Né Lev Tarassov, devenu plus tard Henri Troyat à la demande de son premier éditeur, précoce prix Goncourt (à 27 ans) pour l’Araigne,
l’écrivain académicien a vécu quelques temps en Corrèze, à Bugeat, d’où
était originaire son épouse d’alors. Il s’est inspiré de son séjour sur
les lieux pour son cycle romanesque Les Semailles et les moissons (5 volumes), une des œuvres maîtresses de l’écrivain, au même titre que la série Tant que la terre durera (1). L’action se partage entre la Corrèze, Paris et la Savoie, entre 1910 à 1945.
Troyat est expéditif dans ses descriptions des paysages corréziens; peut être ne l’ont-ils pas inspiré ? En tout cas ses personnages portent des patronymes qui nous paraissent typiquement limousins : Dubech, Eyrolles, Bellac, Mazalaigue, Pradinas, Ferrière, Sénéjoux, Cordier, etc
« De la rivière bouillonneuse montait un frais parfum d’herbe et de pierre humide. Derrière les bouquets de hêtres et de chênes, s’étalaient des prairies vertes, spongieuses, coupées de rigoles et hérissées de buissons épineux. C’était la mauvaise partie du pays, où la terre refusait la semence. Cahotant dans les ornières, la carriole gravissait la première côte avec lenteur.
…
Pour aller au Veixou, il fallait tourner le dos à la campagne vivante. Brusquement le sentier se détachait du terre-plein et plongeait, par paliers, vers une dépression en forme de cuvette. Toujours à cet endroit de la promenade, Amélie éprouvait le sentiment qu’elle entrait dans un domaine d’hostilité, de mystère et de haine.
..
Elle avait besoin d’errer longtemps dans la campagne pour fatiguer son corps et apaiser son esprit. De gros nuages de lait pesaient sur la ligne ondulée des collines. Les fougères du talus laissaient pendre leurs palmes aux bords roussis. La bruyère mauve poussait par bouquets hors des nids de cailloux et de mousse. Il faisait frais. Le soleil ne perçait pas la brume …
La faucheuse fut attachée par des cordes de gros chanvre à l’arrière de la carriole. Avec ses hautes roues de fer, peintes en bleu, sa chaîne, ses dentelures, ses engrenages, son siège perforé, en forme de cuvette, et son sabot rabatteur, cette mécanique compliquée et absurde faisait songer à quelque insecte destructeur grossi par le jeu d’une loupe.
…
Le voyage de Paris à Limoges avait duré vingt deux heures. Elle éprouvait encore le roulement, le tressautement des roues dans ses reins. Aux passages à niveau, aux ponts, aux postes d’aiguillage, des hommes chenus et graves, képi sur la tête et brassard sur la manche, montaient la garde, appuyés sur de vieux fusils. On s’arrêtait en rase campagne pour laisser passer de lents convois militaires, marqués d’inscriptions à la craie : Train de plaisir pour Berlin ! … vive la France ! … Par les portières des wagons à bestiaux, se penchaient des grappes de jeunes gens aux faces rougeaudes. Ils brandissaient des bouteilles … »
Le récit de la découverte du site gallo-romain des Cars, proche de Bugeat (le site, connu depuis longtemps, a été fouillé par Marius Vazeilles entre 1937 et 1939, puis après la guerre ; il s’agissait donc d’un évènement contemporain au séjour de Troyat dans la région) :
– D’après ce que nous avons pu dégager à l’extrême pointe du terrain communal, dit M. Dupertuis, il s’agissait d’une station balnéaire, composée d’une douzaine de salles, dont subsistent à peine les soubassements. Les foyers extérieurs et les huit premières salles sont de ce côté-ci de la limite. Les deux dernières salles et le bac d’alimentation sont vraisemblablement chez vous.
– C’était donc des étuves ? Demanda Jérome
– Parfaitement, dit M. Langlade. De la cellule de chauffe, une canalisation intérieure conduisait les gaz sous les dallages et dans les murs des différentes pièces, dont les plus rapprochées du foyer étaient chauffées fortement, d’où leur nom de caldarium, et les plus éloignées faiblement, d’où leur nom de tepidarium …
– mais qui étaient-ils, ces gens-là ? Des romains ?
– des gaulois colonisés par les Romains et gagnés à leurs habitudes d’hygiène, de religion et de confort, dit M. Langlade. Il existe de nombreuses stations gallo-romaines dans le département. Mais comme celle-ci, elles ont été en majeure partie détruites aux époques mérovingiennes et carolingiennes.
Les semailles et les moissons, tome 1, 1953
(1) Tant que la terre durera, les semailles et les moissons, le froid et le chaud, l’hiver et l’été ne cesseront de s’entre–suivre (citation de La Bible)
Simone de Beauvoir en née en 1908 à Paris dans une famille bourgeoise. Si elle vit durant sa jeunesse à Paris, elle passe ses étés au château de Meyrignac (commune de St Ybard, près d’Uzerche) où son grand-père paternel avait crée un parc paysagé ou bien à celui de La Grillère, propriété d’un de ses oncles, à St Germain les Belles en Haute Vienne. Elle entre en 1925 à la Sorbonne où elle rencontre Jean-Paul Sartre.
Son premier roman « L’invitée » paraît en 1943. Elle évoquera les moments heureux de son enfance dans la campagne limousine dans Mémoires d’une jeune fille rangée paru en 1958. Simone de Beauvoir décède en 1986 à Paris.
« Mon bonheur atteignait son apogée pendant les deux mois et demi que, chaque été, je passais à la campagne. Ma mère était d’humeur plus sereine qu’à Paris; mon père se consacrait davantage à moi ..
Le premier de mes bonheurs, c’était, au petit matin, de surprendre le réveil des prairies ; un livre à la main, je quittais la maison endormie, je poussais la barrière ; impossible de m’asseoir dans l’herbe embuée de gelée blanche ; […] le mince glacis qui fendait la terre fondait doucement ; le hêtre pourpre, les cèdres bleus, les peupliers argentés brillaient d’un éclat aussi neuf qu’au premier matin du paradis […]. […] j’aimais ces instants, où, faussement occupée par une tâche facile, je m’abandonnais aux rumeurs de l’été : le frémissement des guêpes, le caquetage des pintades, l’appel angoissé des paons, le murmure des feuillages ; […].
.. il (le grand-père)
fredonnait toute la journée; il me disait le nom des arbres, des fleurs
et des oiseaux. Cèdres, wellingtonias, hêtres pourpres, arbres nains du
Japon, saules pleureurs, magnolias, araucarias, feuilles persistantes
et feuilles caduques, massifs, buissons, fourrés : le parc n’était pas
grand mais si divers que je n’avais jamais fini de l’explorer..
.. Nous éventrions avec une pelle les fourmilières ..
Quelquefois
nous partions à travers les châtaigneraies chercher des champignons.
Nous négligions les fades champignons des prés, les filleuls, la
barbe-de-capucin, les girolles gaufrées; nous évitions avec soin les
bolets de Satan à la queue rouge, et les faux cèpes que nous
reconnaissions à leur couleur terne, à la raideur de leur tige. Nous
méprisions les cèpes d’âge mûr, dont la chair commençait à s’amollir et à
proliférer en barbe verdâtre. Nous ne ramassions que les jeunes cèpes à
la queue galbée, et dont la tête était coiffée d’un beau velours
tête-de-nègre ou violacé.
Pour nous rendre à Meyrignac, nous roulions pendant une heure dans un petit train qui s’arrêtait toutes les dix minutes ..
Au
milieu d’une bruyère, des blocs de granite gris que nous escaladions
pour apercevoir au loin la ligne bleue des Monédières. En chemin, nous
goûtions aux noisettes et aux mûres des haies, aux arbouses, aux
cornouilles, aux baies acides de l’épine-vinette ; nous essayions les
pommes de tous les pommiers. Étourdies par l’odeur du regain fraîchement
coupé, par l’odeur des chèvrefeuilles, par l’odeur des blés noirs en
fleur, nous nous couchions sur la mousse ou sur l’herbe et nous lisions …
Je n’imaginais pas qu’il existât sur terre aucun endroit plus agréable à habiter.«
in Mémoires d’une jeune fille rangée
Source : Balade en Limousin : Sur les pas des écrivains, Éditions Alexandrine, 2009
Un circuit pédestre lui est dédié aux abords d’Uzerche :
Colette est déjà un auteur reconnu lorsqu’elle rencontre le baron Henry de Jouvenel, journaliste, homme politique … et propriétaire d’un domaine en Corrèze à Varetz, lieu-dit Le Castel Novel. Leur fille Colette, née en 1913 et surnommée « Bel Gazou« , passera sa jeunesse et les années de guerre à cet endroit. Colette séjournera à Castel Novel à de nombreuses reprises; ses écrits en gardent la trace :
LA CORRÈZE :
Colette se plaira beaucoup dans ce château et trouva la région très belle; elle dira même« Qu’est-ce qu’on va donc voir en Suisse qui soit aussi beau ? Je n’avais pas idée de cette Corrèze là je t’assure…»
LES FOINS :
Ici,
dès l’arrivée, on sent le cours de la vie, ralenti, élargi, couler sans
ride d’un bord à l’autre des longues journées. Juillet : l’herbe a fini
de croître, la feuille ne grandit plus, les couvées emplumées ont pris
leur vol ; l’été, à son apogée, semble mourir d’une fastueuse mort,
arrêté en pleine richesse par la flèche d’un soleil sans merci.
Comme
il resplendit, ce juillet limousin, aux yeux sevrés depuis trois ans de
son azur, du vert, du rouge de sa terre sanguine ! Chaque heure fête
tous les sens. Un son, nombreux comme le battement du sang dans la
conque des oreilles, accourt de tout l’horizon visible, s’étale en nappe
d’harmonie égale, nourrie, que crèvent de moment en moment le cri d’un
coq, un meuglement nonchalant, une cigale, un geai … Au bord de la
rivière, les vernes à la feuille froide protègent la reine-des-prés, le
chanvre rose et la saponaire si mêlés qu’on cueille ensemble leurs tiges
amères et leur bouquet un peu fade, blanc, rose et mauve ..
