi bordées de platanes – est essentielle pour la beauté de notre pays, pour la protection de la nature, pour la sauvegarde d’un milieu humain.

… Que l’on se garde donc de détruire systématiquement ce qui en fait la beauté [de la France] ! »

On n’ose pas imaginer ce qu’il pourrait ressentir s’il devait traverser aujourd’hui le territoire, où presque aucun endroit n’est épargné par des forêts de pylônes d’éoliennes, des forêts dont la laideur le dispute à l’inefficacité !

Mais Georges Pompidou ne fut pas le seul à apprécier et défendre les arbres et les forêts. D’autres, avant lui et après lui, tout aussi illustres, ont vanté ce milieu incomparable :

« La forêt est une entité singulière, toute de bonté et de bienveillance infinies, qui ne demande rien pour vivre et propose généreusement les produits qu’elle élabore : elle donne sa protection à tous les êtres et offre même son ombre au bûcheron qui vient l’abattre. »

(Bouddha – vers -600 avant JC)

« Forêt silencieuse, aimable solitude,
Que j‘aime à parcourir votre ombrage ignoré !
Dans vos sombres détours, en rêvant égaré,
J‘éprouve un sentiment libre d‘inquiétude ! »

(François-René de Chateaubriand, Tableaux de la nature, 1784-1790)

« Quand je dirige ma promenade vers l’une des forêts voisines : Les Dhuits, Clairvaux, Le Heu, Blinfeix, La Chapelle, leur sombre profondeur me submerge de nostalgie; mais soudain, le chant d’un oiseau, le soleil sur le feuillage ou les bourgeons d’un taillis me rappellent que la vie, depuis qu’elle parut sur la terre, livre un combat qu’elle n’a jamais perdu. »

(Charles de Gaulle – Mémoires de guerre, Le Salut 1944-1946)

« Les hautes futaies élèvent l’esprit et la marche le met en mouvement. Quand je rentre dans notre maison, je n’ai plus qu’à l’écrire. »

(Charles de Gaulle – date inconnue)

« L’immense forêt qui s’étendait devant eux n’était pas immobile, une brise légère faisait onduler les feuilles, et ce très léger mouvement était encore plus apaisant que ne l’aurait été une immobilité parfaite, la forêt semblait animée d’une respiration calme, infiniment plus calme que n’importe quelle respiration animale, au-delà de toute agitation comme de tout sentiment, différente pourtant du minéral pur, plus fragile et plus tendre, intermédiaire possible entre la matière et l’homme, elle était la vie dans son essence, la vie paisible, ignorante des combats et des douleurs. »

(Michel Houellebecq Anéantir 2021)

Si la forêt est ce havre de paix et d’inspiration que décrivent ces auteurs, il est de première urgence de quitter notre habitat urbain pour s’immerger dans cet écosystème apaisant; pour se ressourcer. Au sens propre : revenir à la source, aux racines de ce que nous sommes, des enfants de la nature comme le suggère le paléoanthropologue Pascal Picq lorsqu’il dit : « L’humain ne descend pas du singe, il descend de l’arbre. »

Les forêts : il en est de célèbres comme celles de Tronçais et de Fontainebleau, d’autres mythiques telles Brocéliandre :

D’autres encore, connues et réputées pour avoir vu passer des personnages tout aussi éminents que le druide Panoramix :

À défaut de visiter ces forêts de légende, hors de portée d’une sortie ordinaire, on peut commencer par découvrir les essences les plus courantes – mais aussi les plus spectaculaires – en visitant des arboretums. Il en existe plusieurs sur le département, pour beaucoup situés en Haute-Corrèze.

(La liste qui suit n’est pas exhaustive)

Barsanges (commune de Pérols-sur-Vézère)

Initié par Marius Vazeilles après la première guerre, cet arboretum est abandonné depuis plusieurs années. Restent en place les panneaux indicateurs et quelques arbres remarquables qu’on a peine à identifier en l’absence quasi générale de signalétique .. mais il y a des exceptions …

   

 

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Célébrités du sport

Célébrités du sport

La Corrèze, terre de rugby dit-on ! Mais pas seulement puisqu’on peut trouver aussi – en cherchant bien – des footballeurs (sympas) et des athlètes. Enfin, force est de constater que le rugby fait partie du paysage, est présent partout et déchaîne – raisonnablement – les passions.

  1 – Footballeurs

Laurent Koscielny, natif de Tulle, 51 sélections en équipe de France de 2011 à 2018, joueur de Guingamp, Tours et Lorient puis d’Arsenal où il est resté 9 ans, essentiellement avec Arsène Wenger.

 

Il a participé à l’Euro en 2012 et 2016 ainsi qu’à la coupe du monde 2014. Malheureusement blessé au début de l’année 2018, il rate la coupe du Monde qui voit la victoire des bleus.

 

Il donne parfois un peu de lui pour aider sa Corrèze natale :

https://www.lamontagne.fr/tulle-19000/sports/laurent-koscielny-sauveur-inattendu-des-accordeons-maugein_1892371/

Actuellement en fin de carrière, il joue à Bordeaux.

 

– Alain Roche né à Brive,

25 sélections en équipe de France entre 1988 et 1996,

Joueur des Girondins de Bordeaux, de Marseille, de l’AJ Auxerre et du Paris St Germain.

Il sera champion de France à trois reprises, 5 fois vainqueur de la coupe de France et élu meilleur joueur de l’année en 1992.

Il faisait montre d’une certaine élégance dans le jeu.

 

Il termine sa carrière professionnelle en 2002 et devient un temps consultant puis dirigeant sportif; il est actuellement le directeur sportif des Girondins de Bordeaux.

Un article de La Montagne en 2017 dans lequel il exprime son souhait de (re)devenir dirigeant sportif :

https://www.lamontagne.fr/brive-la-gaillarde-19100/sports/le-briviste-alain-roche-ne-cache-pas-son-envie-de-reprendre-du-service_12237920/

 

  2 – Terre de Rugby

 

Sans faire offense aux nombreux clubs de moindre renommée (Argentat, Causse-Vézère, Malemort, Ussel, Uzerche …), deux grands clubs dominent le monde du rugby corrézien : le CA Brive qui fut une des clubs phares du championnat de France des années 65-80 puis de nouveau à la fin des années 90; et le SC Tulle qui tint le haut du pavé entre 1960 et 1970 et à la fin des années 80. Ces deux clubs fournirent nombre de joueurs à l’équipe de France (c’est beaucoup moins vrai de nos jours depuis l’arrivée de la professionnalisation et le SC Tulle a perdu beaucoup de sa splendeur …). Le CA Brive a disputé 4 finales de championnat (1965, 1972, 1975 et 1996) sans réussir à décrocher le célèbre bouclier de Brennus mais a paradoxalement été sacré champion d’Europe en 1997 et fut finaliste de cette compétition en 1998. Quelques joueurs ont marqué de leur empreinte l’histoire du rugby :

Amédée Domenech joueur emblématique du CA Brive dans les années 50, le prototype du pilier moderne, coureur et adroit de ses mains. Une personnalité hors du commun. Né à Narbonne en 1933, il travaille sur le chantier du barrage de Bort les Orgues au début des années cinquante. Après un bref passage à Vichy, il est recruté par le CAB qui vient de chuter en 2ème division et qui va, avec une équipe renouvelée, retrouver l’élite en 1957 en décrochant au passage le titre de champion de 2ème division. Domenech deviendra l’homme-orchestre du club où il jouera de 1955 à 1965 et sera international à 50 reprises, un record pour l’époque. Surnommé « le Duc« , il a donné son nom au stade de rugby de la ville de Brive.

Voilà comment le décrit Denis Tillinac (décédé en 2020) dans Rugby blues (La Table Ronde):

« Amédée Domenech : un turbo dans chaque jarret, un buste de catcheur, un cou de taurillon, une moustache coquine et des yeux pétillants, qui disent et contredisent. Avec lui la psychologie de Danos [ joueur de l’AS Bitteroise ] était prise à contre-pied : ce déménageur savait jouer du piano, et même accorder les violons d’une équipe. Il a ramassé le CAB en seconde division, et lui a donné du standing et de l’âme.

Parallèlement, il a formé, après le règne de Lucien Mias qui le trouvait trop « perso », la plus belle première ligne de l’Histoire de France. Roques, De Gregorio, Domenech. Un Obélix, un poilu des tranchées et ce bougre d’Amédée qui poussait quand ça lui chantait, filait comme une truite entre les gros cailloux des packs, feintait comme un Boni [ NdR : les frères Boniface de Mont de Marsan ], crochetait comme un Bouquet, remplaçait à la diable un ailier à Twickenham et racontait aux journalistes des histoires à mourir de rire, dans un argot à la Simonin, mis en musique par Jean Pierre Chabrol.« 

– Pierre Villepreux, joueur du CA Brive puis du Stade Toulousain. L’arrière offensif par excellence, s’intercalant très souvent avec bonheur dans la ligne de trois-quarts et qui a inspiré nombre de joueurs après lui;

Jean Claude Berejnoï, joueur du SC Tulle, près de 30 sélections en équipe de France de 1964 à 1967 au poste de pilier.

Marcel Puget, demi de mélée du CA Brive

Jean-Claude Roques, demi d’ouverture du CA Brive

Michel Yachvili, joueur du SC Tulle et du CA Brive; talonneur à ses débuts, il s’épanouira en 3ème ligne. C’est le père de l’international Dimitri Yachvili

– Pierre Besson, joueur du CA Brive

– Alain Marot et Michel Marot, joueurs du CA Brive

– Jean-Luc Joinel, 3ème ligne centre du CA Brive pendant 15 ans, de 1973 à 1988, un des cadres de l’équipe de France de Jacques Fouroux où il côtoie entre autres J.P. Rives ; il compte 51 sélections.

– Alain Penaud, joueur du CA Brive et père de l’international Damian Penaud

– Olivier Magne, joueur d’Aurillac, Dax, Brive et Clermont.

– Pierre Chadebech, Sébastien Viars, Damien Chouly, Alexis Palisson, Fabien Sanconnie, tous joueurs internationaux du CA Brive.

Denis Tillinac * parlait de sa passion pour le rugby et surtout pour Brive en ces termes :

«  .. [le rugby] de Tulle était empreint d’une rusticité en symbiose avec mon village de Xaintrie sur son plateau de ronces et de fougères : Merckx, Astarie, Berejnoï, Orluc, Mielvaque. Rien que des avants durs à cuire. Celui de Brive avait une aura princière sur les bords …

À Tulle un rugby des champs sans fioritures sur une gadoue cernée de sapins sombres [ le stade Alexandre Cueille ]; à Brive un rugby des villes où le ballon dessinait des arabesques avec une maestria assez savoureuse.

Le CAB de mon cinoche intime, ce sont les percussions rageuses de « Rossi », les évasions en fond de touche de Fite, les passes au cordeau de « Rocky », les virevoltes de « Cali » le plus doué et le plus indolent; les entrechats de son frangin, les plongeons au ras du drapeau d’angle du plus concis des Besson, dont le bandeau avait quelque chose d’incongru pour un ailier. Ce sont les placages aux chevilles de Lewin, les rushes du « Yach » qui savait tout faire, les accélérations du « Chat »« 

NdR : « Rocky » = Jean Claude Roques – « Rossi » = Jean Claude Rossignol – « Cali » = Alain Marot – « le Chat » = Pierre Chadebech – « Yach » = Michel Yachvili

Extrait de : CA Blues in « 100 ans d’histoire au CA Briviste«  (2010)

* À lire dans la même veine sur le site « Vie de la Brochure », un court texte de Denis Tillinac publié aussi sur Le Figaro en 2020 : « Ce qu’ils appellent le progrès »

  3 – Athlètes célèbres

 

Alain Mimoun, 4 fois médaillé olympique – un record pour un(e) Français(e) en athlétisme – à Londres (1948), Helsinki (1952) et Melbourne (1956) où il décroche la médaille d’or du marathon. Ses confrontations avec le tchèque Emil Zatopek sont restées célèbres. Il se marie avec une Corrézienne et s‘installe à Bugeat où il crée le centre d’entraînement, maintenant dénommé Espace 1000 sources, en 1960. Mimoun n’est pas un styliste, élégant à voir courir comme El Guerrouj par exemple, mais est efficace et opiniâtre, coriace pourrions nous dire.

À l’arrivée du marathon de Melbourne en 1956, il déclare : «Je regarde ma carrière comme un château : ma médaille d’argent à Londres est le fondement ; mes deux médailles d’argent à Helsinki sont les murs ; ma médaille d’or à Melbourne, le toit»

Mimoun est doté d’un fort caractère et voilà comment le décrit en 2013 Michel Jazy qui l’a côtoyé aux JO de Melbourne (source BFM Sports) :

«Avec moi, ça ne s’est jamais passé comme ça, mais c’était un garçon épouvantable dans la vie. Il ne supportait pas la médiocrité, il ne supportait pas que les gars ne soient pas rigoureux dans leur préparation et il leur faisait savoir. Il n’y allait pas avec des pincettes. C’était quelqu’un qui était entier. C’est un personnage qui ne laissait pas insensible. Il ne fallait surtout pas le contrarier. Il ne fallait pas l’empêcher de dormir le soir ou le déconcentrer pour les différentes compétitions auxquelles il devait participer. Il avait un caractère difficile et un orgueil démesuré.»

Nicole Duclos : originaire de Dordogne mais licenciée au CAB, elle fut une concurrente redoutable pour la championne olympique de Mexico, Colette Besson. Elle battit le record du monde du 400 m à l’occasion de la finale des championnats d’Europe d’Athènes en 1969, dans le temps de 51s7; Colette Besson termina deuxième, à seulement quelques centimètres derrière elle mais dans le même temps et fut donc co-détentrice du record du monde.

Associées à Bernadette Martin et Éliane Jacq dans le relais 4x400m, elles échouèrent d’un rien à la 2ème place derrière les Anglaises mais avec la satisfaction de battre le record du monde – le deuxième donc – pour l’occasion.

 

 

 

Papes de Corrèze

Papes de Corrèze

Au tout début du 14ème siècle, les conflits entre la papauté et le roi de France vont avoir pour effet collatéral le transfert du siège de la papauté de Rome à Avignon pour plusieurs décennies.À l’époque la ville ne fait pas partie du royaume de France même si elle en est toute proche, puisqu’il suffit de traverser le Rhône en prenant le pont St Bénezet pour s’y rendre

Avignon conserve des traces visibles de ce morceau d’histoire : le palais des Papes, considéré comme le plus important ensemble gothique au monde, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco.

Entre 1305 et 1378, ce sont sept papes, tous français, qui vont se succéder dans ce nouveau siège de la papauté. Sur ces sept papes, il y eut trois Limousins, trois Corréziens : Clément VI (1342-1352), Innocent VI (1352-1362) et enfin Grégoire XI (1370-1378). Soyons objectifs : ce ne sont pas leurs origines géographiques, fussent-elles corréziennes, qui les mènent au sommet, mais bien plus leur intelligence, leurs compétences, leur aptitudes diplomatiques et leurs relations royales.

