Simone de Beauvoir

Simone de Beauvoir

Simone de Beauvoir en née en 1908 à Paris dans une famille bourgeoise. Si elle vit durant sa jeunesse à Paris, elle passe ses étés au château de Meyrignac (commune de St Ybard, près d’Uzerche) où son grand-père paternel avait crée un parc paysagé ou bien à celui de La Grillère, propriété d’un de ses oncles, à St Germain les Belles en Haute Vienne. Elle entre en 1925 à la Sorbonne où elle rencontre Jean-Paul Sartre.

Son premier roman « L’invitée » paraît en 1943. Elle évoquera les moments heureux de son enfance dans la campagne limousine dans Mémoires d’une jeune fille rangée paru en 1958. Simone de Beauvoir décède en 1986 à Paris.

« Mon bonheur atteignait son apogée pendant les deux mois et demi que, chaque été, je passais à la campagne. Ma mère était d’humeur plus sereine qu’à Paris; mon père se consacrait davantage à moi ..

Le premier de mes bonheurs, c’était, au petit matin, de surprendre le réveil des prairies ; un livre à la main, je quittais la maison endormie, je poussais la barrière ; impossible de m’asseoir dans l’herbe embuée de gelée blanche ; […] le mince glacis qui fendait la terre fondait doucement ; le hêtre pourpre, les cèdres bleus, les peupliers argentés brillaient d’un éclat aussi neuf qu’au premier matin du paradis […]. […] j’aimais ces instants, où, faussement occupée par une tâche facile, je m’abandonnais aux rumeurs de l’été : le frémissement des guêpes, le caquetage des pintades, l’appel angoissé des paons, le murmure des feuillages ; […].

.. il (le grand-père) fredonnait toute la journée; il me disait le nom des arbres, des fleurs et des oiseaux. Cèdres, wellingtonias, hêtres pourpres, arbres nains du Japon, saules pleureurs, magnolias, araucarias, feuilles persistantes et feuilles caduques, massifs, buissons, fourrés : le parc n’était pas grand mais si divers que je n’avais jamais fini de l’explorer..

.. Nous éventrions avec une pelle les fourmilières ..

Quelquefois nous partions à travers les châtaigneraies chercher des champignons. Nous négligions les fades champignons des prés, les filleuls, la barbe-de-capucin, les girolles gaufrées; nous évitions avec soin les bolets de Satan à la queue rouge, et les faux cèpes que nous reconnaissions à leur couleur terne, à la raideur de leur tige. Nous méprisions les cèpes d’âge mûr, dont la chair commençait à s’amollir et à proliférer en barbe verdâtre. Nous ne ramassions que les jeunes cèpes à la queue galbée, et dont la tête était coiffée d’un beau velours tête-de-nègre ou violacé.

Pour nous rendre à Meyrignac, nous roulions pendant une heure dans un petit train qui s’arrêtait toutes les dix minutes ..

Au milieu d’une bruyère, des blocs de granite gris que nous escaladions pour apercevoir au loin la ligne bleue des Monédières. En chemin, nous goûtions aux noisettes et aux mûres des haies, aux arbouses, aux cornouilles, aux baies acides de l’épine-vinette ; nous essayions les pommes de tous les pommiers. Étourdies par l’odeur du regain fraîchement coupé, par l’odeur des chèvrefeuilles, par l’odeur des blés noirs en fleur, nous nous couchions sur la mousse ou sur l’herbe et nous lisions …

Je n’imaginais pas qu’il existât sur terre aucun endroit plus agréable à habiter.« 

in Mémoires d’une jeune fille rangée

Source : Balade en Limousin : Sur les pas des écrivains, Éditions Alexandrine, 2009

Un circuit pédestre lui est dédié aux abords d’Uzerche :

https://www.detours-en-limousin.com/Balade-Simone-de-Beauvoir-a-Uzerche

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