Un sentier, que la menthe argente, est une voie de parfums …
…
Épargnées ?
Hélas ! Le foin est encore sur les prés, debout ici, couché par vingt
averses, ailleurs fauché et jaunissant. Les pluies tardives sont taries
enfin, et les femmes, les vieillards, se lamentent sans paroles devant
un trésor que des bras d’hommes devraient sans délai étreindre, lier,
abriter dans les fenils embaumés – et des bras d’hommes robustes et
rapides ! Parfois la faux suffit, mais souvent l’herbe consternée
réclame l’antique faucille. Des bras d’hommes, pour râteler et charger,
entre deux orages, la toison coupée de ces longs prés de rivière.
Victorieuses
jusqu’à présent, les femmes, pliant sous l’excès de travail, diminuées
par la solitude, sont près de faiblir. Juin ruisselant a mis en péril la
vie, vienne l’hiver, du bétail et des chevaux.
Les secours sont trop rares et tardent trop.
Pourtant nous avons l’exemple des râteleurs enfants, qui, tous, travaillent aux foins qu’on a pu faucher. Dix ans, celui-là ? Et huit ans, celui-ci ? Peut être moins. Mais regardez donc ce vieux faneur, suivi, comme de son ombre courte, d’un marmot de quatre ans, qui manie un râteau à sa taille …
BEL GAZOU FRUIT DE LA TERRE LIMOUSINE
Aujourd’hui, le matin promet une journée sans nuages, d’été limousin ; la brise haute touche à peine les cimes des arbres ; le mordant soleil rougit l’épaule sous la mousseline, le bars nu et le pied dans la sandale. Il fait beau et j’ai la main de Bel Gazou dans ma main.
Bel-Gazou, fruit de la terre Limousine ! Quatre étés, trois hivers, l’ont peinte aux couleurs de ce pays. Elle est sombre et vernissée comme une pomme d’octobre, comme une jarre de terre cuite, coiffée d’une courte et raide chevelure en soie de maïs, et dans ses yeux, ni verts, ni gris, ni marrons, joue, marron, vert, gris, le reflet de la châtaigne, du tronc argenté, de la source ombragée …
BEL-GAZOU ET LE CHAPERON ROUGE
Bel Gazou tu ressembles aussi au petit Chaperon-Rouge, tu sais le Chaperon-Rouge qui portait à sa mère-grand un pot de beurre et une galette ?…
Bel-Gazou lève son nez duveté et ouvre ses yeux si forts que ses cils touchent ses sourcils.
– une galette ? Une comment, galette ?
– une galette .. heu … feuilletée ..
La menotte dure quitte ma main et claque une cuisse nue :
– une galette ! Et on ne l’a pas dit au maire ?
– au maire ? Pourquoi ?
– Fallait le dire au maire !
Bel-Gazou désigne, à travers les branches, les tuiles brunes d’un village :
– au maire, là-bas ! .. C’est défendu la galette, à cose de la guerre.
– Mais ..
– et le maire il aurait venu trouver le Chaperon-Rouge et il aurait dit : « Monsieur, je vous réqui .. réqui .. réquiquisitionne votre galette ! On prend pas la farine pour faire la galette pendant la guerre ! Et vous payerez mille sous ! Et c’est comme ça ! »
BEL GAZOU ET LA VIE CHÈRE
– Mais voyons, Bel-Gazou, le Chaperon-rouge c’est une histoire très vieille ! À ce moment-là il n’y avait pas la guerre !
– Pas la guerre ? Ah ? Pourquoi il n’y avait pas la guerre ?
Le
nez charmant se baisse, se lève, la petite main reprend la mienne, mais
le pas ralenti de Bel-Gazou, un saut, deux sauts de chevreau irrésolu
disent le doute, l’impuissance devant le mystère : « Pas la guerre ? »
C’est vrai, elle ne peut pas imaginer … En août 1914, elle avait douze
mois.
L’orée
du bois nous rejette dans un bain éblouissant de lumière, d’herbe
chaude, d’odeurs animales et potagères : la ferme est là. Aux cris de
héraut de Bel-Gazou répondent ceux des coqs, des cochons, des dindons
sanglotants et des chiens de troupeaux …
Et un moment elle est environnée de poules, becquetée de pintades, et voici que cinquante poussins déjà emplumés, un peu jaunes encore aux commissures du bec, l’ont envahie jusqu’aux épaules. Tantôt elle les secoue d’elle et tantôt elle les encourage. Elle est rouge d’orgueil et rit avec sévérité. Un petit Dieu charmeur d’oiseaux … L’enfance du saint qui parlait aux abeilles … Mowgli de la jungle limousine …
Des plaintes de volailles jugulées coupent mon extase maternelle et littéraire. Bel-Gazou a saisi par les pattes le plus gros poulet qui piaille, tête en bas, ailes ouvertes :
– Bel-Gazou ! Chérie ! Tu lui fais mal, lâche-le !
Bel-Gazou, avant de répondre et d’obéir, avance une lippe importante :
– Je ne lui fais pas du mal, je le pèse.
– il n’a pas besoin que tu le pèses.
– Si, il a besoin. Quand il sera lourd, lourd, lourd, il ira au marché. Et on le vendra cher, cher, cher !
– Combien ? Tu ne sais pas combien ?
– Si, je sais.
– Dis-le ?
– Trois .. cent .. non, six .. quarante-douze mille … francs. Et encore quat’ sous de plus, même ! Té, ce qu’elle renchérit, la volaille !
Extraits de Bel-Gazou et la vie chère, paru dans La Baïonnette, 1918, repris dans Les heures longues
Les distances sont
mesurées par triangulation, c’est à dire en construisant sur le
terrain des triangles solidaires les uns des des autres par un côté
et en déterminant leurs dimensions :
– au départ, on
mesure d’abord la base d’un triangle (AC), de quelques
kilomètres, à l’aide de règles. Ce sera la seule mesure de
longueur sur le terrain. Suivront ensuite uniquement des mesures
d’angle.
– Aux extrémités de ce segment, en A et en C, on vise le sommet du triangle en B – qui peut être par exemple le clocher d’une église ou tout autre élément surplombant le paysage et visible à une longue distance – et on détermine les deux angles α et β à l’aide d’un appareil de visée, le cercle répétiteur.
À partir de ces
données, on peut calculer les longueurs des deux côtés du
triangle, puis enfin l’élément de méridien, AA1
On recommence ensuite la procédure avec le triangle suivant BCD, en mesurant les angles δ et θ et ainsi de suite.
Mais dans la réalité, les choses sont nettement plus compliquées et il faut procéder à des corrections mathématiques variées, plus ou moins complexes.
B – L’appareillage de mesure
L’appareil de mesure utilisé par Delambre et Méchain a été conçu par Jean Charles de Borda (d’où son nom, « cercle de Borda ») et construit par un artisan réputé, Étienne Lenoir ; c’est un appareil portable d’environ 1 mètre de hauteur muni de deux lunettes de visée, le cercle gradué support des lunettes ayant un diamètre d’environ 40 cm.
La
lunette supérieure est pointée sur un objet ; simultanément,
la lunette inférieure est pointée sur le deuxième objet et on peut
ainsi lire directement l’angle formé par les deux objets depuis le
point de visée. En pratique, l’opération de visée est répétée
plusieurs fois, d’où le nom de « cercle répétiteur »
donné à cet instrument : la lunette inférieure est pointée
alors sur le premier objet ce qui a pour effet de faire tourner le
cercle et donc la lunette supérieure qui en est solidaire, d’un
même angle. La procédure est répétée plusieurs fois en
intervertissant à chaque fois les visées. L’addition de
nombreuses mesures accroît très sensiblement la précision.
Illustration de Ferat pour le roman de Jules Verne «Aventures de trois russes et trois anglais en Afrique australe» (1871) : on y voit deux savants mettant en œuvre le cercle de Borda.
C – Mesures et corrections
– Les signaux à
viser doivent être bien visibles, faire contraste avec
l’arrière-plan, de dimensions bien calculées, de façon à être
réticulés facilement : trop étroits, ils seront difficilement
visibles, trop larges, ils obligeront à en chercher le milieu, ce
qui entraînera une approximation
– les mesures lues
sur le cercle (en grades) sont converties en degrés / minutes /
secondes
– la lunette
inférieure n’est pas dans le même axe que la lunette supérieure
(par construction), ce qui induit une erreur d’excentricité dont
il faut tenir compte (pour des distances courantes la correction est
de l’ordre de 0,5″
d’arc)
– il est rare de
pouvoir procéder aux visées en étant au centre de la station
(exemple : si le point à partir duquel doit s’effectuer la
visée est un clocher, il ne sera pas possible en général de placer
l’appareillage de mesure dans ce clocher → le cercle de mesure
sera positionné à proximité, mais il faudra tenir compte de ce
décalage, et ce, dans les 3 dimensions pour recalculer l’angle
réel :
– corriger les
effets de la réfraction de l’air
– En l’absence de
toute correction, on aurait, en raison du relief, une succession de
triangles situés dans des plans différents et au final la
détermination de la longueur de la portion de méridien serait
erronée :
Il est donc nécessaire de corriger les mesures brutes pour s’affranchir des différences d’altitude. Les corrections consistent à ramener la succession de triangles sur une surface sphérique qui épouse les formes du globe terrestre.
Sur le terrain, on mesure les angles (1); puis par calcul, on reporte les mesures sur une surface sphérique de référence (2)
Cette série de corrections a pour effet de définir des triangles sphériques à partir desquels on peut calculer les angles du triangle formé par les cordes de ce triangle sphérique : la somme des angles doit être la plus proche possible de 180°(1) : lorsque ce n’est pas le cas, c’est le signe de mesures peu précises.