Il avait fallu 27 mois entre 1292 et 1294 pour élire un successeur à Nicolas IV. Ce successeur fut jugé rapidement inapte pour tenir le rôle de pape et abdiqua plus ou moins de plein gré au profit du cardinal Benedetto Caetani, un juriste à la personnalité affirmée qui prit le nom de Boniface VIII. Celui-ci se heurta très vite à l’opposition d’une famille influente, les Colonna et la querelle s’envenima jusqu’à un point tel que Boniface VIII se décida à les excommunier et à leur confisquer leurs biens. Les Colonna se réfugièrent alors en France. Et cette querelle coïncidera avec une crise qui va opposer la papauté au royaume de France; le pape conteste d’abord le droit à Philippe le Bel de lever des impôts sur le clergé puis incite les prélats français à réfléchir à des réformes à apporter au royaume de France, ce qui revient à affirmer la prééminence du spirituel sur le temporel. Boniface VIII va jusqu’à confirmer dans la bulle Unam sanctam cette suprématie du spirituel et cette prétention va être à l’origine dun conflit ouvert avec le roi de France, Philippe le Bel et ses conseillers, dont le plus influent dans cette affaire est Guillaume de Nogaret. Lequel ira jusqu’à proposer sa mise en accusation devant un concile

À la suite de ce bras de fer, Boniface VIII doit encore faire face aux Colonna qui veulent retrouver leurs privilèges et décède finalement dans des conditions quelque peu obscures en 1304; cet épisode est connu sous le nom « affaire d’Agnani« …

En 1305 l’élection (laborieuse) d’un nouveau pape amène au pouvoir un prélat qui n’est lié ni aux Caetani ni aux Colonna ou Orsini, l’archevêque de Bordeaux, Bertrand de Got, une personnalité plutôt neutre, réputée excellent administrateur. Et Philippe le Bel milite pour la candidature de cet homme qui s’est toujours montré adroit diplomate, même s’il est plus gascon que français (sa langue usuelle est la langue d’oc et non la langue d’oïl) et en même temps, sujet des Plantagenêts, lesquels ont eu recours à ses services dans des affaires concernant la Guyenne.

Les intrigues et les conflits italiens le découragent de se faire couronner à Rome et c’est à Lyon qu’il sera intronisé sous le nom de Clément V. Et en prévision d’un concile qui doit se tenir à Vienne où parmi les sujets à débattre, figure le devenir de l’Ordre des Templiers que Philippe le Bel veut abattre, il installera provisoirement sa résidence par souci d’indépendance vis à vis du roi de France, non loin de là, à Avignon, dans ce comtat Venaissin qui appartient en partie au Saint Siège depuis 1274; mais à deux pas du royaume de France, puisque il suffit de traverser le Rhône pour s’y rendre…Ses successeurs ne renièrent pas le choix de cette implantation dont la situation géographique présentait l’avantage par rapport à Rome d’être située sensiblement au cœur de la chrétienté occidentale. Jean XXII puis Benoît XII décidèrent de s’installer plus durablement à Avignon et ce choix se concrétisera par la construction d’un palais pontifical à la fois résidence de prestige et forteresse susceptible de protéger la papauté de l’hostilité de quelques princes … 

Puis arrivera sur le trône Pierre Roger , originaire de Rosiers d’Égletons, mais en réalité plus Parisien que Limousin; il se fait connaître par ses grandes connaissances en théologie, son intelligence et son éloquence. Gravissant rapidement tous les échelons de la hiérarchie de l’Église : abbé de Fécamp, évêque d’Arras, archevêque de Sens puis archevêque de Rouen – impliqué dans les négociations entre les rois de France et d’Angleterre, il est nommé chancelier de France* en 1330 (il a 39 ans) et devient un des hommes de confiance de Philippe VI de Valois. En 1338 il est nommé Cardinal. Et c’est à l’unanimité qu’il est élu pape en 1342 sous le nom de Clément VI.

C’est un esprit curieux et raffiné, amateur de poésie et aux goûts de luxe (pour son couronnement, on fera abattre 118 bœufs, 1023 moutons et 101 veaux); il sera surnommé pour cela « le Magnifique«  et fera agrandir et décorer ce palais des Papes pour en faire un endroit digne de la fonction, en faisant construire les deux ailes encadrant la Cour d’Honneur formant ainsi le Palais-Neuf.

Sur le site palais-des-papes.com, on décrit ainsi l’importance de sa contribution à l’édification du palais pontifical : « Avec Clément VI, l’élégance gothique entre au palais. Les croisée d’ogives foisonnent ; sculptures, culots de nervure, moulures, viennent orner la pierre. Il attire à sa cour les plus grands intellectuels et artistes de l’époque comme le peintre Mattéo Giovannetti et fait d’Avignon un creuset culturel et un foyer d’échanges européens. Il magnifie son palais par l’attention et l’ampleur qu’il accorde aux décors (fresques, vitrail, orfèvrerie, mobilier, tentures…)« 

Il mènera une politique de prestige, considérant que le pouvoir ne peut aller sans fastes.

C’est aussi un diplomate, qui, par son action permettra le rattachement du Dauphiné à la France en proposant que le fils aîné du Roi prenne le titre de Dauphin.

Il achète la forteresse de Visan et la seigneurie d’Avignon en 1348 à la comtesse de Provence et ainsi la papauté sera désormais chez elle, dans son fief du comtat Venaissin, un ensemble de terres compris entre le Rhône et la Durance correspondant sensiblement à l’actuel département du Vaucluse mais qui s’étend même jusqu’à la Drôme, avec l’enclave de Valréas.

Et au passage, il n’oublie pas de distribuer des faveurs et des avantages à des membres de sa famille : il aide son père à faire l’acquisition de la seigneurie de Rosiers d’Égletons au vicomte de Ventadour, son frère reçoit le fief de Beaufort, un de ses neveux – le futur Grégoire XI – est nommé cardinal à un âge inhabituel (18 ans !); il arrangera le mariage d’un autre de ses neveux, Guillaume Roger de Beaufort avec Aliénor de Turenne et lui achètera au passage le vicomté de Turenne ..

L‘époque est marquée par l’épidémie de la peste noire qui tua, selon les dires, 60000 personnes en 1348 rien qu’à Avignon; les responsables de cette hécatombe sont vite trouvés : ce sont les juifs qui seront alors victimes de la vindicte populaire et des pogroms. Clément VI prendra vigoureusement leur défense.

Et c’est aussi le début de la guerre de Cent ans (1337-1453)

Innocent VI : de son nom Étienne Aubert, né à Beyssac. Ce sera un peu un pape par défaut qu’éliront les cardinaux qui entendent peser sur les décisions et ne plus devoir subir un gouvernement monarchique comme celui de Clément VI. Et pour assurer ce pouvoir collectif, ils choisissent un homme réputé modeste. Étienne Aubert est un juriste qui a côtoyé Philippe VI de Valois. La guerre entre la France et l’Angleterre va mobiliser toute son énergie et les projets de croisade resteront à l’état de projet. Et puis le retour de la peste en 1361 va contrarier ses ambitions. Son esprit d’économie le pousse à modérer le train de vie pontifical, un peu forcé toutefois par les largesses financières de son prédécesseur, Clément VI.

Pierre Roger de Beaufort sera le 3ème pape limousin sous le nom de Grégoire XI. Neveu de Clément VI qui l’a nommé cardinal à .. 18 ans (**), il va passer 22 années de sa vie au service de la curie avant d’être désigné comme successeur de Urbain V. Il est décrit comme un homme humble, intelligent , subtil, savant (en droit civil). Il ajoute à sa connaissance des affaires une solide expérience de l’Italie. Ses contemporains vanteront volontiers son humanisme et son goût pour les lettres classiques ainsi que sa piété. Élu en 1370, il s’emploiera à ramener la paix entre la France et l’Angleterre, cherchera à réduire l’influence des Milanais, en particulier celle des Visconti et organisera le retour de la papauté à Rome en 1377 que n’avait pu mener à bien Urbain V.

Les 7 papes – de Clément V à Grégoire XI – ont nommé 134 cardinaux dont 95 français originaires du midi (Gascogne, Quercy, Limousin)

 

* l’équivalent de Garde des Sceaux

** on parle alors de népotisme : faveur ou avantage accordé aux neveux

 

sources :

Les papes d’Avignon, Jean Favier, Artheme Fayard 2006

Gloire de la Corrèze, Andoche Praudel, Éditions Manucius, 2016



Belvédères, points de vue et tables d’orientation

Belvédères, points de vue et tables d’orientation

Admirer le paysage : voilà une occupation reposante, gratuite et agréable s’il en est.

Pour pratiquer cette activité récréative, le plus simple consiste peut être à le découvrir depuis un point haut; et c’est d’ailleurs là que sont implantés les points de vue et belvédères qui parsèment le territoire.

Ces petits édifices permettent de découvrir un peu tous les horizons de la Corrèze et parfois même d’apercevoir ce qui se passe chez nos voisins, gens du Puy de Dôme ou du Cantal

ils sont, assez logiquement, nombreux sur la montagne Corrézienne, suivent de près le tracé de la Dordogne ce qui permet d’admirer les lacs de retenue des barrages hydroélectriques de Bort, Marèges, l’Aigle et le Chastang. De façon plus inattendue, ils sont assez nombreux sur la Basse-Corrèze, tous situés sur les crêtes qui vont de Donzenac à Juillac et qui surplombent (légèrement) le bassin de Brive.

Ils constituent pour la plupart un point d’étape ou un terminus de promenade et sont un moyen de découvrir le pays que cette position surélevée permet d’apprécier, un peu comme si on le survolait en avion ou Ulm, sans pour autant prendre le moindre risque et sans consommer une goutte de pétrole !

Le site tourismecorreze.com en recense une quarantaine :

https://www.tourismecorreze.com/fr/tourisme/points_de_vue_amenages_et_tables_d_orientation-carte.html

En voici quelques-uns que j’ai visités au hasard de promenades :

Ayen

Table circulaire en lave émaillée sur soubassement rocheux

Une des tables les plus basses en altitude (377 m) avec celle de Juillac, mais aussi l’une des plus accessibles.

Le texte qui figure sur la table précise qu« elle est érigée à l’emplacement d’un château féodal occupé par les soldats du vicomte de Limoges ; il fut le siège de nombreux combats au cours de la guerre de 100 ans, puis il fut rasé par ordre royal. C’était une des citadelles qui avec le château d’Yssandon surveillait la région et la protégeait des invasions« 

Chaumeil table d’orientation du Suc au May

Table circulaire en lave émaillée sur soubassement rocheux

Le Touring Club de France a participé au financement de cette table qui a été inaugurée en 1935 en la présence de M. Henri de Jouvenel.  C’est apparemment la plus ancienne du département.

Voici le compte-rendu qu’en fit un journal (Revue du Centre Ouest économique et touristique, parue en sept-oct 1935) :

 

Le dimanche 25 août [1935 donc], eu lieu, sous la présidence de M. de Jouvenel, ambassadeur, ancien ministre, l’inauguration de la table d’orientation des Monédières. Cette table, placée au Suquet du May, à 911 mètres d’altitude, est la 132ème placée en France et dans l’Afrique du Nord. Elle n’est pas sur le point culminant des Monédières, mais de cet endroit la vue est magnifique et aussi belle qu’on puisse le demander : elle s’étend sur toute la Corrèze et les six départements qui l’entourent, sans qu’aucune levée de terrain ne masque les environs. Panorama superbe par temps clair et qui récompense largement le touriste d’une ascension facile.

La cérémonie s’est déroulée par beau temps, pas très clair cependant, les brumes violettes de l’horizon dissimulent au grand regret des nombreux assistants, des monts du Cantal et les autres points lointains.

Pendant la cérémonie, un avion de l’aéro-club du Limousin a survolé les Monédières et a laissé tomber une gerbe de fleurs devant la table d’orientation. Le geste émouvant a été salué par les applaudissements des assistants.

La table est placée sur un socle hexagonal en pierre de Volvic. La gravure est sur lave émaillée, elle est due à l’art consommé de M. Seurat, directeur de la fabrique de lave émaillée d’Auvergne. Elle représente la carte de la région et le panorama, dressé par M. Billard, professeur à Tulle. Elle est placée sur un point géodésique de premier ordre du service géographique de l’armée déterminé en 1839, qui se trouve sur la ligne droite de Perpignan à Dunkerque. Trois plaques émaillées fixées sur le pourtour indiquent le nom des souscripteurs, le point exact où elle est et la date de l’inauguration. Elle est d’un accès facile, les voitures de tourisme peuvent facilement u arriver.

À midi, un banquet de 150 couverts était servi à l’hôtel Picard, à Saint-Augustin. À la table d’honneur on remarquait Mme et M. de Jouvenel, M. le Préfet de la Corrèze, M. le docteur Lafage, conseiller général de la Corrèze …

au dessert des discours ont été prononcés …

Puis successivement, la « Lyre Corrézienne«  et « l’École de Ventadour«  se sont fait applaudir.

En fin à 21 heures, un magnifique feu d’artifice fut tiré.

Extrait d’un discours (de M. Gabiat, à l’époque ancien député de la Haute-Vienne) *:

« … je ne pouvais rester insensible à l’attractif appel de l’Éricïnéenne** région des Monédières, nous invitant à voir ses monts, en pleine splendeur estivale, et déjà somptueusement parés de leur très symbolique fleur de Bruyère …

et aussi cet autre appel de l’Airelle-Myrtille, aux baies finement acides et rafraîchissantes, qui à l’instar Virgilien des vignes du Mont-Ida, parfois se dissimulent, en cette auguste brousse, plus souvent s’y épanouissent copieusement, sous le direct et avide regard des gourmets …« 

* au vu de la teneur du discours, on peut effectivement penser qu’il fut prononcé après le repas !

** famille botanique qui comprend la bruyère, le rhododendron, l’azalée, etc

Couffy sur Sarsonne, Puy du Vareyron

Table circulaire en lave émaillée sur soubassement rocheux. La vue sur le massif du Sancy et le Puy de Dôme vaut le détour !

Juillac, table d’orientation du Chatenet

Jolie table émaillée de forme carrée aux coins rognés; de ce point de vue, on distingue vers l’Est, la faille ardoisière qui marque la limite entre le bassin de Brive et le plateau corrézien et, au loin, les sommets des Monédières. Vers le Sud, on découvre le bassin de Brive entouré par quelques reliefs qui émergent tels qu’Ayen ou Yssandon,

Liginiac, belvédère du barrage de Marèges 

Conçu par l’Ingénieur André Coyne (grand spécialiste de ces ouvrages), le barrage de Marèges construit au début des années 1930 est un des plus grands d’Europe, sinon le plus grand : 90 m de hauteur, 187 m de développement ; les fondations profondes de 50 mètres (!) font que sa hauteur réelle est de 140 m, donc plus haut que la pyramide de Chéops (mais moins visité sans doute). À l’époque quatre groupes turbo-alternateurs de 37,5 MW fabriquent l’électricité. Une électricité destinée avant tout à la compagnie ferroviaire Paris-Orléans (compagnie qui fusionnera avec d’autres en 1938 au sein de la SNCF) qui en est le commanditaire et qui servira à électrifier le tronçon entre Vierzon et Brive. L’économie en charbon est considérable et la vitesse et la fiabilité des trains s’en trouvent aussi bien améliorés.

Le barrage est inauguré le 5 octobre 1935 par le ministre des travaux publics, M. Laurent Eynac, en présence du président de la compagnie P-O, de M. Queuille et autres personnalités, mais en l’absence notable de M. de Jouvenel, décédé la veille et auquel le ministre rendra hommage dans son discours; un discours qui évoque le compétition industrielle avec les pays voisins, dont l’Allemagne : « Marèges, barrage voûté, est actuellement le plus grand d’Europe, constatation qui n’est pas vaine à une époque où la force du sentiment national chez les peuples les oppose même dans le domaine technique en une compétition pacifique à la fois et passionnée, qui est souvent profitable.« 

Le barrage est en effet original dans sa conception puisque conçu comme une voûte qui transmet la poussée de la masse d’eau retenue sur les deux versants rocheux des rives.