Exemple de formule utilisée pour corriger les valeurs brutes :
Au final, les résultats des observations corrigés par calcul sont présentés sous forme de tableaux :
D – Jules Verne et la méridienne
Voilà comment Jules Verne décrit la complexité de la mesure dans son récit «Aventures de trois russes et trois anglais en Afrique australe» publié en 1872.
Dans ce roman, Russes et les Anglais se sont alliés pour mesurer, dans l’hémisphère sud, en Afrique, une portion de méridien. Il s’agit pour eux de s’affirmer dans le domaine des poids et mesures, alors objet de dissensions avec la France. Entre deux parties de chasse …
La description détaillée des opérations de mesurage qu’en fait Jules Verne est considérée comme un hommage à François Arago, scientifique de haut niveau, à la fois physicien et astronome, et aussi homme politique. Lequel fut envoyé en Espagne en 1806, avec pour objectif de poursuivre jusqu’aux Baléares la mesure du méridien commencée 10 ans auparavant par P. Méchain (Arago, né dans le Roussillon, parlait parfaitement le catalan, ce qui ne put que faciliter son périple malgré les risques de guerre)
Si Jules Verne n’a pas rencontré Arago, il a repris à son compte la description des opérations telle qu’elle figure dans son ouvrage Astronomie Populaire (publié après sa mort, en 1855) qui constitue un condensé des connaissances de l’époque en la matière. Un chapitre entier est consacré à la mesure de la méridienne.
Ce qui nous donne un récit très détaillé dans le cœur du roman :
1– D’abord, une présentation de la problématique : la base doit être mesurée avec la plus grande précision possible :
2 – Les opérations préliminaires : pose des jalons. Un impératif : une direction rectiligne !
3 – Problème : comment s’affranchir des problèmes de dilatation ?
La toise valant 1,949 m, les règles mesurent donc chacune près de 4 m
4 – La pose de la première règle. On mesure son inclinaison par rapport à l’horizontale avec une alidade et on fait même une double mesure par souci d’exactitude :
5 – Pose des règles suivantes, relevés des températures en vue de corriger les mesures, raboutage de deux règles consécutives :
6 – Le sens du détail poussé à l’extrême. Et une fois la quatrième règle posée, on reprend la première règle pour prolonger la base :
MaJ : nov. 2024
(1) Contrairement au triangle plan, la somme des angles d’un triangle sphérique est toujours supérieure à 180°
L’idée de mesurer le méridien et d’en déduire les dimensions
de la Terre remonte aux dernières années du règne de Louis XIV :
l’abbé Picard en 1670, puis Jean-Dominique Cassini (Cassini I) et
Philippe de La Hire en 1683 commencent des mesures dont le but est de
calculer avec précision la longueur de l’arc compris entre
Dunkerque et Perpignan. Il s’agissait en même temps de
cartographier la France. Le projet cartographique trouvera un premier
aboutissement en 1693 et aura comme conséquence imprévue de
diminuer de 15 % la superficie du royaume de France …
Les mesures se succèdent et J-D Cassini en arrivera à la conclusion que la Terre a une forme ellipsoïdale (de plus grand diamètre selon l’axe des pôles). Alors que dans le même temps, Newton et Huyghens démontrent à l’inverse, par le calcul, que la Terre est aplatie aux pôles…
Afin de lever le doute, deux expéditions sont envoyées dans le but de déterminer la longueur correspondant à un degré de latitude selon qu’on est proche de l’Équateur ou proche du pôle. La première, constituée de La Condamine, Bouguer, Godin et Jussieu, va arpenter le Pérou et la Cordillère des Andes, ce qui en fera les premiers alpinistes ; la seconde se dirigera vers les régions polaires avec comme chef de file Maupertuis. Ce dernier rapportera et exposera ses résultats en 1738 et sa conclusion est à l’opposé de celle des Cassini : la Terre est aplatie au niveau des pôles.
Pour en avoir le cœur net, une nouvelle campagne de mesure (qui fera l’objet d’une publication officielle en 1744 sous le titre « la méridienne vérifiée par de nouvelles observations« ) est organisée entre Dunkerque et Perpignan, en 1739 et 1740, par Cassini de Thury (dit Cassini III) et l’abbé La Caille. La conclusion est cette fois très claire : la Terre est aplatie aux pôles. Les triangulations effectuées par Cassini sur cette portion de territoire viennent s’ajouter à des travaux précédents et seront à l’origine de la version initiale de la carte dite « carte de Cassini », dont la première version paraît en 1744.
Près de 50 ans plus
tard, la conjonction de deux facteurs va être à l’origine d’une
nouvelle campagne : la demande insistante d’uniformiser le
système de mesures qui remplacerait le système en place, confus et
disparate, d’une part, et l’amélioration importante des moyens
de mesure : le cercle répétiteur de Borda fabriqué par
Étienne Lenoir spécialement pour ces mesures est alors 15 fois plus
précis que les instruments antérieurs.
Un temps, l’idée
de bâtir l’unité de longueur par le biais d’un pendule qui
battrait la seconde avait figuré parmi les possibilités mais fut
finalement abandonnée en raison des différences constatées selon
la latitude et aussi pour éviter que l’unité ne dépende d’une
autre unité. C’est donc l’option de rattacher la nouvelle unité
aux dimensions de la Terre qui s’imposa.
Les scientifiques
proposent alors de mesurer l’arc de méridien compris entre
Dunkerque et Barcelone soit sur 9,5° en s’appuyant sur les
observations effectuées quelques décennies auparavant par Cassini
III. La mission est confiée à deux astronomes réputés, Jean
Baptiste Delambre et Pierre Méchain (ce dernier a notamment
contribué à enrichir le catalogue de Messier).
La campagne de
mesures est une véritable aventure qui va conduire les protagonistes
(les deux équipes constituées par J.B. Delambre et Méchain) à
devoir faire face à de nombreuses difficultés. Il est vrai que
l’époque est particulière : la révolution vient de se dérouler,
les esprits sont encore enflammés, le nouveau pouvoir en place
cherche à affermir son autorité et peut se montrer intraitable ou
suspicieux, même vis à vis des scientifiques.
De nombreux points
de repères qu’ils comptaient réutiliser, et notamment plusieurs
clochers, ont été endommagés durant les années de révolution.
Delambre va mesurer
l’arc partant de Dunkerque jusque Rodez qui sera le point de
jonction où parviendra Méchain qui démarrera de Barcelone pour
remonter vers le Nord. Les mesures commenceront en 1792, seront
interrompues plusieurs fois (la Terreur) pour finalement se terminer
en 1798.
L’académie à
laquelle appartiennent les deux astronomes est dissoute en 1793
Delambre est exclu de la commission des poids et mesures en 1795 après qu’il eut demandé avec 5 confrères, la libération de Lavoisier …
Voici un extrait du récit de Delambre (l’orthographe de l’époque a été conservé) :
page
31
… un
détachement de la garde nationale de Lagni vient visiter le château
: on nous reconnaît, on se rappelle que nous avions voulu placer un
signal à Montjai ; on nous enlève, on nous entraîne à
travers champs par une pluie affreuse. Nous arrivons à Lagni à
minuit ; je montre notre proclamation et l’ordre particulier du
district de Meaux. Ces pièces étoient sans réplique.
La
municipalité, pour notre propre sûreté sans doute, nous consigne à
l’auberge de l’Ours avec deux fusiliers qui doivent veiller toute
la nuit à notre porte.
..
Toutes
les municipalités étoient en séance permanente; il falloit y
comparaître. On discutoit devant nous s’il étoit prudent de nous
laisser passer, et s’il ne valoit pas mieux s’assurer de nos
personnes …
page
32
On
trouve que nos instruments ne sont pas désignés assez clairement
dans nos passeports; on veut les saisir; on exige que je les étale
sur le terrain et que j’en explique l’usage. Personne n’entend la
démonstration que j’en fais, et il faut la recommencer pour chaque
curieux qui survient. Vainement je veux mettre dans mes intérêts
deux arpenteurs qui se trouvent présens, en leur prouvant l’affinité
de mes opérations avec celles dont ils font profession ; ils
voient trop à la disposition des esprits qu’ils tâcheroient
inutilement de parler en notre faveur. Ils n’osent donner de
conclusion. Après trois heures de débats on nous force à remonter
dans nos voitures que la garde armée accompagne.. On nous mène à
Saint-Denys. La place étoit remplie de volontaires qui attendoïent
des armes pour aller à la défense des frontières.
page
33 :
..
quelques voix proposoient un de ces moyens expéditifs si fort en
usage dans ces temps, et qui tranchaient toutes les difficultés,
mettoient fin à tous les doutes.
Page
42 :
Nous
avions une petite armée au pied de Mont-Cassel; les avant-postes
ennemis étoient près de la montagne des Chats*, où j’avois une
station à laquelle je fus obligé de renoncer. En substituant
Cassel, Watten et Fiefs au moulin des Chats à Hondschote et
Bolle-Zèle, j’évitai les deux armées et n’eus pas besoin
d’importuner le général, avec lequel je me trouvai pourtant un jour
logé à Béthune.
* NdR : orthographié aujourd’hui : mont des Cats (« chat » se prononce localement « cat »)
Page
79 :
Ce qui rendoit Herment si difficile, c’est qu’on avoit abattu la partie supérieure du clocher et la lanterne où l’on s’étoit mis en 1740; il ne restoit même de la partie inférieure que la charpente, qui étoit toute à jour. Je la fis couvrir de toile blanche, parce que de Sermur ce clocher se projetoit sur des montagnes voisines. La couleur de cette toile alarmoit les habitans, qui craignoient d’avoir l’air d’arborer l’étendard de la contre-révolution. Je fis donc ajouter, d’une part, une bande rouge, et, de l’autre, une bleue. Ce moyen parut satisfaire tout le monde. Cependant, comme je m’étois pas encore bien sûr qu’on respectât long-temps mon signal tricolor où le blanc dominoit trop, je sollicitai de l’administration départementale du Puy-de-Dôme un arrêté qui mit ce signal sous la sauvegarde des
autorités locales, et en effet il fut toujours respecté.
Des corréziens plutôt réfractaires :
Celui
de Bort, au contraire, fut souvent insulté et sans le zèle et les
soins de l’administration municipale, il n’eût pas subsisté
long-temps. Le jour même où il avoit
été construit, un orage affreux avoit dévasté les environs de
Bort
et rempli les rues de la ville jusqu’à trois pieds de hauteur, de
terre et de cailloux que les eaux avoient
entraînés du haut de la
montagne. On avoit craint pour
le
pont de la Dordogne. On s’en prenoit a notre signal, qui paroissoit
être la cause du désastre; on lui attribuoit
encore les pluies continuelles qui, pendant près de deux mois,
suspendirent toute culture dans ces montagnes.
Plus d’une fois on voulut l’arracher; il en fut. de même à peu près
de celui de Meimac. Heureusement ils étoient tous les deux dans des
lieux écartés et d’un accès peu commode.
Page
88
J’ai
fait rétablir tous les signaux et pris les moyens les plus directs
pour en assurer la conservation. J’ai écrit aux administrations
centrales et municipales ; j’ai requis l’emploi de l’autorité.
Pour le signal de Montalet, il a fallu recourir à la force :
des propos répandus, et le fanatisme, avoient tellement exaspéré
les esprits qu’on détruisoit le signal aussitôt qu’il étoit
relevé, et au mépris d’un avis imprimé que le département avoit
fait afficher. On vient de relever ce signal et d’y poster des
gardes : il n’y a plus rien à craindre. Il a fallu mettre aussi
des gardes à plusieurs autres signaux. Au nord de Rodez on a été
plus tranquille.
Page
92
Les savans étrangers venus pour prendre part à ces travaux étoient MM. AEneae et van Swinden députés bataves; M. Balbo, député du roi de Sardaigne remplacé depuis par M. Vassalli Eandi envoyé par le gouvernement provisoire du Piémont; M. Bugge député du roi de Danemarck; MM. Ciscar et Pédrayés députés du roi d’Espagne; M. Fabbroni, député de Toscane; M. Franchini député de la République romaine ; M. Mascheroni, député de la République cisalpine ; M. Multedo, député de la République ligurienne, et M. Trallès, député de la République helvétique.
Page
115
…
Mais
quand le discrédit du papier-monnaie et les retards que nous
éprouvions continuellement dans les paiements nous eurent forcés à
réduire toutes nos dépenses, lorsqu’enfin nous avions tout au
plus de quoi payer une seule charrette attelée d’un cheval, pour
nous conduire aux différentes stations …
page
258
Ce signal, semblable aux précédens, étoit placé au sommet de Mont-Chagni qui est la partie la plus élevée du Puy-de Bort. Le centre étoit à 2t d’un trou où étoit placé le signal de 1700. 0t667 en avant de ce trou, dans la direction de Meimac à .peu près, on voit deux pierres entre lesquelles étoit probablement le signal de 1740. La distance du nouveau signal au milieu entre les deux pierres étoit de 1t2222, et cette distance faisoit un angle de 298° à gauche d’Herment.
Page
261
Le signal de Meimac, semblable aux précédens, étoit placé comme en 1740, sur le sommet du mont Besson, à une bonne heure et demie de chemin de Meimac.
Sur
le haut de la montagne on voit une pyramide de pierres au sommet de
laquelle on a planté un arbre il y a environ vingt ans, sans doute
pour la carte de France.
Le
centre du nouveau signal étoit à 5t67 de celui de la pyramide, et
cette distance faisoit à gauche de Bort un angle de 217° 10′ 1/2.
Les habitans des environs de Meimac et de Bort vouloient abattre ces deux signaux, qu’ils regardoient comme la cause des pluies continuelles qui tomboient depuis deux mois. Les administrations de cantons ont été obligées de faire plusieurs proclamations pour les préserver.
Le témoignage de Jerôme de Lalande, astronome, directeur de l’observatoire de Paris de 1795 à 1807 qui a recueilli les confidences de Delambre, confirme la pénibilité de la campagne de mesures :
Ce travail est pénible. Le Citoyen Delambre m écrivait de PuyViolan (NdR : dans le Cantal): «J’avais pour six heures d’ouvrage et je n’ai pu le faire qu’en dix jours. Dès le matin, je montais au signal pour n’en descendre qu’au coucher du soleil; l’auberge la plus voisine était celle de Salers. Le chemin était de trois heures pour aller, autant pour revenir et la route était la plus horrible que j’aie rencontrée jusqu ici. J’ai pris le parti de me loger dans une vacherie voisine; je dis voisine parce qu’il n’y avait que pour une heure de chemin tant le matin que le soir. Pendant les dix jours qu’a duré ce travail, je n’ai pu me déshabiller; je couchais sur quelques bottes de foin, je vivais de lait et de fromage. Presque jamais je ne pouvais apercevoir deux objets à la fois; un brouillard épais couvrait l’horizon. Pendant l’observation comme pendant les longs intervalles qu’elle me laissait, j’ai été successivement brûlé par le soleil, refroidi par le vent et trempé par la pluie. Je passais ainsi dix à douze heures de la journée exposé à toutes les intempéries de l’atmosphère; mais rien ne me contrariait tant que l’inaction»
Sur la piste du méridien dans sa traversée de la Corrèze
Il n’est pas possible de suivre la méridienne sur son parcours, du Nord au Sud, aucune piste ou chemin n’ayant été aménagé pour le faire …
C’est aux intersections du méridien avec une route ou un chemin passant sur leur commune que les municipalités ont placé les éléments commémoratifs, constitués d’un ou plusieurs arbres maintenus par des tuteurs et d’un médaillon métallique de 20 cm de diamètre, posé sur un poteau béton de 1 m de hauteur environ :
Ce que j’ai vu (et pas vu) sur la méridienne verte (du Nord vers le Sud) :
à Couffy, il voisine avec un monolithe de forme surprenante près de l’Église et du monument aux morts :
à Courteix, bien caché dans le bois de Feyt (merci à André E. qui m’a indiqué l’emplacement) :
à St Pardoux le Neuf : non localisée …
à Ussel, en bordure de la RD 1089, direction Clermont-Ferrand. Le poteau béton et son médaillon ne semblent pas être à cet endroit …
à St Exupéry les Roches, près du hameau de Badour. L’arbre planté à l’époque est manifestement décédé !
à Mestes : pas de traces …
à Chirac-Bellevue, hameau de Vernéjoux : Le site est aménagé et propice à une halte réparatrice. C’est le seul endroit où a été mis en place un panneau d’informations, malheureusement déchiré en partie basse. Bravo à la commune !
à St Etienne la Geneste : sur la route qui part sur Chirac, mais le poteau béton et le médaillon ont disparu …
à Ste Marie Lapanouze : impossible à localiser
à Liginiac : deux médaillons commémorent l’évènement : le premier placé au sommet d’un poteau béton fiché en terre de façon classique, le second à proximité du premier mais mis en évidence sur un monolithe, en bordure de la D 20
à Sérandon : à la sortie du village, sur la D20E1 en direction du barrage de Neuvic
La « méridienne verte » consiste en une plantation d’arbres sur le tracé du méridien de Paris à l’occasion du changement de millénaire.
Ce méridien, situé 2°20’ à l’est du méridien de Greenwich qui constitue la référence des longitudes, passe par l’observatoire de Paris. Il a eu une importance bien particulière du fait qu’il est à l’origine de la définition de l’unité de longueur du système international, le mètre.
La partie comprise entre Dunkerque et Barcelone a été mesurée à plusieurs reprises, aux XVIIe et XVIIIème siècle, en dernier lieu au moment de la révolution, entre 1792 et 1798, par les astronomes Delambre et Mechain. Il s’agissait alors d’évaluer les dimensions de cette portion de méridien de façon à déterminer sa longueur totale et en même temps, définir la nouvelle unité de longueur, le mètre, qui serait prise égale à la 10 000 000e partie du quart du méridien terrestre. La connaissance de la longueur du méridien devait en outre permettre de calculer les principales distances dans le système solaire, qui découlaient des dimensions de la Terre.
En fait, cette campagne renouvelait des mesures réalisées auparavant, et notamment en 1739-1740 par Cassini (III), mais en utilisant cette fois des instruments perfectionnés, en l’occurrence le cercle de Borda : les mesures d’angles allaient être effectuées avec une précision 15 fois meilleure, l’incertitude ne dépassant pas la seconde d’arc près alors qu’elle atteignait 15″ auparavant.
La campagne de Delambre et Mechain ne fut pas exempte de difficultés de toutes sortes qui sont rapportées par Delambre dans son compte-rendu de 1806 auprès de l’Institut (voir en pages 3 et 4 l’aspect historique et scientifique de cette aventure)
Le projet de la méridienne verte visait à commémorer cette épopée à l’occasion du changement de millénaire. Il s’agissait de matérialiser le tracé du méridien en plantant des arbres sur tout son parcours, de Dunkerque jusqu’à la frontière Franco-Espagnole.
Le projet est porté par un architecte de renom Paul Chemetov et démarre en 1998. Le journal Officiel publie une circulaire pour en préciser la signalétique :
Circulaire no 2000-31 du 4 mai 2000 relative à la signalisation routière de la méridienne verte
Dans le cadre des festivités organisées pour l’an 2000, la méridienne verte, projet imaginé par l’architecte Paul Chemetov matérialisant le méridien de Paris par la plantation de milliers d’arbres entre Dunkerque et Prats-de-Mollo, est en cours de réalisation. Le réseau routier croisera la méridienne verte sur 337 communes. Les gestionnaires de voirie qui souhaitent signaler les croisements entre la route et les plantations doivent utiliser le panneau de signalisation dont la description et les conditions d’implantation sont précisées en annexe, à l’exclusion de tout autre. Afin que la méridienne verte soit signalée de façon uniforme sur tous les réseaux routiers et autoroutiers (nationaux, départementaux et communaux), il est demandé aux préfets de département de porter les dispositions de la présente circulaire à la connaissance du président du conseil général et des maires des communes dont le territoire est traversé par le méridien de Paris. La liste des communes concernées est diffusée sur le site internet : http ://www.2000enfrance.com/sites/meridienne/index.htm (NdR : ce lien n’est plus actif)
Le panneau E 31, dit de « localisation de tous lieux traversés par la route pour lesquels il n’existe pas de panneau spécifique », doit être utilisé pour signaler la méridienne verte, à l’exclusion de tout autre. Les règles de composition sont les suivantes : – panneau à fond noir et inscription blanche; – logo vert sur fond blanc ; – caractères en italique (alphabet L.4 entièrement en minuscules); – panneau rétroréfléchissant.