Le compte-rendu journalistique exprime quand même un certain doute quant à l’impact environnemental de cet ouvrage puisqu’il écrit : « Un jour, hélas ! L’homme par son génie ou par sa malfaisance, mais en tous cas pour les besoins de sa civilisation, décida d’asservir et de façonner le travail de la nature« 

Extraits tirés de la Revue du Centre Ouest économique et touristique, parue en sept-oct 1935

Liginiac, le puy de Manzagol

Table circulaire en lave émaillée sur soubassement rocheux, financée par le TCF.

Comme à Chaumeil et Couffy, la pierre de lave provient des usines Seurat à St Martin près Riom

La végétation s’est fortement développée autour du site et tout un secteur est à l’heure actuelle devenu inaccessible au regard.

Meymac, tour panoramique du Mont Bessou

Légèrement en contrebas des antennes géantes de radiodiffusion [ 200 m de hauteur ! ], la tour panoramique du mont Bessou, haute de 24 m permet d’atteindre l’altitude symbolique des 1000 mètres (Ceci reste très théorique, car le site d’implantation n’est pas exactement sur le point le plus haut…)

Monestier Port Dieu, site de la Vie

Une vue magnifique sur la retenue du barrage de Bort-les-Orgues qui s’étend sur une dizaine de kilomètres et dont la largeur peut atteindre jusqu’à 1 km. On distingue le château de Val (avec des jumelles c’est mieux), haut lieu du tourisme.

Le barrage de Bort est l’un des plus imposants parmi ceux de la Dordogne : 125 m de hauteur, près de 400 m de longueur de crête, une puissance installée de 240 MW. Il est en fonction depuis 1952.

Roche le Peyroux, belvédère de Gregeolles

Une vue un peu vertigineuse sur la confluence Diège-Dordogne. Ce belvédère est situé juste en face du site de St Nazaire, un peu en amont du barrage de Marèges.

St Exupéry les Roches

Table circulaire en lave émaillée sur soubassement rocheux ; comme à Chaumeil, Couffy et Liginiac, la pierre de lave provient des ateliers Seurat à St Martin-près-Riom (63).

La présence de la végétation, est bien rendue sur le dessin de la table.

Saint Martin la Méanne, barrage du Chastang

Un belvédère d’où l’on peut admirer le barrage du Chastang, vu de face.

Le potentiel hydro-électrique de la Dordogne est exploité à plein puisqu’on dénombre trois barrages en amont (Bort, Marèges, l’Aigle) et un en aval, le Sablier. Les affluents ne sont pas oubliés puisqu’on voir quelques barrages de taille plus modeste à Neuvic et Marcillac la Croisille par exemple.

 

Saint Setiers, Mont Audouze

Au beau milieu du plateau de Millevaches, cet endroit est particulier puisque selon que le regard porte d’un côté ou de l’autre, on découvre le bassin de la Dordogne, ou bien celui de la Loire ou plus précisément une partie du bassin de la Vienne qui prend sa source en ces lieux : on est sur la ligne de partage des eaux entre ces deux bassins.

Deux points de vue sont d’ailleurs aménagés, l’un dirigé vers le Sud-Est et la chaîne des puys, les Monts du Cantal et le bassin versant de la Dordogne; le panneau d’information précise la localisation des sources de la Diège, du Chavanon, de la Sarsonne, de la Dordogne, de la Triouzoune et de la Luzège.

À peu de distance, le second point de vue nous fait découvrir le bassin versant de la Vienne. Le lieu est joliment aménagé et permet de profiter agréablement de la vue. Et si l’on ne distingue pas les sources, cachées quelque part dans la végétation, des panneaux d’information permettent de comprendre l’hydrogéologie de ce bassin. Une grande fresque sur émail, décrit la géologie sur toute la longueur du parcours entre St Setiers et la confluence Vienne-Loire du côté de Chinon 370 km en aval.

La Vézère, autre rivière importante, prend sa source un peu plus au sud.

https://www.lamontagne.fr/ussel-19200/loisirs/changement-de-cap-cette-semaine-direction-saint-setiers-sur-le-plateau-de-millevaches_12034742/

 

Sarran, table d’orientation du puy de Sarran

Selon le panneau d’information, le site est à l’origine un calvaire, datant de 1883; les croix en bois ont été remplacées en 1939 par des croix en béton qui en font toute l’originalité. Un panneau d’orientation de forme trapézoïdale permet de d’identifier les différents éléments du paysage.

 

Le Dr François Longy

Le Dr François Longy

Le docteur François Longy (1828-1899) a exercé son métier de médecin sur le canton d’Eygurande exclusivement. Il fut en outre maire de la commune et conseiller général du même canton de 1867 jusqu’à sa mort.

Il connaissait donc parfaitement ce territoire et ses habitants, avait sans doute recueilli quelques confidences lors de ses visites. Et il était donc parfaitement fondé à en faire la description.

Il a rédigé une monographie, parue en 1891, dans laquelle il décrit en détail le canton, sa géographie, son histoire et ses habitants. Et il consacre un chapitre à chacune des 10 communes qui le composaient alors (depuis 2015, il a été intégré dans le canton d’Ussel et n’a plus d’existence administrative )

Cet ouvrage constitue un témoignage historique précieux et précis sur la vie dans les campagnes Haute-Corréziennes, à la fin du XIXème siècle. On prétend que son recensement de la faune piscicole sert encore de référence pour évaluer la perte de diversité et l’appauvrissement de la richesse biologique de nos rivières.

Le docteur Longy n’est pas un écrivain à proprement parler, plutôt un érudit. Il a écrit d’autres ouvrages à caractère historique : « Port Dieu et son prieuré » (1889), « Généalogie de la famille de Bort » (1895)

 

[ Sur la géologie et ses limites de l’époque ]

Époque secondaire.

Cette époque a une durée de 2 millions 300 mille ans environ, pendant laquelle la croûte terrestre augmente de cinq kilomètres d’épaisseur. [ on sait aujourd’hui que le mésozoïque a duré 180 millions d’années ]

Le jour et la nuit n’existent pas encore; une température uniforme de 26 à 30 degrés se maintient pendant toute l’année dans notre pays, où les arbres à feuilles persistantes et les animaux géants deviennent nombreux.

[ À cette époque, pour évaluer l’âge de la terre et du système solaire, les astronomes et géologues essaient de calculer le temps nécessaire pour que la Terre passe graduellement de l’état gazeux initial à l’état solide, la température diminuant régulièrement jusqu’aux valeurs qu’on connaît actuellement. Ce faisant, ils ignorent alors la chaleur résultant de la fission des atomes, phénomène encore inconnu à l’époque et commettent donc une erreur importante… ]

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[ Description de la campagne Corrézienne ]

Ces villages, presque toujours bâtis à mi-côte des mamelons, abrités contre les vents du nord, offrent un aspect rustique et gracieux avec leurs maisons couvertes en chaume et les grands

arbres qui les entourent. Les habitations, surtout celles nouvellement construites, sont assez confortables et sans les fumiers et les terreaux qui encombrent les chemins et s’étendent jusqu’aux portes, elles seraient dans d’assez bonnes conditions de propreté et de salubrité.

Les prés, les champs et les pacages, généralement situés autour des bâtiments d’exploitation, sont clos par des haies d’aubépines, de houx, de coudriers, de hêtres, de chênes, de bouleaux et de frênes. Puis viennent les bruyères qui recouvrent les sommets, et de petits bouquets de bois plantés çà et là.

Quelques arbres fruitiers bordent les chemins du village ou forment de petits vergers.

Des ruisseaux à l’eau limpide parcourent les vallées et arrosent les prairies.

Aux mois de mai et de juin, arbres et plantes ont une couleur vert-tendre qui réjouit la vue et qu’on ne rencontre que dans les pays montagneux.

Le silence de cette belle nature n’est interrompu que par le murmure des ruisseaux, le bruissement des feuilles, le bourdonnement des insectes, le cri des animaux, le chant des oiseaux et des laboureurs. Pendant les beaux jours, une course à travers les petits sentiers des bruyères ou à l’ombre des grands arbres, offre un charme tout particulier et difficile à décrire.

Tantôt on parcourt une petite vallée ombreuse et fraîche, tantôt du haut d’un monticule on découvre un immense horizon; un ciel pur déploie son dôme azuré ; les oiseaux voltigent de branche en branche, les abeilles butinent les fleurs; un chant lointain vient parfois frapper l’oreille;

on respire un air tiède et pur ; on est heureux de vivre, et on reste plongé dans une douce rêverie.

Sur les plateaux, le panorama est admirable ; la vue s’étend jusqu’aux montagnes d’Auvergne ; elle embrasse à de grandes distances le Puy-de-Dôme, le Cantal, la Corrèze et la Creuse.

Les plus beaux points de vue sont au château et au plateau d’Aix, à Lavervialle et au Puy-Saley, près de Lamazière-Haute, au plateau de Bongue, et sur les hauteurs de la Bourgeade et de la Veyssie.

Le climat du canton d’Eygurande est très sain, mais assez froid. Son altitude et sa proximité des montagnes d’Auvergne, dont les sommets sont recouverts de neige pendant six mois au moins, en sont la cause principale. La température est variable, ses changements sont brusques même en été; la moindre ondée ou le vent du Nord font baisser le thermomètre. Aux mois de juillet et d’août, les journées sont souvent très chaudes, quoique tempérées ordinairement par une brise légère, mais la température s’abaisse le soir et les nuits sont relativement fraîches.

[ Avis aux promoteurs d’éoliennes ]

Les vents sont très variables ; ils changent souvent de direction du matin au soir ; aussi il est impossible d’établir des moulins à vent dans notre pays.

[ Le climat ]

Souvent, vers la fin d’octobre, une légère couche de neige vient blanchir la terre pendant un jour ou deux et annoncer l’hiver ; souvent aussi elle reparaît pour quelques heures au mois de mai et même de juin pour nous rappeler les neiges d’antan ; mais les mois réellement neigeux sont ceux de décembre, janvier et février. La couche neigeuse atteint parfois une épaisseur moyenne de 50 à 80 centimètres. (En 1829-30 et en 1870-71, elle a dépassé 1 mètre de hauteur). Elle persiste alors sans interruption pendant deux ou trois mois. Chassée des sommets par les vents du nord et du nord-est, la neige s’amoncelle dans les vallées et les chemins en contre-bas. La circulation des voitures devient impossible, et c’est alors que les habitants de Laqueuille et de ses environs se rendent en traîneau aux foires de Bourg-Lastic et d’Eygurande.

Pendant ces longs hivers surviennent parfois des tourmentes de neige appelées écirs ou échires, du celtique échira, neige, tourmente. C’est un des phénomènes les plus redoutables des pays élevés ; c’est le simoun du désert. Pour l’œil exercé, l’ouragan a des signes précurseurs : l’horizon est gris et sombre, les hauteurs se couvrent d’un voile, des nuages immobiles obscurcissent le ciel, le froid est vif et piquant, la nature prend un aspect morne et triste, c’est le repos absolu avant une lutte violente. Tout à coup un vent furieux se déchaîne ; il soulève des tourbillons de neige et produit des bruits étranges qui sont presque des lamentations. La bourrasque vous enveloppe alors ; une neige fine et ténue vous fouette le visage et produit l’effet de piqûres d’épingles ; elle vous aveugle et pénètre même à travers vos vêtements. Au milieu de la lande que recouvre un immense linceul de neige, vous avez beau vous retourner, vous êtes toujours battu par la tempête. Complètement égaré, vous allez devant vous, au hasard, puis, poussé par un tourbillon, vous décrivez un demi-cercle et vous revenez sur vos pas. Peu à peu la fatigue s’empare de vous, vous vous asseyez pour respirer et pour vous reposer; vous vous endormez et la mort vient vous surprendre pendant ce sommeil léthargique.

[ Les voies de communication ]

Jusqu’en 1822, la voie romaine [passe à Aix notamment – lien] fut le seul chemin à peu près viable du canton ( ! )

[ Les habitants et leurs coutumes ]

Les habitants du canton sont généralement robustes et bien constitués ; au point de vue du recrutement [ le conseil de révision ?], ils occupent le premier rang dans la Corrèze.

il existe deux types principaux qui se rattachent aux races primitives.

Certains individus, sous-brachycéphales orthognathes, à la taille moyenne ou petite, aux cheveux lisses et plats, noirs ou châtain foncé aux yeux bruns ou bleu foncé, au front peu élevé, à la peau mate et velue, au cou assez court, aux épaules larges, à la poitrine bien développée, aux membres fortement musclés, représentent la race celtique.

D’autres, sous-dolichocéphales orthognathes, à la taille élevée au front large et découvert, aux cheveux blonds ou châtain clair, aux yeux bleus ou gris, à la peau blanche, au teint coloré, aux membres moins charnus, se rattachent aux races germaniques.

L’occupation romaine paraît avoir apporté des mœurs et des institutions plutôt qu’un élément ethnique ; les légions étaient du reste composées de peuples divers ; néanmoins, quelques rares familles rappellent encore les types grec et romain.

On rencontre aussi quelques personnes aux pommettes saillantes,au visage anguleux, au front bas, au nez épaté, aux narines ouvertes, aux yeux un peu obliques, aux cils courts, a la bouche grande avec de grosses lèvres,aux incisives larges et proclives, aux mains et aux pieds petits, aux cheveux rudes et plats, aux membres gros, charnus et bien dessinés. Ils descendent de la race mongole, et leurs ancêtres, sous le nom de Huns, ont ravagé le pays au Ve siècle.

Il existe encore de nos jours de très rares individus aux cheveux et aux yeux noirs, à la peau brune ou basanée, à la taille élevée, à la constitution plutôt maigre que grasse, aux muscles d ‘acier, qui rappellent le type arabe et l’invasion du VIIIe siècle.

[ brachycéphale : qui a le crâne plus large que long ; contraire : dolichocéphale ]

[ La langue locale : le patois ]

Le langage usuel est le patois, cette vieille langue limousine qui brilla d’un si vif éclat au moyen âge.

Autrefois ce dialecte était usité dans les couvents de femmes, tandis que le latin était employé dans les couvents d’hommes. Il y a quelques années, les curés faisaient encore dans nos campagnes leurs sermons et le catéchisme en patois.

Depuis le XVe siècle, la langue française prend de jour en jour une prépondérance de plus en plus grande; et par suite de l’émigration et de l’instruction primaire, dans quelques années, notre vieux patois ira dormir du côté du grec et du latin.

[ Les mœurs ]

La femme est l’égale du mari

Dans un mariage, après les qualités morales et intellectuelles, on doit surtout recherche la santé et une bonne constitution

Les garçons se marient ordinairement entre vingt-cinq et trente ans, les filles entre dix-huit et vingt deux ans. C’est l’âge le plus convenable à tous les points de vue.Une sympathie mutuelle, les convenances de famille et les intérêts matériels contribuent chacun pour leur part à ces unions, qui sont généralement heureuses ; car futurs et familles se connaissent parfaitement ; aussi la séparation de corps et le divorce sont-ils inconnus parmi nos populations rurales

[ Un nom inattendu ]

Autrefois .. une chemise de toile écrue .. un large tricot pour le travail et une limousine, manteau rayé à longs poils, pour les jours de froid ou de pluie, constituaient le costume des hommes. J’ai vu, il y a à peine trente ans [ vers 1860 donc ], de beaux vieillards qui avaient conservé ce costume et portaient des cheveux longs attachés derrière la tête au moyen d’une natte.