Pour le ministre et par délégation : La directrice de la sécurité et de la circulation routières, I. Massin
Le Sénat s’associe au projet de façon active :
«Le méridien de Paris traversant de part en part le Palais et le Jardin du Luxembourg, le Sénat a souhaité s’associer au projet Méridienne Verte, « monument végétal pour l’an 2000 », qui est l’une des manifestations les plus emblématiques du passage au nouveau millénaire. Fidèle à sa vocation de représentant constitutionnel des « collectivités territoriales de la République », le Sénat a décidé d’offrir un arbre aux 337 communes situées le long du méridien. Il leur propose aujourd’hui de les aider à créer gratuitement leur site Internet.» (https://web.archive.org/web/20120324135539/http://14juillet.senat.fr/meridienne/)
Le méridien traverse 20 départements depuis le Dunkerque dans le Nord (59) jusqu’à Prats-de-Mollo-la-Preste dans les Pyrénées Orientales (66). La méridienne verte suit donc ce tracé qui passe en Corrèze, dans la partie Est, sur le territoire de 9 communes : Couffy s/sarsonne, Courteix, St Pardoux le Neuf, Ussel, St Exupéry les Roches, Mestes, Chirac-Bellevue, St Étienne la Geneste, Ste Marie Lapanouze, Liginiac et Sérandon.
Sur chacune de ces communes on peut s’attendre à trouver un massif cylindrique en béton d’une hauteur d’environ 1 mètre, au sommet duquel est incrusté un médaillon commémoratif standard et un ensemble de tuteurs qui maintiennent l’arbre qui a été planté à l’occasion.
En réalité, sur le terrain, on a du mal à localiser tous les poteaux béton; d’autre part les arbres plantés à l’époque n’ont pas tous survécu …
Néanmoins, il reste encore de nombreux vestiges bien identifiables, qui ont fait l’objet d’un petit reportage photographique (voir page suivante).
Dolmens et autres monuments mégalithiques en Corrèze
1– Philibert Lalande, Mémoire sur les monuments préhistoriques de la Corrèze, In : bulletin annuel de la Société historique et scientifique de Saint-Jean d’Angély, 1867
2– MM. Henri Martin, Gabriel De Mortillet, Salmon, Chantre, Cartailhac, Louis Leguay. Inventaire des monuments mégalithiques de France. In: Bulletins de la Société d’anthropologie de Paris, III° Série. Tome 3, 1880
3– Victor Forot, Richesses monumentales et artistiques du département de la Corrèze, 1913
Dans ce domaine, la Corrèze ne peut se comparer à la Bretagne ou à la partie sud du Massif Central, régions très denses en monuments mégalithiques comme le montre la carte ci-dessous, établie à partir du recensement figurant dans la document :
On constate que la répartition suit un arc qui va du Languedoc et du sud-ouest du Massif Central à la Bretagne; a contrario, le Nord, l’Est de la France, le Sud-Ouest sont des régions quasi dépourvues de monuments de ce type
Néanmoins, plusieurs dizaines de ces vestiges – 30 selon le recensement de 1880 – sont visibles sur le département. Certains sont répertoriés comme Monuments Historiques : c’est le cas des dolmens de Beynat, Espartignac*, Lamazière-Haute* et St Cernin de Larche*, des menhirs d’Argentat et de St Cernin de Larche ainsi que le cromlech d’Aubazines*.
* voir illustrations plus loin
Un dolmen — du breton toal qui signifie table et men signifiant pierre — est un monument mégalithique (de mega : grand et lithos : pierre) édifié sans l’aide d’un quelconque liant. Il est simplement constitué de plusieurs pierres verticales, les orthostates, supportant une pierre plate, la table. Bien que de nombreux dolmens soient, à ce jour, visibles hors sol, ils auraient été recouverts à l’origine d’un monticule de terre nommé tumulus ou de pierres formant un cairn.
Les dolmens auraient été, selon les préhistoriens, des monuments funéraires, des sépultures collectives, érigés dans la seconde moitié du néolithique, entre -5500/-5000 et -2000 av JC, cette période coïncidant plus ou moins avec l’âge du cuivre (calcolithique) qui s’étend de -3000 à -1800 et précède l’âge du bronze en Europe.
On peut imaginer les difficultés rencontrées par les hommes pour édifier de tels structures : le poids d’une table (dimensions courantes : 2,0 m x 1,0 m x 0,40 m) est de l’ordre de 2,5 tonnes !
Un menhir est une pierre dressée : le terme «menhir» est construit à partir du breton maen, «pierre», et hir, «longue». D’autres dénominations peuvent se rencontrer, par exemple : L’ancien nom breton des menhirs était « peulvan » ou « peulven »; le toponyme Peyrelevade (en langue d’oc : pierre levée), est fréquent en Corrèze et ailleurs
La fonction du menhir n’est pas connue … était-ce un monument servant à signaler un lieu de rassemblement, à caractère religieux ou autre ? Ils devaient avoir une grande importance pour les peuples de cette époque pour qu’ils aient déployé autant d’énergie à ériger de telles masses : le grand menhir de Locmariaquer dans le Morbihan pesait aux alentours de 300 tonnes !
Les cromlechs (parfois orthographié cromlec’h) ou cercles de pierres, sont des arrangements de (petits) menhirs en cercle avec parfois, un menhir placé en son centre. Le plus connu de tout les cromlechs est celui de Stonehenge, en Angleterre. Une version plus modeste est visible en Corrèze, au dessus d’Aubazines, au Puy de Pauliac
Mettons fin à un début de légende créée de toute pièce par MM. Goscinny et Uderzo : dolmens et menhirs n’ont pas de rapport avec la civilisation gauloise, contrairement à ce que laisserait supposer la lecture de leur célèbre série Bd où l’on voit Obélix diriger une entreprise florissante d’extraction de menhirs (« Obelix et Compagnie« )
Ainsi que le montre la frise ci-dessous, ces monuments ont, en réalité, été érigés par des populations pré-celtiques bien antérieuresaux Gaulois et dont nous ne savons rien …
À la poursuite des dolmens de Corrèze
En parcourant la Corrèze, on peut, si l’on est chanceux et persévérant, découvrir quelques-uns de ces mégalithes, pour la plupart situés en basse Corrèze, celui de Lamazière-Haute constituant l’exception qui confirme la règle.
Le chercheur de dolmens et menhirs ne doit pas partir sans se munir des équipements nécessaires à sa quête : une boussole et une carte IGN au 25000ème, indispensables pour localiser les vestiges, le fléchage pouvant être imprécis; des chaussures de marche ou de randonnée, car il est assez rare que les dolmens soient implantés au bord des routes et autoroutes, encore qu’il y a des exceptions;
Le beau temps est un allié précieux et consulter la météo avant de prendre le départ pour s’en assurer est donc essentiel.
Dans la panoplie d’outils à emporter, il faut prévoir l’incontournable appareil photo avec sa carte mémoire neuve et sa batterie bien chargée, et, pour les puristes, un mètre qui permettra de prendre les mensurations des différents éléments composant le mégalithe : hauteur, largeur, tour de taille.
Les plus professionnels emporteront avec eux un stock de carbone 14 pour dater les ossements …
Voici un échantillon photographique de ces monuments que j’ai découverts à mes risques et périls au cours de randonnées, parfois à vélo, le plus souvent à pied.
– à Aubazines : le dolmen d’El Bos Ayretié; effectivement situé en plein milieu d’un bois; attention, à la saison des champignons, on peut même trouver des cèpes dans son voisinage; ou des châtaignes si l’on fait la visite à l’automne …
– toujours à Aubazines, un peu plus haut en direction du Puy de Pauliac : le seul cromlech identifié en Corrèze : un cercle de 35 m de diamètre environ, matérialisé par des menhirs de petite taille et comportant, en son centre, un menhir de grande taille, aujourd’hui couché et cassé en 2 parties. Comme le dolmen, il est pas mis en valeur, sans la moindre information à caractère archéologique sur place; dommage !
-à Auriac : on peut voir le menhir dit de « Peyre Quilhade » (pierre levée ou dressée) au lieu-dit « la croix de Vaur », un peu à l’intérieur d’un bois, en bord de route entre Auriac et Bassignac-le-Haut, sensiblement à mi-distance des hameaux de Selves et de Rigieix. D’après J.F. Pérol (in : bulletin de la Sté préhistorique Française 1945), ce menhir a une hauteur totale de 3.30 m dont une partie enterrée d’environ 1.0 m. Toujours d’après cet auteur, il semblerait qu’il y ait, au dos de ce mégalithe, une gravure pouvant représenter un poignard … ce qu’il est difficile de vérifier, la pierre étant couverte de mousse !
-à Bonnefond : le menhir du Pilar, à 1 km environ au sud-est du village, un menhir christianisé de 2 m de hauteur, sculpté en forme de croix à l’époque chrétienne. Il faut pénétrer dans le bois pour s’en approcher (attention aux loups !). Le nom Pilar pourrait trouver son origine dans le latin pila : colonne
– à Estivaux, lieu-dit Peyrelevade (« pierre levée« ); en bordure d’une route, en plein milieu d’un champ, un dolmen daté de 2700 av J.C. selon la plaque d’identité. Le nom du lieu-dit pourrait laisser penser qu’autrefois il pouvait y avoir des menhirs à cet endroit …
– à Lagraulière, lieu-dit Joujou (sic) : difficile à trouver, masqué qu’il est par un grand hangar agricole.
– à Lamazière-Haute, lieu-dit Le Chevatel : le plus photogénique; en contrebas d’un chemin, il est facilement accessible. Protégé par quelques arbres, l’emplacement est un lieu idéal pour pique-niquer par une chaude journée d’été au milieu d’une randonnée !
– à St Cernin de Larche : près du lac du Causse, lieux-dits La Palein et La Chassagne. Il faut s’employer pour grimper depuis le centre du village jusqu’aux sommets qui surplombent le causse, mais ensuite on découvre sur le plateau ces deux monuments, à faible distance l’un de l’autre. Ils sont tous deux situés au centre d’un tumulus (élévation de terrain constituée d’un mélange de pierres et de terre).
– à Espartignac, sur un surplomb de la Vézère et caché par la végétation plutôt dense, un édifice qui ressemble à un dolmen mais qui n’en serait pas un selon certaines sources… Il est quand même classé comme tel par les Monument Historiques sous l’appellation « la maison du Loup«
– à Seilhac, une pierre de très grandes dimensions, la « Pierre Bouchère« au lieu-dit le Puy des Ferrières; il faut aller jusqu’au sommet, contourner le relais de télécommunications par la gauche et s’enfoncer dans le sous bois pour découvrir cet énorme bloc monolithe. Son nom donne une idée de l’usage qui pouvait en être fait
– à Ste Fortunade, hameau de Clairfage : un dolmen existait jusqu’à une époque assez récente; il aurait été détruit malencontreusement par le propriétaire des lieux pour des motifs peu clairs dans les années 30 (voir le récit assez amusant ou affligeant, c’est selon, qu’en fait Marius Vazeilles, spécialiste de l’archéologie locale, écologue et expert forestier)
Le dolmen de Sainte Fortunade selon une carte postale, datant du début du XXè siècle :
– à St Augustin, en bordure du D 173, une pierre dédiée à Sedulix; c’était, si l’on en croit le texte figurant sur la plaque, un chef de guerre gaulois .. Il aurait selon certains, apporté son appui à Vercingétorix pour finalement périr à Alésia. Et effectivement, ce personnage est évoqué par César sous le nom de Sedullus dans la guerre des Gaules. C’est Antoine Paucard, sculpteur et poête local qui a fait dresser ce monolithe commémoratif dans les années 20 et s’est chargé d’écrire l’hommage (et au passage, a changé le nom de Sedullus en Sedulix au motif qu’un nom gaulois ne pouvait que finir par la terminaison « ix« )
Pour en savoir plus sur Ötzi, « l’homme des glaces » :
Le village d’Aubazine est un lieu à découvrir; riche d’un passé encore visible, il recèle de nombreuses curiosités qui valent le détour :
– Au centre du village trône une abbaye du XIIème siècle, rattachée à l’ordre des Cisterciens (ordre monastique trouvant son origine à Citeaux dans le département de la Côte d’Or), qui fut fondée aux environs de 1140 par Étienne de Vielzot et ses compagnons. À son apogée (XVIIème), elle hébergea jusqu’à 300 religieux nous apprend Wikipedia. Au XVIIIème, les occupants, dans l’impossibilité de faire face aux réparations alors nécessaires, décidèrent de modifier le bâtiment principal (l’église) … en supprimant 6 des 9 travées ! Ce que l’on peut voir actuellement est donc une version réduite de ce qu’était ce monument au temps de sa splendeur, voici 300 ans …
Cette abbaye abrita à partir de 1860 un orphelinat de filles où l’illustre Coco Chanel, de son nom Gabrielle Chasnel, aurait séjourné de 1895 à 1901. Ce séjour lui aurait inspiré quelques unes de ses créations ultérieures, certains voulant voir dans ses logos une reproduction inspirée des motifs ornant les vitraux de l’abbaye; de même, ses lignes de vêtements dont le dépouillement n’est pas sans rappeler l’austérité des locaux qu’elle a connus enfant.
Ce séjour de la grande couturière à Aubazine est controversé puisque certains émirent l’hypothèse qu’elle avait passé cette partie de sa jeunesse non pas à Aubazine, mais à Thiers …
– Le canal, dit Canal des Moines, est un ouvrage construit aux tous débuts de l’implantation du monastère; par le biais d’une prise d’eau sur le Coiroux à 1,5 km en amont, les moines alimentèrent leur vivier, les jardins et trois moulins. Le canal s’accroche et serpente tout au long du versant en conservant une légère pente, traverse même parfois le massif rocheux; il est soutenu du côté de la vallée très encaissée creusée par le Coiroux, d’abord par le terrain naturel puis par un mur de soutènement haut de près de 40 m par endroits, qui supporte une chaussée qui lui est parallèle
– un monastère de femmes, à un peu moins de 1 km de l’abbaye, construit sensiblement à la même époque, dont les vestiges subsistent sur les bords du Coiroux.
– un dolmen
À mi-pente lorsqu’on se dirige vers le point culminant qui est le puy de Pauliac (520 m), on découvre au milieu des bois, un dolmen au lieu dit El bos Ayretié (=le bois d’Ayretié); connu depuis très longtemps (il figure dans le recensement de Ph. Lalande de 1867 ainsi que sur celui de V. Forot en 1913), il n’est pas très bien mis en valeur : pas de panneau informatif à l’attention des promeneurs, signalisation aléatoire .. Dommage, il est assez photogénique
La table du dolmen est en gneiss, roche abondante localement qui fut exploitée dans une carrière située un peu plus haut
– une ancienne carrière de gneiss
En continuant la montée, on se rapproche du puy de Pauliac et on découvre ce qui est une ancienne carrière de gneiss qui fut exploitée durant la première moitié du 20ème siècle. Un panneau d’information complet présent sur le site, permet de bien comprendre l’essentiel
– un cromlech
Plus haut, en se rapprochant du puy de Pauliac, on arrive sur une zone plane sur laquelle on découvre un cromlech, le seul recensé en Corrèze. Il forme une ellipse d’environ 35 à 40 m de diamètre au centre de laquelle on identifie ce qui est sans doute un menhir .. couché et cassé en deux parties et qui devait mesurer entre 2,50 et 3,00 m. Un vague panneau, dépourvu d’explications, signale le site .. Là aussi, la présentation aux touristes pourrait être améliorée, d’autant que ce vestige est répertorié comme monument historique
– une table d’orientation
Au sommet du puy, on découvre les environs sur 360° en particulier les Monédières et la vallée de la Dordogne; une table d’orientation, rénovée en 2012, permet de se repérer aisément. L’ancienne table d’orientation a été conservée
Trois sentiers de randonnées partent d’Aubazine et permettent de découvrir toutes ces richesses. Ils sont décrits sur le site http://www.correzerando.com/
Alain Mimoun : 4 fois médaillé olympique, un record : trois médailles d’argent à Londres en 1948 sur 10000 m, à Helsinki en 1952 sur 5000 et 10000, à chaque fois derrière l’inaccessible tchèque Emil Zatopek et vainqueur du marathon à Melbourne en 1956. Attaché à la Corrèze par son mariage, il va œuvrer pour la création et le développement du centre national d’entrainement de Bugeat qui porte son nom.
Mme de Pompadour, Jeanne Antoinette Poisson à l’état civil.
À peine a-t-elle fait connaissance en 1745 avec le roi Louis XV à l’occasion d’une fête, que celui-ci lui offre le domaine de Pompadour qu’il a acquis peu de temps auparavant auprès d’un de ses cousins, le prince de Conti. Elle n’a que 24 ans et prend alors le titre qui va avec le domaine, de Marquise de Pompadour.
On dit qu’elle ne se serait jamais rendu sur les lieux, ce qui est à tout le moins étonnant … Mais peut être était-il risqué de s’absenter ne serait-ce que quelques jours de la Cour ?
Elle créera un haras privé qui sera à l’origine du haras royal, plus tard haras national.
Elle ne restera la maîtresse du roi que durant quelques années mais deviendra par la suite sa favorite et sa conseillère la plus influente, sur le plan politique où elle favorisera un rapprochement avec l’Autriche, mais aussi culturel, puisqu’elle apportera tout son soutien à Montesquieu, Diderot, d’Alembert et Voltaire.
Jacques Chirac :
député de la Corrèze pendant 17 ans, ministre pendant 7 ans, premier ministre : 4 ans, maire de Paris durant 18 ans et Président : 12 ans de 1995 à 2007.
Une très longue carrière politique, commencée réellement en 1967 lorsqu’il est élu député de la circonscription d’Ussel.
Marcel Treich-Laplène :Né à Ussel en 1860 ; il est le fils d’un notaire, en son temps maire d’Ussel. Après ses études, il suit son père en Algérie où il fait son service militaire. Au décès de son père, il revient en France et le hasard lui fait alors rencontrer un nommé Arthur Verdier, armateur Rochelais et en même temps administrateur colonial et qui possède des comptoirs en Afrique, dans le golfe de Guinée. Et le jeune Treich-Laplène va entrer à son service en 1883 et dans un premier temps s’occuper d’une plantation de café. Puis il assurera l’interim d’un autre administrateur Amédée Brétignère.
Il va être amené à conduire des missions d’explorations à l’intérieur des terres de ce qui n’est pas encore la côte d’Ivoire, afin de nouer des alliances et des accords avec les chefs des tribus locales afin de matérialiser la présence française, qui essaye de faire face à la poussée colonialiste des anglais. Il va ainsi procéder à plusieurs expéditions, en 1887 notamment, au cours desquelles il contactera de multiples alliances … mais aussi la malaria. Il est nommé administrateur colonial, décoré de la légion d’honneur mais décédera de la maladie en 1890. Il est considéré comme le fondateur de la Côte d’Ivoire, qui deviendra officiellement une colonie française en 1893.