 

sources : Bulletin de la Société des Lettres, Sciences et Arts de la Corrèze, années 1891 à 1893, BNF

 

Personnalités

Personnalités

Une personnalité selon le dictionnaire c’est une « Personne qui s’impose par son influence ou qui fait autorité dans un domaine précis »

ou bien

 un « Caractère original qui différencie une personne des autres; aspect sous lequel on la considère. Affirmer sa personnalité; avoir une forte personnalité; manquer de personnalité« 

 

 Patrick Boutot dit Patrick Sébastien

 

Né à Juillac en 1953, l’animateur Patrick Boutot, plus connu sous le pseudonyme de Patrick Sébastien, a été un joueur du club vedette de rugby de la basse-Corrèze, le C.A. Brive.

On trouve son nom dans les compositions de l’équipe de nationale B en 1972, puis en 1973; il fera une (seule) apparition en équipe première durant la saison 1973-1974. Toujours en 1973, il participera à la tournée que le club entreprend en Afrique du Sud et où il jouera un match en troisième ligne.

Il en a gardé une passion certaine pour ce sport. Les joueurs de son époque seront d’ailleurs invités dans une de ses émissions télévisées où il les présentera un à un devant la caméra.

Et il deviendra le président du club dans les années 1995-2000. Cette période connaîtra son apothéose en 1997 lors de la finale de coupe d’Europe, gagnée 28 à 9 contre Leicester alors que le club n’a jamais été champion de France. L’équipe sera encore finaliste de cette même coupe d’Europe l’année suivante contre Bath et sera battue seulement d’un petit point, 19 à 18.

 Cédric Villani

La Montagne en parle fort bien dans un article d’Éric Porte daté du 17 mai 2011 :

« Consacré au niveau mondial par la médaille Fields 2010, Cédric Villani, originaire de Brive, est revenu dans sa ville natale, mardi 17 mai, évoquer sa passion pour les mathématiques devant des lycéens et des enseignants

On peut être lauréat de la médaille Fields 2010, l’équivalent du prix Nobel de mathématiques, et rester humble. Après avoir résumé ses travaux devant un public de lycéens et d’enseignants, lundi 17 mai à la CCI, Cédric Villani a confié que «c’est juste une gouttelette dans l’océan de ce que l’on aimerait savoir».

Invité par le proviseur du lycée d’Arsonval, Cédric Villani a dit, photos de lui tout petit à l’appui, son plaisir de revenir sur sa terre natale. Un hasard, lié aux mutations professionnelles de ses parents, enseignants ; de la Corrèze, il garde l’image d’un «vert paradis», qu’il a dû quitter à l’âge de sept ans.

Il n’en dira pas plus, pour aborder rapidement sa passion pour les mathématiques et «leur caractère abstrait qui peut s’appliquer à l’échelle d’un neutron ou d’une galaxie. C’est leur magie».

Oui, la discipline est abstraite et préfère la logique à l’expérimentation. Mais elle décrit aussi notre monde : «Le petit théorème de Fermat, qui date de 1640, est aujourd’hui au cœur des codages et algorithmes qui font fonctionner nos cartes bancaires».

Son truc à lui, ce sont «les équations aux dérivées partielles». Ne comptez pas sur moi pour vous en dire davantage… Cédric Villani a travaillé dessus pendant dix ans pour finalement découvrir «une preuve mathématique qui a mis fin à 50 ans de controverse». La ténacité, c’est indéniablement une qualité fondamentale pour un chercheur en mathématiques, tout comme «la créativité et la rigueur».

Cédric Villani a interpellé son auditoire en évoquant «l’esthétique» de sa discipline : «C’est une combinaison harmonieuse de différentes parties, comme peuvent l’être les chapitres d’un roman ».

Des limites ? Ce sont celles imposées par notre cerveau, ou plutôt parce qu’on «n’est pas assez malin. Personne ne sait expliquer, d’un point de vue mathématique, pourquoi l’eau bout». Encore une chose qui rend humble.« 

Pour apprécier à sa juste valeur le quotidien de Cédric Villani, rien ne vaut la lecture d’un passage de son livre Théorème vivant publié en 2012 au sujet de l’équation de Boltzmann :

« Supposons que les conditions rasantes sont bien présentes, d’accord ? Un modèle sans cut-off. Alors l’équation se comporte comme une diffusion fractionnaire, dégénérée bien sûr, mais quand même une diffusion, et dès qu’on a des bornes sur la densité et la température, on peut se lancer dans un schéma itératif à la Moser, adapté pour tenir compte de la non-localité. »

Ça demande bien une deuxième lecture au minimum, pour comprendre de quoi il retourne !

 Gabrielle Chanel dite Coco Chanel

Née en 1883, Gabrielle Chanel a été pensionnaire à l’abbaye d’Aubazine de 1895 à 1901; un séjour qui l’aurait profondément influencée selon la biographie d’Edmonde Charles-Roux.

En 1895, Jeanne Devolle meurt à Brive des suites de complications bronchiques causées par l’asthme à seulement 33 ans.

Sa seconde fille, Gabrielle, ainsi que ses frères et sœurs se retrouvent orphelins.

Son père, Albert Chanel, plus préoccupé par son métier de commerçant itinérant que par ses enfants, fait placer – on pourrait même dire abandonne – ses filles dans un orphelinat, à l’abbaye d’Aubazine.

La future Coco Chanel qui n’a alors que 12 ans, passera là 6 années de sa vie avec ses sœurs Julia et Antoinette.

Les sorties sont rares et pendant les vacances, les pensionnaires sont envoyées à Spontour, une école ménagère tenue par des sœurs de Mauriac

Tout au long de ces années de pensionnat, elle va apprendre la couture, la religiosité, la discipline.

À l’évidence, ces années passées dans cet orphelinat exigeant vont l’influencer durablement et certains, comme Edmonde Charles-Roux qui a écrit une biographie de Coco Chanel, affirment en retrouver la trace dans plusieurs de ses créations :

– la sobriété des lieux, la pierre, le blanc et le noir comme seules couleurs, le dépouillement des lieux auraient largement influencé Coco Chanel dans le dessin de ses créations.

   

– la forme du logo de la marque – deux C entrelacés – serait inspiré, du moins pour ce qui est de la forme, des vitraux de l’abbaye d’Aubazine;

– même chose pour le dessin du chiffre 5 de son célèbre parfum, qui recopierait ce qu’elle a pu voir de près, dessiné dans le pisé des couloirs des dortoirs de l’orphelinat d’Aubazine.

Gabrielle Chanel a été d‘une discrétion à toute épreuve sur ses années d’orphelinat. Sans doute gardait-elle un ressentiment profond de son séjour en ces lieux et ce qui l’y avait conduit, c’est à dire son abandon par son propre père.

Toujours est-il que deux décennies plus tard, elle aura atteint les sommets de la notoriété en imposant son style, qui derrière une apparente simplicité, propose une nouvelle image de la femme et de la mode féminine, plus androgyne, plus pratique, plus chic. Elle sera l’emblème de la haute couture Française pendant près de 40 ans, entre 1920 et 1960. Succès juste éclipsé un temps après guerre, en raison des liens qu’elle aurait noués avec l’occupant nazi.

Ouvrages consultés :

Coco Chanel d’Henry Gidel éditions Flammarion 2000

L’irrégulière Edmonde Charles-Roux 1974

 

 Henry de Jouvenel

(de son vrai nom Jouvenel des Ursins, famille originaire de Champagne)

Après avoir débuté comme chef de cabinet dans deux ministères, il se tourne vers le journalisme et devient rédacteur en chef au quotidien Le Matin en 1906, avant de faire une carrière politique d’envergure. Le Matin est alors un quotidien à grand tirage, l’un des plus importants en France.

Il a déjà deux fils quand il rencontre en 1912, l’écrivain Colette qui collabore au quotidien. Elle séduit celui qu’elle surnomme Sidi et bientôt s’installe en Corrèze à Castel Novel, dans le château des Jouvenel à Varetz.

Leur fille, prénommée Colette, surnommée Bel Gazou, naît le 3 juillet 1913 ,

Pendant la guerre, Henry de Jouvenel est mobilisé dans l’infanterie puis assure une mission diplomatique à Rome.

Après la guerre, Henry de Jouvenel commença une carrière politique comme son grand-père Léon qui avant lui avait été député de la Corrèze à deux reprises. Sénateur de la Corrèze de 1921 à 1933, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts en mars 1924 et enfin haut-commissaire de la République française en Syrie et au Liban. Il prit part à la réorganisation de ce pays qui conduisit à la proclamation de la république du Liban.

Dans l’intervalle, en 1923, Colette se sépara de lui (après avoir entretenu une liaison avec son fils Bertrand de Jouvenel, issu de son premier mariage… 🙃)

Ce proche d’Aristide Briand milita pour la paix.

En 1932 et 1933, il sera ambassadeur de France en Italie où il renouera en quelques mois des relations amicales avec le régime de Mussolini. Il sera ensuite nommé ministre de la France d’Outre-mer, en 1934, et assurera plusieurs fois la fonction de délégué de la France à la Société des Nations.

C’est aussi, on l’a oublié, un grand promoteur du tourisme en Corrèze : il présidera jusqu’à sa mort la Fédération des syndicats d’initiative du Limousin du Quercy de la Marche et du Périgord et rédigera de nombreux articles pour les guides. Le voyage qu’il organise pour Poincaré à travers la Corrèze a de gros retentissements pour la région.

Il parle souvent de la Corrèze et avec éloquence. Le 25 août 1935, il inaugure la table d’orientation des Monédières au Suc au May : « Nous sommes venus ici, respirer en ces lieux, l’air pur de la liberté ». Amoureux des traditions de la Corrèze (il aimait particulièrement Collonges-la-Rouge), Henry de Jouvenel en est le promoteur et l’ambassadeur auprès des Parisiens et des étrangers.

Sources : https://www.landrucimetieres.fr/spip/spip.php?article4152

 Colette

Ses épisodes corréziens sont évoqués ici et

 Jean Ségurel

Célèbre musicien accordéoniste, né à Chaumeil en 1908, décédé en 1978. Auteur entre autres, du célébrissime titre « Bruyères corréziennes« , un hit assez énorme. Il est aussi connu pour avoir crée en 1952 la course cycliste, le Bol d’Or des Monédières, qui connut des vainqueurs prestigieux : Fausto Coppi, Geminiani, Anquetil, Poulidor, Fignon, Virenque, Jalabert, etc

   

Lina Margy (de son nom Marguerite Verdier) née aussi en Corrèze, à Bort les Orgues, fut une chanteuse connue. Son plus grand succès fut Le petit vin blanc mais aussi, on le sait moins, elle interpréta Voulez-vous danser grand-mère que l’on attribue plus volontiers à Chantal Goya.

 

 Éric Rohmer

Jean Marie Maurice Schérer, dit Éric Rohmer, né à Tulle en 1920 (décédé en 2010). Ancien élève du lycée Edmond Perrier.

Après avoir débuté en tant qu’enseignant (professeur de lettres), Eric Rohmer va se diriger vers le cinéma; il sera directeur de La Gazette du cinéma en 1950 et fera la connaissance de Godard, Truffaut et Chabrol. Ce groupe de futurs réalisateurs intègre rapidement les Cahiers du cinéma, dont Rohmer sera rédacteur en chef de 1957 à 1963.
Il réalise son premier long métrage en 1959.

En 1962, il entame un cycle baptisé Contes moraux. On trouve dans ces intrigues sentimentales les thèmes favoris du cinéaste (la tentation de l’infidélité, le destin) ainsi que le style qui fera sa marque, entre légèreté et sophistication, dialogues littéraires et mise en scène épurée. Ma nuit chez Maud (1969), et Le Genou de Claire (1970, Prix Louis-Delluc) sont particulièrement remarqués.

 Le cinéaste indique avoir choisi le pseudo d’Éric Rohmer parce qu’il lui plaisait bien, pour sa sonorité (Cf Wikipedia)

La médiathèque de Tulle porte son nom.

https://www.lamontagne.fr/paris-75000/loisirs/il-y-a-50-ans-rohmer-tournait-ma-nuit-chez-maud-dans-la-region-de-clermont-ferrand_13089878/

https://www.lamontagne.fr/tulle-19000/loisirs/une-annee-eric-rohmer-a-tulle-sa-ville-natale-pour-le-centenaire-de-sa-naissance_13720195/

 Anny Duperey, Nivelle et d’autres …

L’actrice Anny Duperey demeure fréquemment en Creuse et a noué des liens étroits avec la commune de St-Hilaire-Luc près de Neuvic) – voir sur le site de la commune, son éloge de cette commune et de ses habitants :

http://www.sainthilaireluc.fr/

https://www.lamontagne.fr/neuvic-19160/loisirs/dans-le-bourg-de-saint-hilaire-luc-un-espace-culturel-a-ete-inaugure-avec-anny-duperey_12924232/

https://www.lamontagne.fr/saint-hilaire-luc/2015/03/11/des-lectures-poetiques-avec-anny-duperey_11358844.html

Henri Cueco, peintre né à Uzerche (Les hommes rouges, le grand méchoui, les chiens qui sautent, onze variations sur le thème du radeau de la méduse …) ; son épouse Marinette Cueco est une artiste plasticienne

https://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand-63000/actualites/le-peintre-henri-cueco-en-quelques-mots_12322087/

Robert Georges Nivelle né à Tulle en 1856 ; un temps à la tête des armées françaises durant la première guerre mondiale, en remplacement de Joffre. Il dirigea l’offensive sanglante du chemin des Dames en 1917 dont l’échec conduisit à son remplacement par Philippe Pétain

Joseph Souham : né à Lubersac en 1760, il fut un maréchal d’empire

Marcel Treich-Laplène: né à Ussel : explorateur de ce qui deviendra la Côte d’Ivoire. Il sillonnera le pays dont seule la bande littorale est connue afin de conclure des traités avec les chefs de tribus. Il en deviendra finalement administrateur. Malade, il décède prématurément à l’âge de 30 ans en 1890.

   

Eugène Freyssinet : né à Objat, polytechnicien, inventeur du béton précontraint qui représenta une révolution dans la technique de construction d’ouvrages en béton.

La précontrainte consiste à mettre en compression une poutre béton sous l’effet de la tension de câbles préalablement mis sous tension, puis libérés. Les câbles transmettent alors leur contrainte au béton et le compriment : la poutre est alors susceptible de supporter des charges plus importantes qu’avec un ferraillage classique.

https://www.lamontagne.fr/objat-19130/actualites/anniversaire-de-la-disparition-deugene-freyssinet_1193002/

https://www.lamontagne.fr/moulins-03000/loisirs/a-moulins-allier-l-arche-dessai-de-l-ingenieur-freyssinet-inscrite-aux-monuments-historiques_14078216/

Tornade Pierre : pseudo de Tournadre né à Bort les Orgues ; comédien

Louis Neel, prix Nobel de physique en 1970 pour ses travaux sur le magnétisme, créateur du centre d’études nucléaires de Grenoble, est décédé en 2000 à Brive. La seule chose qui l’attachait à la ville semble être une de ses proches, qui avait été enseignante dans cette ville.

Marius Vazeilles  :

Un homme aux multiples talents, un écologue avant l’heure.

Garde forestier puis ingénieur du génie rural, il sera chargé par Henri Queuille d’étudier les possibilités d’aménagement et de reforestation du plateau de Millevaches (l’idée sous-jacente est d’occuper les prisonniers de guerre à cette entreprise…)

Il est député du front populaire de 1936 à 1940,

passionné d’archéologie, c’est lui qui entreprendra les premières fouilles sur le site des Cars à St Merd-les-Oussines en 1936, puis dans la période d’après guerre.

Un musée portant son nom regroupe ses collections archéologiques à Meymac.

C’est aussi un pépiniériste et un expert forestier reconnu qui participera à l’introduction du pin Douglas sur le plateau de Millevaches.

Christian Binet , auteur de Kador et des Bidochon, deux séries Bd humoristiques et caustiques, est né à Tulle

Antoine Paucard , sculpteur et poète ; né à Saint-Salvadour. Une personnalité atypique, tour à tour paysan, terrassier, maçon. Il a laissé une soixantaine de sculptures représentant des personnages historiques dans le musée qui lui est consacré à Saint-Salvadour.

À proximité du village, un monolithe imposant porte une plaque de marbre sur laquelle est gravé un poème à la gloire de Sedullix, chef gaulois de la tribu des Lemovices, cité par César dans ses commentaires de la guerre des Gaules

http://payslimousin.canalblog.com/archives/2012/11/22/21100998.html

 

Merci au journal La Montagne, toujours bien renseigné et riches d’articles intéressants et bien documentés !

Christian Signol

Christian Signol

Christian Signol

Né dans le Lot, il a appartenu un temps à « l’École de Brive », ville dans laquelle il a vécu et travaillé.

Son ouvrage le plus connu est sa trilogie, La rivière Espérance, qui a fait l’objet d’une adaptation télévisée en 1995. Il a obtenu le prix des maisons de la Presse en 1997 pour Les vignes de sainte-Colombe

 

« Il y avait les jeudis, les vacances, mais il y avait surtout l’école, et d’abord le chemin de l’école …

Cette école était composée de deux bâtiments de même dimension accolés l’un à l’autre (le cours élémentaire et le cours moyen), le tout s’appuyant sur l’immeuble qui longeait la rue et abritait le logement des instituteurs. Deux cours rectangulaires étaient séparées par une murette .. où s’ébattaient d’un côté les filles, de l’autre les garçons, car il était d’usage d’établir une ségrégation devenue aujourd’hui heureusement caduque.

Là officiaient deux instituteurs magnifiques .. et dont le métier était une mission : alphabétiser toute une population rurale en lui apprenant également les rudiments de la morale, de la politesse et de la propreté. Que de revues d’ongles, d’oreilles, de cheveux, à l’entrée en classe !

La cour de récréation me paraissait immense alors qu’elle est minuscule. Il y avait un marronnier au milieu, qui servait aux plus faibles de refuge contre les vagues de « l’épervier », ce jeu qui consistait, pour trois ou quatre garçons aux mains réunies, à empêcher les autres de traverser la cour. Le préau, lui, avec sa corde à nœuds, appartenait à ceux qui préféraient les jeux plus paisibles. Il abritait également les « cabinets » à l’odeur de Crésyl, et un banc fait d’une poutre posée sur deux pierres.

Dès l’aube, je partais rejoindre mes grands-parents qui fanaient. Nous étions quatre alors, dans le matin où circulait encore la fraîcheur de la nuit… Munis de râteaux aux longues dents de bois, nous écartions le foin coupé la veille, pour qu’il sèche au soleil. Il y avait, me semblait-il, mille ans que l’école était finie… Nous avancions lentement, attentifs à bien écarter les andains jaunes et verts comme des ventres de tanches.

Je préfère les saisons « fortes » .. L’hiver c’était le froid, la neige, et le refuge clos de la maison à peine éclairée par la cheminée. C’est d’ailleurs l’une des premières images qui me revient à l’esprit : je suis derrière les carreaux et je regarde tomber de lourds flocons à l’approche de la nuit. Derrière moi, les flammes de la cheminée murmurent leur vague présence, chaude et rassurante, et m’incitent à ne plus bouger, à ne plus respirer, à écouter le silence d’étoupe qui a envahi le village, égratigné seulement par les pattes des moineaux dans la gouttière.

L’hiver parfois, s’éternisait et les beaux jours se faisaient attendre. Celui de 1956 a laissé une trace indélébile dans ma mémoire car le froid et la neige nous contraignirent à rester enfermés une semaine. Tout était figé, prisonnier du gel, même les branches du marronnier qui se trouvait devant la fenêtre, et qui resplendissaient comme un lustre. Par moins vingt degrés dehors, on entendait, la nuit, éclater le tronc des arbres. Le matin, c’était le silence qui me surprenait … « 

Extraits de Bonheurs d’enfance, 1996

Richard Millet

Richard Millet

Richard Millet

Originaire de Viam, Richard Millet vit, de sept à quatorze ans au Liban, sa deuxième culture, puis rentre en France. Il enseigne pendant quelque temps, d’abord dans le Nord, puis en banlieue parisienne. Il publie ses premiers romans aux éditions P.O.L. (Ndlr : d’après les initiales du fondateur : Paul Otchakovsky-Laurens) en 1983, plus tard chez Gallimard. Au total, il fera paraître plus de 80 ouvrages en l’espace de trente ans. Une œuvre complexe et exigeante où la recherche du style est primordiale.

Il a assuré également le rôle d’éditeur chez Gallimard et a donc participé à la sélection des manuscrits reçus; il fera ainsi publier deux prix Goncourt : « Les bienveillantes«  de Jonathan Littell en 2006 et « l’Art Français de la guerre«  d’Alexis Jenni en 2011.

Richard Millet aurait souhaité être pianiste, une passion pour le clavier qu’il assouvit en amateur. Son essai «Éloge littéraire d’Anders Breivik» a créé la polémique en 2012 ; soumis à la pression de la bienpensance, il est finalement obligé de démissionner du comité de lecture de Gallimard. Ce qui en dit long sur la liberté d’expression qui ne supporte plus la moindre divergence idéologique par rapport à la ligne gaucho-germano-pratine

 

l’art de la conversation n’étant pas tout à fait mort, l’orthographe pas encore erratique, la langue nivelée, déstabilisée à coups d’apocopes, d’aphérèses,(1) d’argot, de sigles et de parataxes (2)

Il était originaire d’une combe, à l’autre extrémité du plateau de Millevaches, d’un hameau qui s’appelait Prunde ou Taphaleschas, un nom bizarre où s’entend encore le bruit des Barbares qui ont déferlé sur l’Europe, dans l’ancien temps.

Une fois avalée la tranche de saint-nectaire glissée dans un morceau de pain si épais qu’on ne pouvait plus lui donner le nom de tartine que s’obstinait pourtant à employer ma mère, mais celui de casse-croûte, ou encore de «cassou», morceau de pain si gros qu’il fallait le couper au couteau et non avec les dents, j’allais derrière l’ancien fournil … Pas d’eau courante, pas de toilettes, pas de réfrigérateur : une maie dans laquelle on gardait le beurre, la viande, le fromage et les œufs, tandis que le pain était rangé dans un râtelier accroché au plafond. Pas de salle de bains non plus, et une nouvelle fois je me demande comment j’ai fait pour rester propre au cours de ces deux mois, car je ne garde aucun souvenir de m’être lavé, et si je l’ai fait, ce ne pouvait être que la figure et les mains, si bien qu’à la fin de l’été je devais sentir cette riche et complexe odeur de paysan qu’on peut encore trouver aujourd’hui non plus en Europe, d’où les odeurs corporelles ont été presque partout bannies, mais chez les paysans de l’Anatolie, du plateau calcaire de haute Syrie, ou dans les steppes de l’Asie centrale.

.. et qui n’a pas connu le bonheur de lire pendant des heures, la nuit, en entendant le crépitement de la pluie sur le toit dans le grand silence, n’a rien connu des rares plaisirs de ce monde.

elle dont le langage était aussi délicat que le corps, et l’appétit si mince que Jeanne s’en agaçait, prétendant que ça lui «savait mal», idiolecte siomois équivalent à «faire du tort», ou à «faire honte»

Un autre exemple, tenez : Émile Littré, vous savez qui c’est, n’est ce pas ? Eh bien, sa femme l’a trouvé une fois en train de lutiner la bonne, et lui a dit : «Monsieur, je suis surprise !» Littré lui a répondu, transformant l’adultère en leçon de langue française : «Non, madame, c’est nous qui sommes surpris; vous, vous êtes étonnée ..»

Ma vie parmi les ombres, Gallimard, 2003

(1) apocope, aphérèse : pour simplifier, on dira que ce sont des synonymes « d’abréviation« 

(2) parataxe : suppression des liaisons de subordination entre deux ou plusieurs propositions

Pierre Bergounioux

Pierre Bergounioux

Pierre Bergounioux

Ancien élève de l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud, agrégé de lettres modernes, lauréat du Prix Alain-Fournier (1986), à l’occasion critique littéraire, mais aussi sculpteur, enseignant, militant de gauche, père de famille, pêcheur de truites et de gros livres, Pierre Bergounioux a publié de très nombreux ouvrages ; son site recense près de 90 publications entre 1984 et 2016.

Outre l’écriture, il avoue sa passion pour l’entomologie et collectionne les papillons et autres insectes; on le connaît aussi pour ses sculptures soudées qu’il crée à partir de matériaux de récupération

 

Au sujet du tour de France et du vélo en général :

S’il est un endroit de la terre qui décourage l’emploi du vélo, c’est Brive. Enfouie comme elle l’est, au fond du paysage, cernée de collines, elle n’offre d’échappatoire que par le lit de la Corrèze. C’est seulement du côté de la plaine aquitaine que la quantité de mouvement que le pied communique à une roue à rayons par l’intermédiaire d’une chaîne l’emporte sur l’action rétrograde de la gravité.

Partout ailleurs, on se heurtait à l’obstacle des collines, à l’interdit qu’elles opposaient à l’envie d’aller, au désir de connaître.

Avant d’accéder aux esplanades du Quercy voisin, il fallait gravir l’épaulement de Saint-Antoine puis l’âpre coteau de Noailles où la blancheur du Causse et l’éclat du midi succédaient au vieux grès permo-carbonifère humide et gris. On n’avait pas plus de facilité lorsqu’on cherchait une issue par le côté, vers Turenne. On se trouvait immédiatement aux prises avec l’escarpement sinueux, dangereux, qui culminait au Rocher Coupé.

Un dénivelé de huit cent mètres nous séparait de l’extrémité opposée du département, du haut berceau des sources, en Est, sur Millevaches. Et si l’on me demandait, aujourd’hui encore, quelle est de toutes les routes du monde la plus détestable, je répondrais sans balancer : la nationale 121. Sous ombre de nous conduire vers la Xaintrie, elle s’ingéniait à nous perdre dans les ravins de l’auréole métamorphique, à nous donner la nausée, à nous anéantir.

Aussi loin que je m’enfonce à reculons dans la plaine de ma mémoire, jusqu’au seuil énigmatique des brumes et de l’oubli, c’est ainsi qu’il en va. L e Tour de France, le peu que j’en sache, c’est la note hystérique, l’accent de démence qui passent dans la voix du speaker commentant le sprint de l’arrivée et puis, dans le journal du lendemain, le visage ravagé par l’effort et la souffrance du vainqueur. Quelques noms très anciens surnagent, ceux de Fausto Coppi et de Louison Bobet, de Darigade et de Bartali, parce qu’ils sont contemporains, pour moi, de l’heure merveilleuse où l’on s’éveille à la conscience conjointe du monde et de soi-même et que c’est, très momentanément, merveilleux.

Tour de plumes corréziennes Les 3 Épis, 1996

Au sujet de sa ville de Brive :

La route de Bordeaux sur l’axe des longitudes, était la plus cossue et la plus déplaisante de nos avenues. Elle était flanquée de maisons bourgeoises à marquises et balustres dont la lourde porte s’ornait de plaques de cuivre fourbi. Ce qu’il y avait écrit dessus, l’éclat jaune, l’importance qu’on y donnait gâtaient les prémices de l’ouest et, par contagion, le Périgord prochain. Il n’était question que d’affaires graves ou importunes, d’urologie et d’affections cardio-vasculaires, d’expertise fiscale, de gens ennuyeux, d’huissiers, d’assureurs et d’avoués. .. On essayait de ne pas penser à ce qu’on voyait, à l’heure inévitable où il nous faudra pousser une lourde porte à plaque de cuivre.

La neige s’apparentait aux requins et aux mangues. Nous ne l’avions pas sur place , comme la Belle Époque ou l’entre-deux-guerres, la rivière la gazelle ou le bananier. Les deux ou trois fois qu’elle descendit de l’empyrée me sont restées en mémoire comme autant de fêtes éblouissantes et brèves. Tout avait fondu le lendemain. Une boue grisâtre, où l’on pataugeait tristement, avait remplacé le grand déploiement de taffetas, de satins, d’écrins et de cristaux. Mais il y avait d’autres neiges, cousines, celles-ci, des insectes et du sanglier. J’entends encore des hommes mûrs, que leurs affaires conduisaient sur le plateau, parler avec respect des bourrasques qui les avaient enveloppés du côté d’Egletons ou de Saint-Angel, du fossé où la 89 les avait expédiés, eux qui, Brivistes, s’estimaient de talentueux conducteurs. Ils débitaient leur histoire comme s’ils avaient encore été cramponnés au volant, qu’ils eussent lutté dans la tourmente avec des roues qui ne répondaient plus et les gros hêtres mauves, homicides, qu’on croit à l’ancre dans les talus, zigzaguant devant eux comme des hommes ivres.

L’empreinte, Terre d’encre 1997

Michel Peyramaure

Michel Peyramaure

Michel Peyramaure

Le spécialiste du roman historique; né à Brive et membre fondateur de cette même école de Brive ; auteur prolifique puisque sa production a dépassé les 70 romans. Il a raconté Henri IV, Suzanne Valadon, Napoléon, Jeanne d’Arc, Vidocq, Sarah Bernhardt et quelques autres …

 

[Les Monédières]: Les forêts de hêtres … le cœur se serre en constatant qu’elles sont grignotées peu à peu par l’invasion germanique des conifères qui, s’ils dévitalisent le sol, revitalisent quelques comptes en banque. On peut voir dans ces nouveaux sous-bois une image de cathédrale ou de cimetière selon son humeur. Pour ma part je ne leur trouve de plaisant que ce silence ou cette rumeur marine que suscite le moindre souffle de vent, mais la stérilité du sol m’afflige.

[Vigeois]: Il était une fois un moine qui vivait dans une cellule de la vaste abbaye de Vigeois, au dessus des gorges de la Vézère. Il s’appelait Geoffroy et avait une vocation ; celle de chroniqueur. Il nous a laissé un recueil de chroniques du XIIIe siècle, mais rien de sa vie, de son origine, de son apparence physique : un personnage d’une discrétion absolue. Il nous reste à l’imaginer écrivant à la chandelle après la prière du soir la transcription des récits de pèlerins entendus au cours de la journée au réfectoire. Notamment cet étonnant récit du survol de Londres par un vaisseau aérien habité, peut être par des Martiens, comme ceux qui figurent sur les tombes Mayas et que j’ai vus à Palenque(1) chevaucher d’étranges machines.