Coco Chanel
À la suite au décès de sa mère en 1895, Gabrielle Chanel qui n’a alors que 12 ans arrive à Aubazine et sera prise en charge à l’abbaye où elle recevra, jusqu’à l’âge de 18 ans, un enseignement à la fois religieux et pratique. Cet épisode de sa vie sera décisif pour son avenir.
Colette Colette séjournera en Corrèze, à Varetz, pendant de courtes périodes à partir de 1911 et son mariage avec Henry de Jouvenel. Elle y découvre les joies d’une vie simple, à la campagne, avec sa fille Bel-Gazou. Elle reviendra en Corrèze 25 ans plus tard, au moment de la débâcle, mais ce sera à Curemonte où sa fille s’est installée, et où elle séjournera un court moment avant de continuer sa route vers le Sud avec son nouveau mari.
Un magnifique jardin lui est consacré à Varetz.
Ses séjours à Saint Ybard durant les vacances d’été, dans la maison et le parc magnifiquement arboré de Meyrignac appartenant à son grand-père, lui ont laissé un souvenir fort. Un coin de Corrèze qu’elle évoque à plusieurs reprises dans Mémoires d’une jeune fille rangée.
Un circuit pédestre aux abords d’Uzerche lui est dédié.
Elle a raconté ces moments heureux passés lors de ses séjours en Limousin : Souvenirs de Corrèze
Aujourd’hui lorsqu’on veut faire des calculs, on utilise le plus souvent des outils qui nous sont devenus familiers : les calculettes
Et avec l’informatique, on peut encore aller plus loin, automatiser des calculs, faire des simulations, traiter des données avec ces outils extraordinaires que sont les tableurs (Excel, Calc ..).
Mais comment faisait-on avant ?
Avant, jusqu’au milieu des années 70, c’était avant … et il n’y avait pas de calculette ! pas d’ordinateur et pas de tableur; Texas Instruments (inventeur du circuit intégré en … 1958) existait à peine et n’avait pas encore révolutionné l’électronique et Bill Gates mettait encore des Pampers.
Dans la vie de tous les jours comme à l’école, au moins jusqu’en 3ème, on calculait tout « à la main »; au-delà de la 3ème, on passait aux choses « sérieuses » avec la règle à calcul, l’outil High Tech de l’époque, un instrument réservé aux élèves des classes orientées vers les maths, qui doivent manipuler les fonctions trigonométriques, les logarithmes et exponentielles; un instrument très malin, révolutionnaire même, qui permettait de faire tous les calculs, aussi bien les opérations de base que les calculs scientifiques :
– multiplications, divisions, carrés et racines carrées, cubes, inverses, proportions
– mais aussi : logarithmes, exponentielles, fonctions trigonométriques sin, cos, tg et leurs inverses : ArcSin, ArcCos, Arctg
Cet instrument continuait d’accompagner son propriétaire jusqu’en faculté, où il régnait sans partage dans les études techniques ou scientifiques jusqu’en 1975 lorsque apparaissent les premières calculettes (qui plus est, programmables) TI ou HP
Comment fonctionne la règle à calcul :
Le principe repose sur l’échelle logarithmique qui a pour particularité de transformer une multiplication en une addition et une division en une soustraction :
en effet : log (a * b) = log a + log b et log (a/b) = log a – log b
On sait que 100 = 10 * 10 → on peut écrire : log (100) = log (10 * 10) = log (10) + log (10) : sur l’échelle logarithmique, on visualise effectivement que la graduation 100 est, par rapport à l’origine, à une distance double de la graduation 10.
Multiplier deux nombres revient donc à une addition de deux longueurs, ce que permet de faire la règle avec son système de réglette mobile. La précision est de deux ou trois décimales, il suffit juste de placer la virgule au bon endroit.
Et comme en plus la fonction logarithme croît très lentement – le logarithme de 1 milliard (109) vaut 9 – il devient alors possible de manipuler aisément de grands nombres sans qu’il soit besoin d’avoir une règle d’une longueur démesurée qui ne rentrerait pas dans le cartable …
La règle est un instrument de précision fragile dont il faut prendre soin; surtout qu’elle est vendue S.G.D.G (= « Sans Garantie du Gouvernement »), selon l’expression en vigueur à l’époque (voir illustration ci-contre), formule qui était apposée sur de multiples objets et qui a disparu depuis lors. Finalement, il n’y a pas de véritable changement, le gouvernement d’aujourd’hui ne garantit pas plus que ses lointains prédécesseurs !
Preuve que cet instrument était répandu : ces photos extraites d’une vidéo réalisée par Disney et datant de 1956 montrent Werner Von Braun, qui fut la cheville ouvrière du programme Apollo, utiliser sa règle à calcul comme une baguette pour désigner à la caméra les divers éléments d’une station spatiale dont il se fait l’ardent promoteur.
La petite histoire précise qu’il s’agit d’une règle de marque Nestler – une fabrication allemande – et que Sergueï Korolev qui dirigeait le programme spatial russe à l’époque, utilisait exactement la même …
Si la règle à calcul a disparu, l’usage des logarithmes est resté. L’échelle logarithmique a la particularité d’être en phase avec notre ressenti, nos sensations ; elle est donc utilisée dans plusieurs domaines :
– les sons : le décibel est une unité de type logarithmique
– la mesure de l’intensité des séismes (c’est l’échelle de Richter : une secousse de magnitude 7 est dix fois plus intense qu’une secousse de magnitude 6)
– l’acidité des solutions : c’est l’échelle pH
– la magnitude lumineuse des étoiles
Sources :
Le théorème du parapluie – Michel Launay, Flammarion 2019
Colette : après sa rencontre avec Henri de Jouvenel, elle passe de longs moments en Corrèze, à Castel Novel, le château des Jouvenel. En 1913, à 40 ans, elle donne naissance à sa fille, prénommée Colette et surnommée « Bel Gazou »; laquelle restera durant les années de guerre à Varetz sous la surveillance d’une nurse, sa mère ayant regagné la capitale. Elle reviendra en Corrèze, à Curemonte cette fois, au moment de la débâcle, à l’été 1940, durant lequel elle séjournera chez sa fille, dans un des deux châteaux appartenant aussi aux Jouvenel.
Malraux : en décembre 1942, il s’installe avec son épouse du moment, Josette Clotis, à St Chamant. Après l’arrestation de deux de ses frères, il entre dans le maquis en 1944 sous le pseudonyme de « Colonel Berger ». Son épouse mourra tragiquement dans un accident, happée par un train en gare de St Chamant…
Henri Troyat : il fit de nombreux séjours à Bugeat d’où était originaire son épouse. Le village et ses habitants auraient fortement inspiré sa série « Les semailles et les moissons », parue en 1953
Hillary Clinton : en 1998, Mme Clinton se rend sur les terres de Bernadette Chirac où elle va découvrir le fonctionnement de la démocratie locale en visitant le conseil général puis le canton de Corrèze. Une belle opération de com de la part de Bernadette Chirac
Au centre, le barrage de l’Aigle dans sa vallée, avec des maquisards à droite ; à gauche, un largage de conteneurs évoque l’une des opérations majeures du maquis. Et au-dessus du titre, un aigle inspiré d’un logo retrouvé dans les archives du maquis.
Ce timbre rappellera à jamais l’histoire des maquis du barrage de l’Aigle. Leurs actions seront de deux ordres. En premier, travailler à retarder la construction du barrage sur la Dordogne, lancée en novembre 1940. Au lieu de 1942 comme prévu initialement, l’infrastructure sera achevée en 1945, mais sans avoir jamais livré le moindre kilowattheure d’électricité à l’occupant allemand.
En second lieu, il s’agit de mettre sur pied une organisation de résistance, l’ORA, dont la première mission est de récupérer et stocker clandestinement du matériel dévolu à la construction du barrage. La seconde sera d’organiser des parachutages d’armes et d’explosifs : trois auront lieu en 1943, le plus important le 14 juillet 1944. Au plus fort, le Bataillon Didier, constitué avec les maquis locaux, comptera un millier d’hommes. «Nous voulons continuer à porter haut les valeurs qui les animaient et honorer leur mémoire, explique l’Amicale des Compagnons de l’aigle sur Dordogne. L’édition d’un timbre, par le symbole du premier jour, par le côté vivant et intemporel de l’objet nous a paru un moyen approprié».
d’après un article paru sur La Montagne, le 22.08.2016
Le 7 juin 1944, les francs-tireurs partisans (FTP) attaquent la garnison allemande de Tulle faisant de nombreux tués de part et d’autre. Le 9 juin 1944, 3 jours après le débarquement, la 2ème division blindée SS Das Reich quadrille la ville et arrête tous les hommes valides de 16 à 60 ans, sous prétexte de contrôle de papier.
Ces hommes parqués dans l’enceinte de la manufacture d’armes vont faire l’objet d’une sélection préliminaire.
99 Tullistes vont être suppliciés, pendus aux balcons et aux réverbères. Sur les otages restants, 149 d’entre eux sont envoyés en déportation, 101 y perdront la vie.
Sur le timbre, les Martyrs sont symbolisés en 3 rangées, en arrière-plan figure la manufacture d’armes où ils ont été parqués par les Allemands. Tous les ans, le 9 juin, un hommage est rendu aux Martyrs de Tulle.
Le lendemain, un autre détachement de la même division SS entre dans la cité d‘Oradour-sur-Glane pour y commettre une odieuse tuerie.
documentation : La Montagne et Conseil départemental
Henri Queuille :
Né à Neuvic en 1884, député à l’âge de 30 ans, ministre de l’Agriculture à plusieurs reprises mais aussi de la Santé ou encore des Travaux Publics dans l‘entre deux guerres, rallié au général de Gaulle pendant la guerre, il sera président ou vice-président du conseil à 8 reprises entre 1948 et 1954. On lui reconnaît le mérite d’avoir mené à bien le processus déjà amorcé de la création de la SNCF ; il aurait aussi été à l’origine de la caisse nationale de crédit agricole, ancêtre du crédit Agricole.
Edmond Michelet :
Une des grandes figures de la résistance, déporté à Dachau en 1943; à son retour, il se présente à la députation et devient ministre des armées du gouvernement provisoire dirigé par le Général de Gaulle; il est de nouveau ministre aux débuts de la 5ème République : justice, fonction publique et culture.
André Malraux réfugié un temps à St Chamant en 1942 avec sa compagne Josette Clotis, Il entre dans la clandestinité sous le nom de «colonel Berger» en 1944 à la suite à l’arrestation de ses deux demi-frères.
Dessin de Pierre Forget, dont on reconnaît le style baroque caractéristique.
De gauche à droite:
la maison de la sirène, l’église Saint-Pierre et la maison de Ramade de Friac.
Collonges était le village de cœur de l’acteur et animateur de radio Maurice Biraud qui y est d’ailleurs enterré.
Situé sur le territoire de la commune de Lanobre (Cantal), il est la propriété de la ville de Bort les Orgues. Son environnement fut grandement modifié à la mise en eau du barrage de Bort au début des années 1950 et il s’en est fallu de peu qu’il soit submergé.
Paradoxalement, cette nouvelle situation a favorisé le site qui est devenu un lieu de tourisme incontournable de la région.
Au centre d’un domaine parsemé d’étangs, un lieu magnifique dans la campagne Corrézienne, propice aux promenades. Le site, propriété du Conseil Départemental, accueille un festival et de nombreuses expositions
dessin de Pierre Forget
Le château et le haras national qui s’étendent sur 120 hectares, sont situés sur la commune d’Arnac-Pompadour. Le haras a une réputation bien établie auprès du monde équestre.
Classée aux Monuments historiques, cette église du XIe et XVe siècles est unique en France, voire en Europe, du fait de son toit en chaume : il existe seulement une chapelle en Bretagne avec du chaume
Les villes de la Corrèze en timbres : les trois villes principales (la Préfecture et les deux sous-Préfectures) sont bien sûr représentées sur des timbres, ainsi que des villes de moindre importance mais emblématiques de la Corrèze :
Argentat, port sur la Dordogne. Entre le XVIe et le XIXème siècle, ce fut un des hauts lieux de la batellerie, d’où partaient des gabarres chargées de bois destinés aux viticulteurs du Bordelais.
supplément philatélique provenant du site d’Eve Luquet
Brive : La Foire du livre sous la halle Georges Brassens, un évènement considérable qui draine chaque année, début novembre, de nombreux auteurs et visiteurs et l’hôtel Labenche qui abrite le musée (dessin d’Eve Luquet)
Corrèze : en Corrèze et sur la rivière Corrèze (dessin d’Eve Luquet)
supplément philatélique provenant du site d’Eve Luquet
Tulle : la ville-Préfecture. Sur le timbre sont représentés la cathédrale Notre-Dame, majestueuse, et en face, la maison Loyac avec ses tourelles latérales (dessin d’Eve Luquet)
La rivière la Corrèze traverse la ville qui s’est bâtie le long de ses berges comme on peut le voir sur la gravure de droite et sur les collines qui l’entourent. Elle est d’ailleurs surnommée, comme Rome, «la ville aux 7 collines»
supplément philatélique provenant du site d’Eve Luquet
Ussel : la maison (ou Hôtel) des Ventadour, résidence occasionnelle des ducs de Ventadour. monument historique emblématique de la ville, construit au XVIe siècle. Les vicomtes ou ducs de Ventadour régnaient sur un territoire qui correspondait à ce qu’on appelle communément la Haute Corrèze : Ussel, Meymac, Neuvic, Egletons (ce qui ne correspond pas exactement au découpage territorial actuel de la communauté de communes)
Uzerche, la perle (fortifiée) du Limousin, sur la Vézère; à droite, on distingue le Château Pontier. L’écrivaine Simone de Beauvoir a séjourné durant sa jeunesse dans la ville ou ses environs à l’occasion des vacances d’été. Un circuit de 4 km lui est dédié au voisinage de la ville et le long de la Vézère, agrémenté d’extraits de ses textes
La toponymie(du grec topos, lieu, et onoma, nom) est la science des noms de lieux géographiques
Elle est le reflet des langues régionales qui se sont succédées ou ont coexisté (gaulois ou celte, latin, patois ou langue d’oc ou occitan), et à partir desquelles ont été nommés les lieux-dits, hameaux et villages
La majorité des noms de famille (patronymes) sont issus de noms de lieux (toponymes)
Dit autrement, toutes les dénominations de lieux, la plupart des noms, ont une signification, le plus souvent peu compréhensible si on ne remonte pas aux sources étymologiques …
Vous pourrez donc trouver, au fil de vos pérégrinations, des panneaux indicateurs sur lesquels vous pourrez lire des noms tels que ceux-là :
Besse,Bessade : Betua, betuo, lat betula, le bouleau; lieux-dits à Thalamy, St Jal, St Pardoux le Neuf, Aix
Bonnefond: de Fons : fontaine, donc bonne fontaine. Lieux-dits à Aix, Liginiac, Naves, Sarran, etc
Besson, de l’occitan bĕssou : jumeau (le Mont Bessou a un jumeau, le puy Pendu)
Borie : de l’occitan bòria, ferme isolée ou domaine agricole ou métairie. Lieux-dits à Seilhac, Vigeois, Espartignac, Serandon, Egletons, St Augustin
Bouige ou Bouyge : gaulois : Boigaou bouyge : terre en jachère, friche; Lieux dit : La Bouige ou La Bouyge (Sornac, Latronche, Nespouls, Naves)
Breuil :Brogilo ou broilum, brogilum, occitan : bròlh : taillis ou petit bois clos (entouré de haies ou non); lieux-dits à Seilhac, Le Lonzac, Vigeois, Meymac, etc
Bruge,Brigouleix, Brugère: Bruco, brujo (patois), la bruyère,
Bussière : lieu planté de buis
Chassang, Chassagne, Chassagnite : lechêne, du gauloisCassano, latCassanum; lieux-dits à St Exupéry, Lagraulière, St Rémy, Chaveroche, Soursac, Chamboulive, Vitrac, Brive
CoudertouCouderc: deCotericum, latin Codercum : petit pré, enclos proche de la maison, réservé aux porcs et volailles ou encore paturage communal. Lieux-dits à Chamboulive, Espagnac, Treignac
Fage, Faye, Fayolle, Faux : latin Fagus : le hêtreetfagetum, la hetraie,etc;lieux-dits à Liginiac, Merlines, Clergoux, St Exupéry, St Mexant, etc
Fraysse ou Fraisse : du latin Fraxinus, le frêne; lieux dits à Margerides, Argentat, Lamazière Haute, Margerides, Perpezac le Blanc
Gane ou La Ganne : Gāne ou Ganne, mot du patois, d’origine germanique (équivalent du latin vadum, gué); désigne un gué ou un (petit) ruisseau; Lieux dits à St Exupéry, Alleyrat, Ambrugeat, Egletons, Peyrelevade, etc
Jarrige : autre nom du chêne (à rapprocher de garrigue?); lieux-dits à Aix, Alleyrat, Masseret, Soudeilles, etc
Suc (préceltique : hauteur). Suc au may, Puy La Graule, Le puy du Suc (doublon) à St Rémy
Vergne, Vergnols mais aussi Les Vergnes ou Lavergne : du gaulois Vern, l’aulne; lieux-dits à Aix, Eygurande, St Clément, Cornil, Darnets, St Germain les Vergnes, etc
Vayssade, Vaissière, Lavessière .. de Vaissa (occitan) : le noisetier
Mon lieu-dit préféré, apparemment unique : abieuradou ou abiouradou (a bieure veut dire « à boire » en patois) : abreuvoir, lieu dit sur la commune de Courteix
Les monuments aux morts nous racontent une histoire !
À la fin des années 1950, la guerre est encore bien présente dans les mémoires : la fin de la seconde guerre date juste de quelques années ; il ne faut pas oublier que la première guerre, celle de 1914 (qui faisait suite à celle de 1870 .. et était donc plutôt déjà la deuxième) n’est pas si vieille que ça puisqu’elle s’est terminée 35 à 40 ans auparavant. D’ailleurs, nombreuses sont les familles qui ont subi directement les deux conflits, juste espacés d’une génération. C’est le cas dans ma famille où le grand-père paternel a participé à la première guerre laissant sa jeune épouse seule avec ses deux tous petits enfants, et a été blessé et prisonnier en 1917-1918 ; et son propre fils – mon père – est, à son tour, mobilisé en 1939 (après avoir satisfait à ses obligations militaires au début des années 30 …). À cette époque encore, il en reste des traces dans les discussions, on ne parle jamais des Allemands, mais des Boches avec une pointe de mépris. Il faudra de Gaulle pour faire évoluer les choses dans le bon sens et arriver à la création d’un axe Franco-Allemand.
Le plan d’architecte et la réalisation du monument aux morts de la commune d’Aix
Une des faces du monument aux morts de la commune d’Aix
Une trace bien visible de ces conflits subsiste sous forme de monument aux morts, présent dans toutes les communes. Il suffit de regarder les longues liste de noms de soldats morts au combat, surtout durant la première guerre, pour comprendre que ces périodes furent traumatisantes : une hécatombe en 1914–1918, moins de morts durant la seconde guerre mais une autre forme d’oppression, puisque le pays est alors occupé. Cette occupation est sans doute assez discrète dans les campagnes de la Haute-Corrèze qui ne constituent pas un objectif stratégique pour l’occupant Allemand. Néanmoins, tout peut arriver, des actions de représailles sont toujours possibles comme àOradour-sur-Glane ou à Tulle. Le pays vit donc dans l’inquiétude perpétuelle même s’iln’a été que peu affecté dans sa vie et son travail de tous les jours.
Pour en savoir plus :
On peut lire le prix Goncourt 2013, « Au revoir là-haut » de Pierre Lemaître sur le site Babelio