Lamazière Basse, au sud-ouest de Neuvic, a, lui, une magnifique carte postale à nous offrir, sous forme d’une chaire d’église. La donatrice est Marie-Angélique de Fontanges, la dernière maîtresse du roi-Soleil à son crépuscule, dont les caresses séniles de la Montespan ne parvenaient pas à réveiller la virilité défaillante. Sa majesté fit un enfant à la belle, qui avait dix-sept ans ; il mourut mystérieusement et elle le suivit de peu, empoisonnée, dit-on, par un Locuste de la Cour. Marie-Angélique a vécu non loin de là, au château de Roussille, qui est encore habité. Au temps (très bref) de sa gloire ensoleillée elle dota l’église de Lamazière d’un mobilier somptueux, notamment d’une chaire, peut être pour racheter les faiblesses de la chair. Marie-Angélique a un autre titre de célébrité : la coiffure dite « à la Fontange » qui faisait fureur à son époque.

Sainte-Fortunade, capitale de la châtaigneraie, allie dans son enclos médiéval, en marge d’un parc très soigné, le féodal au religieux. Le château d’une belle envolée est le siège de la mairie. L’église nous propose l’un des plus purs chefs d’œuvres d’art religieux de la Corrèze : le chef reliquaire de Sainte-Fortunade qu’on a appelé, à cause de son sourire, la Joconde Limousine. Ce visage aux yeux clos sur lequel glisse la lumière des cierges, n’a pas fini de faire rêver.

Extraits de l’ouvrage Balade en Corrèze, Les 3 épis, 1993

(1) Cette comparaison fait référence au dessin figurant sur une tombe maya, où l’on voit un personnage dont la position et l’attitude font penser à celle d’un pilote …

Denis Tillinac

Denis Tillinac

Denis Tillinac, originaire d’Auriac

Un des fondateurs de l’école de Brive

Journaliste local (localier) à La Dépêche (propriété de la famille Baylet à la tête, à l’époque, du parti radical le MRG, une des composantes de l’Union de la Gauche), écrivain, soutien inconditionnel de Chirac. Il a écrit plusieurs ouvrages où il raconte cette rencontre avec le futur Président et la fascination qu’exerce sur lui le personnage :

 

« Sans la complicité de Belcour(1), Chirac n’aurait pas rencontré son destin. En tout cas pas celui d’un homme d’État. ..

Dès la prise inopinée de la circonscription [d’Ussel], en 1967, une amitié égalitaire, inconditionnelle, sans concession et sans nuage s’est tissée entre le deux hommes. ..

Belcour osait lui dire à l’occasion qu’il se plantait dans les grandes largeurs. Il avait beaucoup de dons, et les plus précieux, mais pas celui de la diplomatie. Jamais homme d’influence ne fut si peu courtisan. Quelle aubaine pour Chirac, dont l’entourage, par définition, grouillait de courtisans !

Le docteur Henri Belcour et Jacques Chirac

 

On ne résistait pas à Chirac. À telle enseigne que les dignitaires de la fédération socialiste corrézienne interdisaient à leurs élus d’assister à une cérémonie où sa présence était annoncée dans La Montagne. Quiconque lui serrait la main et se laissait piéger par un bref aparté n’était plus un opposant sûr. Ses partisans étaient euphorisés, ses adversaires médusés. J’avais sympathisé avec Bernard Coutaud(2), un jeune élu, maire et conseiller général en Haute Corrèze, assez représentatif de la nouvelle vague socialiste avec ses cols roulés et ses costumes en velours côtelé. Son parti le présentait contre Chirac aux législatives. Il critiquait son clientélisme, c’était son rôle. Mais en privé, il avouait son admiration pour Chirac, lequel l’avait en estime, et noyait ses offensives sous un flot d’éloges.

Peu à peu, mes réserves sont tombées, Chirac m’a séduit … à l’ombre d’un ténor, prospérèrent immanquablement des roitelets infréquentables. Les chiraquiens locaux n’étaient pas tous folichons; pour un Belcour ou une Annie Lhéritier(3), combien de raseurs et de solliciteurs.

Quand on lui demandait s’il se sentait de droite ou de gauche, il vous dévisageait avec la lourde apathie que Simenon prête à Maigret. Comme le commissaire au début d’une enquête, Chirac humait un climat, s’imprégnait d’une ambiance et obéissait à son intuition. Comme lui, il se méfiait des théories et n’empruntait aucune grille de lecture pour évaluer une situation.

On ne comprend rien à Chirac si on occulte ce trait essentiel de sa personnalité : il ne se situe nulle part sur la topologie des attachements politiques. Ni à droite, ni à gauche, ni au centre, encore moins aux extrêmes. Idéologiquement, il est neutre.« 

Extraits de : Le venin de la mélancolie, 2004

(1) Henri Belcour, médecin et maire d’Ussel, député suppléant de Jacques Chirac sur la circonscription de la Haute-Corrèze, puis sénateur

(2) Bernard Coutaud, maire de Peyrelevade, conseiller général du canton de Sornac de 1971 à 1982 (et accessoirement fut mon condisciple au début des années 60 au lycée d’Ussel)

(3) Annie Lhéritier fut notamment chef de cabinet de Jacques Chirac durant sa double présidence

Claude Michelet

Claude Michelet

Claude Michelet auteur de la série Des grives aux loups

Fils d’Edmond Michelet, ministre du Général de Gaulle, Claude Michelet a été agriculteur et éleveur. C’est dire si malgré ses origines citadines, il connaît l’agriculture, corrézienne notamment, d’autant mieux que son épouse, originaire de Perpezac-le-Blanc vient, elle, d’un milieu d’agriculteurs.

La saga des Vialhe reste, et de loin, son plus grand succès (Prix des Libraires 1980)

 

[1905 : le certificat d’études]

Pierre-Édouard ne les avait pas oubliés (Ndr : les conseils du maître). D’abord, des copies bien présentées et d’une calligraphie sans défaut ; pas de taches ni de ratures, une ponctuation scrupuleuse et, lorsque besoin serait, de belles et gracieuses majuscules. Ensuite, une attitude modeste, réservée; pas de mains dans les poches ni de doigts dans le nez, se mettre debout pour répondre aux questions, croiser les bras dans le dos pour bien dégager la voix et ne pas couper la respiration ; toujours réfléchir avant de répondre et se défier des pièges du genre : «Vous m’avez bien dit que six fois sept font quarante-quatre ?»

[1910 : la ligne du chemin de fer]

En revanche tous les propriétaires concernés par le passage menaient une dure bataille pour obtenir le maximum de dédommagements ..

Au printemps précédent, la compagnie avait envoyé un de ses ingénieurs pour obtenir les autorisations. Le pauvre homme n’avait pas obtenu une seul signature !

Pour éviter tout risque de mécontentements, la compagnie changea de tactique et emporta ainsi la deuxième manche. Jetant au panier le tracé initial, qui avait le mérite d’être le plus court et le plus logique, mais l’inconvénient de se heurter au bloc des propriétaires, elle décida, en accord avec les Ponts et Chaussées, de suivre tout simplement la route qui serpentait déjà entre les bourgs et les villages touchés par le chemin de fer. Cela impliquait un kilométrage beaucoup plus long et des méandres grotesques mais, chiffres en main, cette opération revenait quand même moins cher …

[1914 : la guerre]

Il perçut enfin l’ordre ..

Alors, d’un geste las, il fit signe à ses hommes d’arrêter le tir, se dirigea vers eux en titubant et s’accouda contre la roue gauche de la pièce brûlante. Comme beaucoup de ses camarades, il saignait du nez et mille cloches lui sonnaient dans le crâne.

Devant lui, dans les champs bouleversés et les bosquets massacrés, s’étalaient à perte de vue des hommes cueillis en pleine course, à bout portant ;

– Passe-moi un peu de tabac.

L’homme tendit le bras par dessus le fût. Un claquement sec arrêta son geste. Son képi voltigea comme un papillon. Hébété, Pierre-Edouard vit son compagnon qui glissait mollement contre la roue. La balle lui avait perforé tout le haut du crâne. Pers ses lèvres entrouvertes, s’échappait doucement la fumée de la cigarette qu’il venait d’allumer.

Extraits de des grives aux loups,1979

[1940 : de nouveau la guerre]

Deux jours plus tard … Jacques découvrit la guerre …

Et, déjà, en face de leurs simples fusils, de leurs vieilles Hotchkiss et de leurs trop rares canons de 25 – dont il importait d’économiser les projectiles – se profilaient les massifs et grondants blindés de la 4ème Panzer-Division de Von Kleist ; les K.W. 3 de quinze tonnes, avec leur canon de 37 et leurs M.G. 34 de 7,92 mm. Et les voltigeurs qui les suivaient – comme les chacals suivent les lions – étaient souples, eux, vifs, redoutables car nul sac à dos, musette et autre barda ne les encombraient ; parce qu’ils ne se prenaient pas les pieds dans les bandes molletières dénouées ou les pans de la capote, parec qu’au robuste mais lent M.A.S. 36 ils opposaient le terrible et si rapide feu de leurs Maschinen-Pistol 40 …

[hiver 1956]

La fin du mois fut pluvieuse et douce. Mais si, au soir du 31 janvier, tout le monde se coucha au chant des gouttes d’eau pleurant dans les dalles, le silence étonnant au matin du 1er. Un silence figé, glacial. Dans la nuit, sans prévenir, l’hiver était tombé comme un couperet ; il faisait moins douze à 8 heures du matin et moins quatorze à 11 heures.

Paralysés par le froid et stupéfaits par la rapidité de l’attaque, les gens se Saint Libéral tirèrent leurs volets, calfeutrèrent les portes des caves et des étables à grand renfort de bottes de paille et se tapirent dans les cantous au centre desquels ronflait un feu d’enfer.

Le froid s ‘installa et, poussé par un vent coupant comme du verre, accrut son emprise. Même la neige qui, dès le 10, chuta en abondance, ne parvint pas à radoucir une température qui se cantonnait vers moins quinze. Le 11 la Vézère gela. Mais il fallut attendre le mercredi 18, jour des Cendres, pour subir une morsure du froid que bien peu au village avait déjà connue. Même Pierre-Édouard admit que les hivers 99, 17 et 39 n’avaient pas atteint de telles températures.

Extraits de Les palombes ne passeront plus,1980

Les autres sites gallo-romains

Les autres sites gallo-romains

  3 – le site de Margerides

Découvert en 1965. Le site n’est certes pas le plus spectaculaire mais a livré quelques vestiges intéressants conservés au musée Marius Vazeilles à Meymac : des monnaies et plusieurs statuettes façonnées dans de la roche volcanique d’Auvergne; l’une d’entre elles, de plus de 40 cm de hauteur, représente l’épouse de l’empereur Marc-Aurèle, Faustine La Jeune. Pour la petite histoire, Faustine eut 14 enfants et avait coutume d’accompagner son mari lors des expéditions militaires, où elle gagna le surnom de « mère des camps » …

Sur les lieux ont été identifiés trois temples (fanum, au pluriel, fana) de forme carré. Le plus grand des trois a un côté long de près de 13 m, la partie centrale ou cella faisant elle, 7 m sur 7 (la cella est le lieu où est exposé la divinité et où seuls les prêtres avaient accès)

Le site aurait été occupé depuis l’époque gauloise jusqu’au début du 5ème siècle.

 4 – le site des Mazières (Gourdon-Murat)

Sur la commune de Gourdon-Murat, un peu au sud-est du hameau de Murat, on peut découvrir le site des Mazières qui est accessible par un chemin de randonnée dont le départ est marqué par un panneau d’information.

Ce site (re)découvert en 1935 comporte les vestiges d’une très grande villa dont l’emprise au sol délimite un rectangle de 60 x 65 m enserrant une cour intérieure, d’un four à tuiles en partie enfoui et un monument funéraire de près de 10 mètres de diamètre, remarquable par sa forme, sa constitution et aussi sa conservation.

Les fouilles réalisées dans les années 60 ont permis de retrouver des statuettes (une Vénus sortant du bain) et des fragments de céramiques qui datent semble-t-il du 2ème siècle.

 5 – le site des Jaillants (Pradines)

À quelques kilomètres du site précédent, sur la commune voisine de Pradines, on peut découvrir le site gallo-romain des Jaillants, fouillé en 1966 et 1967.

Les fondations d’un fanum (temple gallo-romain) rectangulaire composée d’une gallerie périphérique de 14 x 12 m entourant une partie centrale, elle aussi rectangulaire et dénommée cella, de 8 x 6 m. Un second fanum, de forme carré, a été découvert à quelques dizaine de mètres du premier.

Les quelques fragments de poterie retrouvés sur le site permettent de proposer une datation entre le Ier et IIème siècle.

 6 – l’aigle romaine d’Ussel

C’est un monument emblématique de la ville d’Ussel. En granite gris, haut de 1,67 m (ou 1,93 m selon certaines sources, ce qui doit inclure le socle), cet aigle a été découvert dans le lit de La Sarsonne, au moulin du Peuch, près de l’emplacement de l’oppidum du Peyrot, au XVIIIè siècle. Sa découverte est attestée dans un document officiel, établi à Ussel en 1769.

La tête manquante a été reconstituée en 1804 pour l’occasion du couronnement de Napoléon Ier.

Le sommet de l’aile droite qui était mutilé a également été refait.

Ce monument daté du II-IIIe siècle est maintenant implanté sur la place du collège Voltaire, en bordure de la route de Tulle. On ne peut le manquer lorsque l’on vient de cette direction.

Certains avancent que cette sculpture aurait orné le monument funéraire d’un notable romain (un militaire?); ou bien était-ce une sorte d’enseigne qui marquait l’entrée de l’oppidum3 du Peyrot ?

3 oppidum : on peut traduire ce terme par enceinte fortifiée

 7 – les autres sites

D’autres sites de moindre importance ont été localisés sur le territoire Corrézien et ont fait l’objet de fouilles ; c’est la cas à Bugeat (lieu-dit le Champ du Palais), à St Eloy les Tuileries, au lieu-dit Le Boin, à Saint-Fréjoux, lieu dit La Grange, St Rémy lieu dit Les Fonts, etc

À St Eloy les Tuileries, pas très loin de la grange ovalaire, elle-même classée comme monument historique, on peut découvrir les restes d’une imposante villa, découverts en 1970.

L’ensemble principal est constituée de plusieurs bâtiments délimitant un périmètre de 80 x 75 m; un bâtiment à usage thermal est situé à proximité.

Le site est classé aux Monuments Historiques, mais par manque d’entretien, il est devenu presque inaccessible car envahi par la végétation.

Quelques céramiques, pots, marmites, jattes, ont été trouvées sur place.

Ouvrages ou sites consultés :

– Site généraliste de M. Guy Lintz : http://nalfin.fr/publications/bibliographie.php

– Tintignac une page dédiée au site : https://tintignac.wixsite.com/tintignac-naves

– Une reconstitution :

https://www.lamontagne.fr/naves-19460/loisirs/ce-que-revelent-les-tresors-et-le-site-gallo-romain-de-tintignac-a-naves-correze_13645083/

https://www.lamontagne.fr/margerides/2013/12/20/voyage-dans-les-sanctuaires-et-mausolees_1810967.html

– La page dédiée au site des Mazières de M. Guy Lintz archéologue : http://nalfin.fr/mazieres/index.php

Sites gallo-romains

Sites gallo-romains

La Corrèze est riche de sites gallo-romains, certains n’étant connus que depuis peu puisque hormis les « arènes » de Tintignac dont parlait déjà Prosper Mérimée en 1838 (inspecteur général des Monuments Historiques), les autres sites souvent cités sur les brochures touristiques n’ont été découverts et mis en valeur que dans la seconde moitié du XXème siècle

Voilà ce que recense Victor Forot en 1913 dans son ouvrage catalogue raisonné des richesses monumentales et artistiques du département de la Corrèze  :

– les « arènes » de Tintignac

– des traces de voie romaine à Aix et à Mercoeur au lieu dit Massalve, à Jugeals (Nazareth)

– une villa romaine à Argentat, village de Longour

– des vestiges de constructions antiques à Bugeat, au lieu dit Champ du Palais,

– un cimetière gallo-romain à Malemort, des fragments de poteries ou de tuiles, des urnes funéraires, des amphores à Meilhards au lieu dit le camp de César, à Davignac, à Mestes, Pandrignes, à Salon-la-Tour, Seilhac, Saint-Angel, Saint Merd les Oussines …

– un camp romain et un(e) aigle en granit à Ussel

Par différence, on s’aperçoit que des sites majeurs comme celui des Cars, de Margerides, de Gourdon-Murat et Pradines sont alors totalement inconnus.

 1 – Le site des Cars (St Merd-les-Oussines)

Le site fut mis en valeur par Marius Vazeilles, tout à la fois garde des Eaux et Forêts, homme politique et archéologue, à l’origine d’une politique de boisement du plateau de Millevaches. Les premiers travaux intervinrent aux environs de 1936, puis reprirent après guerre toujours sous sa houlette.

À l’heure actuelle on peut découvrir sur le site, les ruines d’un bâtiment de près de 60 m de longueur, constitué de deux parties distinctes, la seconde étant de construction plus récente (sans doute fin du IIème siècle ap JC).

La modernité des aménagements est assez hallucinante pour un édifice vieux de 18 siècles : chauffage « central » par le sol (hypocauste), salle de bains avec sa réserve d’eau (l’extraordinaire bac monolithe, pesant 9 tonnes et d’une capacité de 6000 litres), système d’égouts, terrasse orientée plein sud et bordée par un étang…

le bac, un monolithe de plus de 2 m de diamètre et de 1,75 m de haut

Comme souvent, des sépultures, ici deux mausolées, voisinent avec la villa.

Il faut souligner le tour de force qui a permis, malgré la disparition de nombreux blocs, la reconstitution des édifices qu’on imagine occupés par des riches ou des notables qui profitaient en ces lieux tranquilles de la pax romana

 2 – Le site de Tintignac (Naves)

Sur la commune de Naves, en se dirigeant sur Seilhac par la D1120, on passe à proximité immédiate du site de Tintignac. Connu depuis fort longtemps sous l’appellation les « Arènes de Tintignac«  par les archéologues qui avaient identifié un théâtre antique. Prosper Mérimée1 qui fut l’un des tous premiers Inspecteur des Monuments Historiques évoque le site dans ses « Notes d’un voyage en Auvergne et dans le Limousin«  paru en 1838 et recommande alors de procéder à des fouilles afin de mettre à jour les substructions de l’amphithéâtre. Il estime d’ailleurs que cette opération peut être effectuée rapidement, en moins de quatre ou cinq jours précise-t-il …

Ces fouilles vont permettre de recenser quatre bâtiments principaux.

Mais le site va acquérir une certaine notoriété en 2004 et les années qui suivent, à la suite de la découverte d’une fosse sacrée (une favissa) renfermant des fragments d’objets, en fer et en bronze, datés de la période comprise entre le IVe et Ier siècle avant J.-C : Christophe Maniquet – le découvreur – et son équipe mirent à jour une dizaine d’épées et de fourreaux en fer, des fers de lance, un umbo2 de bouclier, une dizaine de casques en bronze et en fer dont un prend la forme d’un oiseau, des têtes ou des corps d’animaux, sept carnyx, c’est à dire des trompettes de guerre ouvragées en bronze, à tête de sanglier ou de serpent. Une reproduction d’une de ces trompettes orne le hall d’accueil du Conseil Départemental.

Ce cas n’est pas unique en France puisque des découvertes de même nature ont été faites à Gournay sur Aronde dans l’Oise au début des années 80 et plus récemment, à Ablis dans les Yvelines.

La plupart des objets découverts dans la fosse de Tintignac sont des armes ou des objets utilisés lors des combats. La mise en fosse pouvait constituer un rituel ou une cérémonie lors de laquelle les armes de guerriers morts étaient « désacralisées » afin de ne pouvoir en aucune façon être réutilisées. Ou bien constituaient-elles un butin, pris à un ennemi vaincu et dont on exposait les armes pour ensuite les enfouir ?

On dénombre sur le site quatre bâtiments monumentaux signes de l’importance du lieu : un temple (fanum), un théâtre, un bâtiment semi-hémisphérique dont on ne connaît pas l’usage et enfin un dernier bâtiment dénommé « tribunal » faute de connaître réellement sa destination.

Le temple daterait du Vème ou IVème siècle avant J.-C ; il a été agrandi à l’époque gallo-romaine et le site a été occupé jusqu’au IIIème siècle après J.-C.

1 il fut aussi écrivain (Carmen, Mateo Falcone, Colomba etc) et auteur d’une célèbre dictée

2 c’est le renflement de la partie centrale du bouclier

  Les autres sites gallo-romains                

 

 
Voies romaines de Corrèze

Voies romaines de Corrèze

mise à jour : janv 2024

Après les campagnes de César, la Gaule connaît une période prolongée de paix – et de prospérité par voie de conséquence – entre le 1er et le 3ème siècle après JC.

Tout le pays va être progressivement romanisé mais cette romanisation est autant acceptée que subie. Le territoire va être mis en valeur, des routes sont construites ainsi que de nombreux temples, théâtres ou thermes; l’urbanisation se développe selon le modèle des villes romaines. Dans les campagnes, des cultures nouvelles comme la vigne sont implantées et les mœurs ainsi que la langue romaine prennent le pas sur les us et coutumes gauloises. Et l’armée romaine garantit alors la paix sur tout le pays en s’opposant aux invasions barbares : c’est la pax romana.

De cette période (ou de ces périodes si l’on s’intéresse aux décennies qui ont précédé l’invasion par les armées romaines), subsistent des nombreux vestiges :

– routes : ce sont les « voies romaines »

– des sites funéraires

– des ruines de villas ou de temples

– des monuments

On retrouve nombre de vestiges de cette époque sur le département de la Corrèze qui faisait alors partie d’un territoire plus vaste, celui des Lemovices, correspondant sensiblement à l’ancienne région Limousin.

Les voies romaines :

La Gaule romaine est maillée de réseaux de routes (via) principales qu’on pourrait comparer toutes proportions gardées à notre réseau autoroutier et dont le point d’articulation est la ville de Lyon (Lugdunum). Une branche de ce réseau traverse l’Auvergne-Limousin : la via Agrippa II qui passe à Limoges et aboutit sur l’Atlantique à Saintes.

Le réseau secondaire est quant à lui beaucoup plus dense et une voie d’importance traverse la Corrèze, en provenance de Clermont Ferrand (Nemessos) et se dirigeant vers Périgueux, c’est la voie d’Hadrien. Cette voie qui date de la deuxième partie du 1er siècle (la datation s’appuie sur des monnaies retrouvées sur les lieux) a laissé des traces au voisinage d’Eygurande, à Aix.

On distingue deux types de voies :

– celles qui sont dites « en chaussée » c’est à dire construites en remblai (latin : agger) sur les plateaux ou les coteaux à faible pente et le tracé chemine alors par monts et par vaux. La toponymie en garde la trace sous la dénomination chaussade; des lieux-dits ainsi dénommés sont assez fréquents en Corrèze – Eygurande, St Yrieix le Déjalat, Combressol, Naves, St Augustin, etc – sans pour autant qu’ils soient forcément situés sur ou au voisinage d’une ancienne voie romaine …

– sur les reliefs plus soutenus, elles peuvent aussi suivre un itinéraire de crête ou une ligne de partage des eaux: elles sont alors plus ou moins décaissées, on parle de construction « en cavée » (on dirait aujourd’hui : en déblai). On les trouvera plutôt associées au toponyme pouges (du latin podium, hauteur) ou estrade, dérivé du mot strata. Ce dernier terme nous renseigne d’ailleurs sur la constitution de la voie, succession de strates de matériaux choisis pour en assurer la stabilité ainsi que le drainage (voir la coupe plus bas)

La voie visible sur la commune d’Aix appartient à cette seconde catégorie : la plate-forme est large de 7 m, avec une surface roulante proche de 6 m; elle est bordée de fossés dont la profondeur peut aller jusqu’à 0,80 m.

Cette portion de voie est en excellent état de conservation et peut être le point de départ d’une randonnée agréable. Elle est accessible à partir du bourg d’Aix, en se dirigeant vers le hameau de La Jarrige.

 

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Image3_LaVoieromainePourlesNuls.jpg.

 

Mais contrairement à ce que laisse entendre le panneau d’information placé à une des entrées, la voie est constituée en surface non pas de dalles, ce qui serait peut être le mode de construction des voies les plus importantes, mais de petits galets dont la taille courante est de l’ordre de 5 cm comme le montre la photo ci-dessous.

Un article de Sciences et Avenir d’août 2018 abonde dans ce sens et parle d’une couche supérieure constituée de sable durci :

Cette voie visible en d’autres endroits traverse la Corrèze en passant au voisinage d’Egletons (on trouve des traces à Combressol, Rosiers d’Egletons), au nord de Tulle (à Naves, lieu-dit Tintignac) et se dirige vers le département de la Dordogne, en direction de Périgueux (Vesunna). D’autres voies ont été répertoriées sur le territoire, par exemple à Saint-Setiers où une portion du GR 440 emprunte un vestige de voie romaine : voir extrait de plan ci-dessous.

  L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Peyrelevade2232E_2001_VoieR.jpg.  

Selon JM Desbordes, un tronçon d’un axe reliant la Méditerranée à, l’Armorique, antérieur à l’occupation romaine, part d’Argentat en direction de la Vézère via Tintignac et Espartignac; une autre voie aurait aussi relié Bort les Orgues à Bugeat …

Ouvrages ou sites consultés :

– Voies romaines en Limousin JM Desbordes 1995

– La vie quotidienne en Gaule pendant la paix romaine, Paul-Marie Duval, Hachette 1952

– le pays d’Eygurande Simon Louradour 2005

les Sully et autres arbres remarquables

les Sully et autres arbres remarquables

La forêt et les bois ont joué un grand rôle dans l’histoire et l’homme entretient depuis toujours une relation bien particulière avec l’arbre; celui-ci exprime toute la force du monde végétal et a tenu une place importante, économique et symbolique, dans les sociétés humaines :

– il constitue un moyen de chauffage très facile à trouver et à enflammer et entre(entrait) dans la fabrication de meubles (encore aujourd’hui pour les cercueils …) et la construction navale jusqu’à l’avènement des aciers

– c’est sous un chêne que Louis XI rendait la justice,

– c’est aussi sous un arbre à palabres que se tiennent les réunions dans certaines communautés africaines

– les druides (c’est attesté dans Astérix chez les Goths) cueillaient le gui sacré sur les chênes

– Il symbolise la vie de la famille au travers de l’arbre généalogique

On retrouve ce lien au travers de nombreux toponymes ou patronymes, dérivés de noms gaulois ou latins désignant diverses espèces :

fraxinus le frêne → Fraisne, Le Fresne, Frenay, Fraisse ou Fraysse, Freche, Freyssinet

sylva : la forêt →sylvestre, sylviculture, prénom Sylvain

limo, l’orme en gaulois, à l’origine de l’appellation lemovices (peuples du Limousin)

casteneum le châtaignier → Chastang, Chastaing, Castan, Castain

vernos l’aulne en gaulois → verne, vergne, lavergne

Son rôle écologique est maintenant avéré : l’arbre constitue un acteur majeur dans le cycle du carbone

La forêt est omniprésente en Corrèze et le moindre déplacement sur route ou par le rail nous le confirme : difficile de trouver des lieux d’où l’arbre est absent.

Si en France environ 30 % du territoire est boisé, ce taux atteint les 45 % chez nous delon un inventaire de l’IGN 2009-2013.

La cartographie montre que la densité forestière est à son maximum sur le plateau de Millevaches et tout le long de la vallée de la Dordogne.

Les essences les plus répandues sont le chêne (pédonculé quercus robur et rouvre ou sessile quercus petraea), le châtaignier et le pin douglas; arrivent ensuite le hêtre, l’épicéa et le bouleau; les feuillus sont assez nettement majoritaires même si ce n’est pas forcément l’impression première que l’on peut avoir en parcourant le territoire.

Avec autant de variétés, tous les goûts sylvicoles peuvent donc être satisfaits et chercher un coin d’ombre par une journée caniculaire est une quête qui peut être facilement satisfaite.

L’arbre fait partie du paysage et le structure; on le trouve aussi en dehors des forêts, le long des routes où il jouait un rôle protecteur pour le voyageur qu’il abritait tant du soleil que des précipitations, ainsi qu’au milieu des villages où apporte sa fraîcheur et contribue à aménager l’espace. Dans ces deux cas, il constitue un élément important du patrimoine historique et culturel français.

Historiquement, après les périodes de défrichage du moyen âge, les souverains prirent conscience de l’importance économique du bois et entreprirent de reboiser le territoire. Ainsi en 1552, Henri II ordonna « à tous les seigneurs hauts justiciers et tous manants et habitants des villes, villages et paroisses, de planter et de faire planter le long des voiries et des grands chemins publics, en lieux qu’ils verront plus commodes et à propos, si bonne et grande quantité d’ormes qu’avec le temps, notre royaume puisse s’en voir suffisamment et abondamment pourvu« 1. Cette volonté politique fut poursuivie et amplifiée sous les règnes qui suivirent, en particulier celui d’Henri IV et de son ministre Sully. Ce dernier aurait donné une impulsion nouvelle à ce projet en ordonnant en 1598 la plantation d’arbres le long des « grandes routes de France, et dans chaque village au devant les églises« , sur les places publiques, arbres dont beaucoup, plantés à cette époque, furent désignés sous le nom de Sully (ou Rosny)2,3 ; ils constituaient un point de ralliement où se rassemblaient les paroissiens à la sortie de la messe.

On retrouve trace de ces plantations vieilles de 400 ans, chênes, ormes ou tilleuls, dans plusieurs villages de Corrèze. Pour ceux qui subsistent, leur grand âge fait que l’on a affaire à des arbres majestueux et dont les dimensions (et notamment leur circonférence) sont hors-normes. Ils sont pour la plupart situés sur le plateau de Millevaches et les Monédières et assez souvent signalés à l’attention des curieux.

Voici un échantillon de ces Sully et de quelques autres arbres remarquables que l’on peut découvrir en sillonnant les campagnes corréziennes (et qu’on ne trouve pas ailleurs bien sûr). Si vous devez n’en voir qu’un, je vous recommande de vous arrêter sur l’aire des Sully à Monestier-Merlines.

Le panneau précise la circonférence : 5.80 m

Le chêne de l’Anglais à Sarroux – St Julien Près Bort

À Tarnac, sur la place (hélas envahie par les voitures) trônent deux chênes magnifiques :

La Montagne leur a consacré un article en 2014 :

https://www.lamontagne.fr/tarnac/vie-pratique-consommation/2014/12/27/deux-chenes-charges-dannees-et-dhistoire-ornent-les-espaces-publics-de-tarnac_11273854.html

 

Sur la commune de Le Jardin, un chêne de Sully qui a donné lieu à un découpage cadastral très original :

On peut en découvrir bien d’autres en parcourant le territoire : à Bellechassagne (au vu du nom, c’est un peu normal), Chamboulive, Chaveroche, Courteix, Maussac, St Hilaire Luc, St Rémy, Vigeois, Vitrac sur Montane, etc

Certains n’ont pas survécu à l’usure du temps (ou à l’homme) : c’est le cas par exemple à Bugeat, Juillac, Objat, Troche …

Et puis, il nous reste de magnifiques hêtres à admirer en bordure de routes, du côté de Bugeat : c’est « la route des Hêtres » :

1 Dissertations féodales t1 Henrion de Pansey1789

2 Mémoires d’Agriculture, d’économie rurale et domestique de la Société Royale d’Agriculture de Paris 1791 ; Les vieux arbres de Normandie 1895

3 Sully était baron de Rosny

AIX : des choses à découvrir

AIX : des choses à découvrir

Des vestiges historiques ou archéologiques :

motte féodale ou motte castrale

Juchés sur les hauteurs au dessus du centre-bourg, face à la route qui part vers La Jarrige (endroit jadis connu sous la dénomination « chez les sœurs« , où était implantée une école libre), subsistent les vestiges d’un château féodal.

La position, sans doute stratégique, surplombe les alentours et bénéficie d’une vue dégagée notamment vers l’Est, c’est à dire l’Auvergne.

Ce château aurait appartenu au début du XVè siècle à la famille de Rochefort (a priori sans rapport avec Jean Rochefort)

La végétation a envahi les lieux et il est donc difficile de d’apercevoir quelque chose parmi ces ruines.

On distingue encore nettement en périphérie du site les restes des fortifications qui protégeaient les lieux, sous forme d’une butte circulaire régulière qui le ceinture ; cette ceinture est bien visible sur les photos aériennes.

Les investigations sur place ont mis en évidence une salle souterraine voûtée dont les dimensions ne sont pas précisées. Rien de très nouveau en réalité, ceci était connu depuis longtemps.

Le site est signalé sur les cartes de l’IGN et est répertorié au titre des sites classés :

http://www.nouvelle-aquitaine.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/AIX-la-Marsalouze__motte_.pdf

Le lieu n’est pas mis en valeur ni même signalé. Dommage, il mériterait sans doute une signalisation appropriée, au moins sous forme d’un panneau d’information à l’attention du touriste ou des curieux de passage.

Voie romaine :

On retrouve la trace de la voie romaine reliant Lyon à Périgueux, dite voie Antonienne, sur la commune entre La Jarrige et le Ciarneix, au travers du bois de Pécey,

Elle n’a pas été dégradée et est encore globalement en bon état. La chaussée fait entre 5 et 6 mètres de large, ce qui, nous disent les historiens, permettait le croisement de deux chars.

Elle est bordée par de larges fossés qui correspondent peut être à des zones qui ont fourni une partie des matériaux constitutifs de la voie elle-même. En surface, elle est garnie de galets de petite taille (10 cm maximum) et non de dalles plates comme on se l’imagine le plus souvent et comme le schématise bizarrement un panneau d’information placé au départ.

Village médiéval du Grandcher :

À un kilomètre à peine du hameau actuel, on découvre des vestiges de bâtiments qui devaient sans doute constituer un embryon de village. Le docteur Longy ne le mentionne pas et on peut en déduire qu’il a été découvert assez récemment.

Il ne reste sur le site, envahi par la végétation, que quelques murets de hauteur réduite qui ont été protégés des intempéries par des bâches plastiques à la suite des fouilles entreprises dans les années 90b. On découvre essentiellement deux bâtiments d’environ 25 m x 5m, adossés au relief côté Nord/Nord-Est et orientés NE-SW. Cette configuration protégeait leurs occupants des vents froids de secteur N/NE et maximisait les apports solaires. Chaque bâtiment comprend entre 4 et 6 pièces.

En contrebas, une construction de forme circulaire a été identifiée par les archéologues comme étant un four.

D’après les datations, l’occupation du site s’est étalée sur plusieurs siècles, entre le Xè et la fin du XIVè ; chronologiquement, 2 phases d’occupation sont identifiables.

Le site est à l’abandon, uniquement signalé par un panneau directionnel au croisement sur le CD.

Dommage qu’il n’y ait pas la moindre indication sur les lieux qui permettrait aux visiteurs de s‘approprier le site et d’en faire un point d’intérêt pour les randonneurs

b Le site a été fouillé en 1992 et1994 (P. Conte, DRAC Limousin)

Curiosités à voir ou à visiter :

moulin de la Chassagnite :

Le moulin date des années 1865-1870. Il a été utilisé jusque dans les années 1970, son exploitant d’alors étant surnommé sans aucune originalité, « le meunier« c

Il a été remis en état à la fin des années 1990 par ses propriétaires.

Une amenée d’eau en bois canalise les eaux de la Dozanne (dénommée aussi La Gane) et entraîne une roue en bois de type roue à augets (ou à godets), à axe horizontal, de 4 m de diamètre environ.

L’intérieur – et donc les mécanismes et les meules – se visite au moment des journées du patrimoine.

Au dessus et de l’autre côté du chemin qui borde la maison, on peut voir un four à pain et une meule à huile.

https://www.lamontagne.fr/aix-19200/loisirs/a-la-decouverte-du-moulin-de-la-chassagnite-a-aix_1659148/

c D’après mes souvenirs, un grand amateur de belote puisqu’on le croisait assez fréquemment chez la Louise les dimanches, en pleine action

Le circuit de la factrice

La factrice a bel et bien existé ! Je l’ai d’ailleurs rencontrée !

Elle se nommait Eugénie Paris (et on l’appelait familièrement par le diminutif de « Génie« ), habitait dans le bourg d’Aix où son mari exerçait l’honorable profession de menuisier.

Le chemin de randonnée qui lui rend hommage aurait été calqué sur le circuit de distribution du courrier qu’elle desservait; et à cette époque (les années 50), le courrier était abondant, on peut imaginer que sa sacoche était bien lourde et la tournée devait être vraiment difficile en hiver !

Lorsqu’elle arrêtera ce métier à la fin des années 50, elle prendra la fonction de cantinière à l’école communale où elle s’occupera de la préparation des repas d’une cinquantaine d’enfants; je garde le souvenir de ses purées qu’elle savait faire comme personne…

 

 

Ouvrages consultés :

Le canton d’Eygurande du Dr F. Longy (bulletin de la société des lettres, sciences et arts 1er trimestre 1892)

Le pays d’Eygurande Simon Louradour OT d’Eygurande 2005

document de la DREAL description de la Corrèze (en médiathèque)

site Internet de l’IGN GéoPortail : https://www.geoportail.gouv.fr/

 

AIX : le bourg, l’église, l’école

AIX : le bourg, l’église, l’école

Le bourg et le centre du village :

l’église :

Le Docteur Longy nous précise dans sa monographie « que toute la population est catholique« , ce qui peut prêter à sourire mais ne nous surprend pas et montre bien la place que la religion pouvait tenir à cette époque : primordiale

L’église constitue le cœur historique du bourg, autour duquel se sont organisées les autres activités. Elle est dédiée à Saint Martin; la nef romane date du XI ème ou XII ème siècle mais le sanctuaire serait plus récent.

Elle comporte 2 chapelles de chaque côté de la nef. Le retable, assez remarquable par la finesse de ses figures, date du XVII ème siècle et proviendrait de l’abbaye de Bonnaigue (implantée à Saint Fréjoux)

Au début des années 50, c’est un curé un peu hors normes qui prend en charge la paroisse d’Aix pendant une durée elle aussi hors norme, plus de 50 ans : l’abbé Erens

Un curé né aux Pays-Bas et qui fut bloqué en France en raison de la guerre alors qu’il y faisait ses études.

Il conserva durant toute sa carrière aixoise un accent germanique très prononcé qui le rendait très reconnaissable mais aussi peu compréhensible lors de ses sermons …

On peut imaginer qu’il fut à l’origine de la venue de familles hollandaises qui vinrent s’installer en tant qu’agriculteurs sur la commune dans ces années-là. Des immigrants assez inattendus qui importèrent avec eux des techniques agricoles modernes, inconnues des locaux.

La Montagne lui consacra un article détaillé lors de ses obsèques en 2004 :

l’école :

– l’école en 1960 : nous sommes tous rassemblés devant la cantine et encadrés par les maîtres, Mlle Vernerie institutrice des CP et CE et M. Vergne qui prenait le relais avec les CM et au-delà (son plus jeune fils Gilles est au dernier rang, le 4ème en partant de la droite).

Personnalités :

– Personne ne semble avoir atteint une notoriété telle qu’on chérirait sa mémoire jusqu’à la fin des temps. Les personnalités les plus connues sont les maires successifs : François Ratelade le maire actuel a succédé à Françoise Couzelas, laquelle prenait la suite de Antoine Lhéritier lui-même successeur de Paul Couzelas. On peut aussi citer Annie Lhéritier, ancienne conseillère du Président Chirac et ex-conseillère générale du canton d’Eygurande.

AIX : à quoi ça ressemble ?

AIX : à quoi ça ressemble ?

Un peu de géographie 

À l’extrémité Est du département, la commune a longtemps été rattachée au canton d’Eygurande, jusqu’au redécoupage cantonal intervenu en 2015. Sa superficie en fait une des plus grandes du département et elle aurait même pu être la première par ordre alphabétique si Affieux n’était pas venu la devancer d’une courte tête (on pourrait presque dire « c’est affreux !« ). On est en majeure partie à plus de 800 m d’altitude – 880 m au Puy Labarre – et le relief est plutôt orienté suivant une ligne NW→ SE sauf dans sa partie Ouest, ce qui transparaît bien sur la carte ci-dessous. L’écoulement des eaux suit le relief, pour rejoindre la Sarsonne et la Dozanne à l’Ouest, le Dognon dans la partie centrale et la Barricade à l’Est; ces rivières alimentent la Diège, le Chavanon et la Dordogne, le Dognon formant avec cette dernière, le site de la Vie à Monestier-Port-Dieu.

– L’attirance de l’Auvergne :

le massif du Sancy impose sa présence et attire immanquablement le regard. Il est là, tout proche semble-t-il, mais l’impression est trompeuse : les sommets que l’on voit à l’horizon sont à une distance de 35 km ou plus.

le massif du Sancy, vu depuis Aix

Cette attraction n’est pas seulement visuelle; elle se traduisait d’ailleurs quelques décennies en arrière par des liens administratifs dont un exemple est celui du rattachement du lycée d’Ussel (aujourd’hui collège Voltaire) à l’académie de Clermont-Ferrand. La frontière Limousin-Auvergne n’était alors pas tout à fait à l’endroit actuel !

Un peu de toponymie  :

Le Dr F. Longy a fait une description détaillée de la commune dans sa monographie consacrée au canton d’Eygurande, publiée en 1892a. Entre autres informations intéressantes (on y apprend notamment que la population dépassait les 1000 habitants à l’époque !), il a précisé à chaque fois la signification étymologique des noms des différents hameaux – on en compte 40 ! – de la commune (dont certains ont disparu depuis lors); on verra que la quasi totalité des noms sont en lien direct avec le relief ou des particularités géographiques :

– Aix : le nom de la commune viendrait du latin aquas eaux ou du celtique aygo. NdR : notons qu’en patois on dit Varay ou Veray, ce qui semble sans rapport avec la racine latine ou celte… et d’ailleurs que pouvait signifier la dénomination patoisante ? Mystère !

Le bourg d’Aix vu depuis le CD49

– Bonnefond, patois Bounofoun. du latin bonus fons, bonne fontaine

– Chalons, patois Tcholoun. du celtique caill, d’où cheyle, bois, forêt ou du latin calmœ, bruyères.

– Grancher, patois Grantchié. [Granché sur la carte de Cassini] ; du latin casa, maison, grande maison. NdR : cette origine n’est pas convaincante …

– Lair, patois Lair. du latin aria, æria, lieu inculte

– Labesse, patois Lobesso. du latin baissa, marécage

– Laboucheix, patois Loboutchey. du germanique Busch, ou du latin boscus, bois, forêt

– Larfeuille, patois Lorfeuillo. du latin ardens, qui pique, et folium, feuille, feuille qui pique, houx

– Lachassanite, patois Lotchossonito, du basque cassou, chêne. NdR : aujourdhui : La Chassagnite

– Lajaloustre, patois Lod’joloutro. du latin palustris, lieu marécageux. La lettre J a remplacé le P primitif

– Lajarrige, patois Lod’joridjo. de jarro, variété de chêne

– (Lamaisonneuve, patois Lomaysouneuvo. du latin mansus novus, maison neuve, ou simplement du français. NdR : ce hameau n’existe plus)

– Lamarsalouse, patois Lomorsolouso ; on devrait écrire Lamarsalhouse. de l’anglais marschal, maréchal, et house, maison, maison du maréchal (NdR : comprendre maréchal-ferrant)

– Lanavade, patois Lonavado. du latin noda, source, torrent ou de l’espagnol nava, prairie. NdR : le terme espagnol qualifierait plutôt une vallée ou bien un endroit encaissé entouré de hauteurs

– Laroche, patois Lorotcho. Du latin rapes, rocher.

– Laroussange, patois Loroussand’jo. du latin roncia, ronce

– Lasauvette, patois Losauveto. Du latin sylva, forêt

– Lasiauve, patois Losiaüvo. du latin sylva, forêt

– Laval, patois Lavey. du latin vallis,vallée

– Lavergne, patois Laveargnio. du celtique gwern, aune; d’où vernus, vernetum, pays de l’aune. NdR : ou plutôt aulne, arbre des zones humides

– Lavialle patois Lovialo. du latin villa, viala, village, maison de campagne

– Lebascoulergue, patois Lebacoulergue. du germanique busch, d’où boscus, bois, et du saxon erl, aune, bois de l’aune

– Lebudey, patois Lebudey. du celtique boe, plus tard bu, maison et œ, en, humide, maison du marécage. Aujourd’hui orthographié Le Budeix

– Lemascharrier, patois Lematcharié. du germanique makeren ou du latin maceriœ, murailles en pierre sèche

– Lemareix, patois Lemarey. du latin mariscus, lieu humide

– Le Sciarneix, patois Lechiarney. du celtique sar, qui coule, et du latin noda, source, ruisseau.

– (Lespassadoux, patois Lœupassadou. du latin passus, passage. NdR : ce hameau n’existe plus)

– Lesvalades patois Lavalada. du latin vallis, vallée

– Montesserre, patois Mountossero. du latin mons, montagne, et surtus, défriché, montagne défrichée

– Rebeyrix, patois Rebeyri. du latin riberia, plaine

– Venard, patois Venar, anciennement Avenard. du latin vernus, aune, lieu planté d’aunes

– Vintéjoux, patois Vintéd’jou. du patois vinted’jou, lieu exposé aux tourmentes de neige

On notera l’absence du hameau d’Encognéras (dont le nom est orthographié Cognieras sur la carte de Cassini), qui n’était peut être pas rattaché à la commune à l’époque ?

Au milieu des noms issus du latin, on retrouve quelques racines celtiques ou germaniques qui traduisent des influences plus anciennes, venues d’Europe centrale.

a source : Le canton d’Eygurande du Dr F. Longy (bulletin de la société des lettres, sciences et arts 1er trimestre 1892)